La table de Kim : discussions sur le thème de la créativité

La table de Kim : discussions sur le thème de la créativité

31 janvier 2020

Kim Thúy a l’art de réunir autour d’elle des hommes et des femmes issus de cultures et de milieux différents. Sa table est un lieu chaleureux, prisé et convivial où on partage sourires, fous rires et conversations enrichissantes. ​Cette semaine, elle recevait le biologiste, humoriste, auteur, animateur et chroniqueur Boucar Diouf, l'auteur Luc Dionne, l'auteur-compositeur-interprète Philémon Cimon et la médecin-phychiatre Marie-Ève Cotton. Autour d'un repas traditionnel vietnamien, ils ont longuement discuté du thème de la créativité.


Prenez place à  La table de Kim  le vendredi à 20h ou en rediffusion dimanche 18h ainsi que lundi 23h sur ICI ARTV. 


 

 

ENTENDU CETTE SEMAINE À LA TABLE DE KIM


Comment Luc Dionne fait-il pour ficeler autant d'intrigues de qualité pour District 31?
 

« Fabienne Larouche m’avait dit ça : « Luc, il faut que tu te considères comme un athlète de haut niveau. Il faut que tu t’entraînes pour pouvoir faire ça. » Donc tout y passe. Je fais du tapis le matin, on court, on marche. Je ne pas bois d’alcool pendant que j’écris, moi qui est un grand amateur de la vigne. »
 - Luc Dionne

                                                   

 

 

« C’est un des livres qui a changé, peut-être, ma vie. Je ne sais pas où ma mère a trouvé ce livre, mais elle m’a donné ça et je l’avais lu. C’est une histoire d’amour sur fond de pêche à la morue. Ça a été le livre qui a probablement changé ma destinée parce que par la suite, j’ai toujours été intéressé par le milieu matin, la biologie marine, j’ai fait mon doctorat sur les poissons, j’ai enseigné ça et je suis devenu océanographe. Si j’avais pu rencontrer Pierre Loti, je lui serrerais la main en lui disant merci d’avoir changé ma vie. »
- Boucar Diouf à propos du livre Pêcheur d'Islande de Pierre Loti

 

 

« À travers mes personnages, je peux faire faire n’importe quoi. J’écris des personnages qui sont aux antipodes de ce que je suis. J’écris des personnages que jamais je ne voudrais fréquenter dans ma vie et je m’amuse à les écrire. C’est le fun quand t’écris pour des criminels! Il n’y a comme pas de barrières. Tu peux écrire les pires bassesses. C’est ça le plaisir d’écrire et du laboratoire qu’on a. »
- Luc Dionne

 

 

« L’art permet vraiment d’être libre. Je n’ai pas beaucoup d’expérience de l’art, je n’ai écrit qu’un roman. Dans la vie de tous les jours, je suis médecin-psychiatre, donc c’est deux univers complètement différents. Mais quand je suis médecin,  je suis au service des autres, en abnégation. C’est la souffrance et les besoins des autres qui sont le focus, alors que devant un clavier pour écrire, je peux être vilaine, vulgaire, méchante, égoïste. On peut être tout ce qu’on veut. »
- Marie-Ève Cotton

   

 

« L’art, c’est ça que ça permet : on rentre dans un lieu où tout est possible. C’est sûr qu’après ça, le format dans lequel on fait notre art nous crée des limites lui aussi. Moi, mon format de chanson met une certaine limite parce que traditionnellement, on s’imagine que ce que le chanteur chante, c’est ce qu’il pense pour vrai. Mais on peut prendre plein d’exemples où c’est pas nécessairement le cas. »
- Philémon Cimon

 

 

 

« Dans la nature, il y a une entente tacite entre les insectes pollinisateurs et les plantes. C’est quelque chose de très égal. Le syndicalisme devrait s’inspirer de ça. Le modèle le plus important, c’est le lien qu’entretiennent les plantes à fleurs avec les pollinisateurs : tu seras récompensé à la hauteur du travail que tu vas faire. Il n’y a pas d’arnaque. »
- Boucar Diouf

 

 

 

 

LES OBJETS DE LA SEMAINE :
 

Le traversin de Kim Thúy​

 

« On nait avec des traversins au Vietnam. Je sais pas pourquoi ici, dans la culture occidentale, on ne l’utilise jamais quand on dort. »

-Kim Thúy

 

 

Le téléphone intelligent de Boucar Diouf

 

« J’aurais aimé pouvoir créer à partir de ça. Il y a des gens qui le font. Déjà, j’ai des doigts de bûcheron sénégalais. Juste taper une lettre là-dedans, c’est un calvaire pour moi. La plupart du temps, j’écris un mot et le téléphone le remplace par un autre mot. Je finis par envoyer des horreurs aux gens. »
- Boucar Diouf

 

Marie-Ève Cotton : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline

« Quand je lis des livres, je suis beaucoup dans l’admiration des gens qui écrivent. J’ai beaucoup d’émerveillement quand je lis. J’adore la littérature. Je me dis souvent quand je lis un livre : «Ah, que c’est beau. C’est vrai. C’est exactement ça. » J’aurais aimé avoir cette fluidité-là. Et ce livre est pour moi un sommet d’intelligence. » 
- Marie-Ève Cotton

 

Les compotes de Philémon Cimon

 

« Moi, je ne sais pas si j’ai pas compris les consignes ou si j’ai pas voulu les comprendre, mais j’ai amené des choses que j’ai créées moi-même. C’est de la compote de pommes, avec des pommes que j’ai cueillies par terre, sauvages, sur le terrain de mon arrière-grand-père. »

 Philémon Cimon

 

 

La montre de Luc Dionne 

« Je suis un collectionneur de montres dans la vie. Si j’avais eu à exercer un autre métier que celui que je fais présentement, je serais horloger. Niveau ingénierie, c’est extraordinaire, une montre. Et dans les montres, il y a des complications. Quand tu rajoutes la date, c’est une complication de plus. Il y a des montres qui ont 18-19-20 complications. Ce sont des œuvres d’art en horlogerie. Aussi, parce que ça marque le temps. Le temps qu’on n’a pas, le temps qu’on a perdu, le temps qu’on voudrait avoir, le temps avec les autres, le temps qu’on passe seuls. Je me dis, si ça n’avait jamais été inventé, qu’est-ce que ça aurait changé dans nos vies de ne pas savoir l’heure? »
- Luc Dionne