Cette fille-là
THÉÂTRE
LA LICORNE
« C’est comme si Cette fille-là avait marqué pour moi le début d’une période où tu deviens un individu et tu n’as plus besoin de te définir par rapport à un groupe. »
Émilie Perreault n’est pas une chroniqueuse culturelle ordinaire. En 10 ans de
carrière, c’est le public, non pas les artistes, qui l’a le plus captivée. «Je me suis toujours intéressée à
l’effet qu’une œuvre peut avoir sur la vie de quelqu’un», raconte la journaliste.
Inspirée de son recueil
éponyme Faire œuvre utile, sa série met en lumière le lien puissant évoluant entre un artiste, son œuvre et un individu. Pour
Émilie, l’art va bien au-delà du divertissement et relèverait carrément de la nécessité. Elle nous fait ici part
des œuvres qui lui ont été utiles.
Émilie Perreault n’est pas une chroniqueuse culturelle ordinaire. En 10 ans de carrière, c’est le public,
non pas les artistes, qui l’a le plus captivée. «Je me suis toujours intéressée à l’effet qu’une œuvre peut avoir
sur la vie de quelqu’un», raconte la journaliste.
Inspirée de son recueil éponyme Faire œuvre utile,
sa série met en lumière le lien
puissant évoluant entre un artiste, son œuvre et un individu. Pour Émilie, l’art va bien au-delà du
divertissement et relèverait carrément de la nécessité. Elle nous fait ici part des œuvres qui lui ont été
utiles.
« C’est comme si Cette fille-là avait marqué pour moi le début d’une période où tu deviens un individu et tu n’as plus besoin de te définir par rapport à un groupe. »
« La Licorne est mon lieu culturel préféré. Même si j’ai des réserves sur ce que j’ai vu, je ne vais jamais
regretter d’y être allée, j’ai toujours l’impression d’avoir vécu quelque chose.» La toute première pièce
qu’Émilie est allée y voir, à 17 ans, a été déterminante pour elle. Interprétée par Sophie Cadieux, Cette
fille-là, était inspirée de l’histoire très médiatisée de Reena Virk, une adolescente assassinée par ses
camarades de classe à Victoria, en 1997.
«C’est l’une des premières pièces que j’allais voir seule - non
pas dans le cadre d’une sortie scolaire - et même si je ne vivais pas nécessairement d’intimidation, j’étais
dans cette période de l’adolescence où c’est tellement important d’être "dans la gang". Ça m’a fait réfléchir
sur des gestes que j’aurais pu poser; les guéguerres, le bitchage… C’est comme si Cette fille-là avait
marqué pour moi le début d’une période où tu deviens un individu et tu n’as plus besoin de te définir par
rapport à un groupe. »
« Quand j’entends un medley de Pink, je pleure inévitablement! C’est comme si on m’offrait un condensé de ma vie. »
«C’est important pour moi de nommer Pink dans mes influences, car je ne fais aucune différence entre les œuvres populaires et les autres dites plus recherchées. Ce qui compte, c’est que ça nous ouvre à nos émotions.» La chanteuse américaine a accompagné Émilie dans toutes les étapes de sa vie. «Dans de grosses ruptures amoureuses au début de ma vingtaine, entre autres, car c’est souvent dans ces moments-là qu’on a le plus besoin de la musique. Quand j’entends un medley de Pink, je pleure inévitablement! C’est comme si on m’offrait un condensé de ma vie.»
Quand elle était petite, Émilie aimait beaucoup le groupe 4 Non Blondes, dont la chanteuse, Linda Perry, a écrit plusieurs chansons pour Pink. «C’est peut-être l’écriture de Linda Perry qui pourrait expliquer pourquoi les chansons de Pink me rentrent autant dedans... Quand t’es ado, des paroles comme "Don’t let me get me, I’m my own worst enemy" ça vient te chercher! J’admire l’énergie de Pink et son affirmation d’elle-même, il y a beaucoup d’empowerment dans sa musique.»
« J’étais tétanisée! On m’avait demandé d’aller rencontrer un artiste qui peignait avec des cendres humaines… Je m’attendais à ce qu’il me regarde de haut, mais il a été tellement ouvert dès que je suis arrivée. »
Lors de sa première entrevue avec Marc Séguin, Émilie était loin de se douter que sa rencontre avec l’artiste visuel serait aussi marquante dans sa carrière. «J’étais tétanisée! On m’avait demandé d’aller rencontrer un artiste qui peignait avec des cendres humaines… Je ne le connaissais pas du tout. Je m’attendais à ce qu’il me regarde de haut, mais il a été tellement ouvert dès que je suis arrivée. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous les artistes, ce qui explique pourquoi les gens ont parfois peur d’aller dans les galeries…»
D’une certaine manière, Marc Séguin aurait même été à l’origine du projet de Faire œuvre utile, relate Émilie. «C’est une histoire qu’il m’a racontée en entrevue qui m’a inspirée ; celle de parents qui lui avaient demandé de tatouer le bras meurtri de leur fils atteint du cancer. Finalement, il ne l’a pas fait, mais l’idée était née. Nous nous sommes revus et c’est à ce moment qu’il m’a parlé de l’histoire d’Anik.» Cette histoire, récit bouleversant d’une femme dont le conjoint a été assassiné alors qu’elle était enceinte de 8 mois, fera l’objet d’un des épisodes de la série.
« C’est une musique que mon fils entend depuis qu’il est dans mon ventre et qui a un effet très direct sur lui. La pièce Le Sablier réussit à l’apaiser lors de ces nuits blanches »
C’est l’amoureux d’Émilie qui lui a fait découvrir Alexandra Stréliski et depuis, la pianiste montréalaise occupe une place centrale dans la vie du couple. Émilie raconte avoir écouté son premier album Pianoscope durant toute sa grossesse. «C’est ce qui jouait durant mon accouchement. C’était une journée infernale à l’hôpital et quand l’anesthésiste est arrivé pour me donner l’épidurale, il a soupiré de soulagement parce que ça l’aidait à se calmer!»
Le fils d’Émilie est venu au monde sur fond d’Alexandra Stréliski un 15 janvier, date qui - comble de synchronicité - marque également l’anniversaire de la pianiste. «C’est une musique qu’il entend depuis qu’il est dans mon ventre et qui a un effet très direct sur lui. La pièce Le Sablier réussit à l’apaiser lors de ces nuits blanches où l’on a l’impression d’avoir tout essayé. Aujourd’hui, il se met à protester quand il l’entend parce qu’il sait que ça le fait dormir! Ça a quasiment un effet d’hypnose sur lui.»
« Je me suis sentie complètement interpellée par les paroles, j’avais l’impression que Jean-François Pauzé était assis à côté de moi et qu’il racontait ce que je vivais. »
C’est en auto qu’Émilie a entendu la chanson Octobre des Cowboys Fringants pour la première fois. Revenant tout juste de son congé de maternité, elle se trouvait en pleine période de remises en question. «Je me suis sentie complètement interpellée par les paroles, j’avais l’impression que Jean-François Pauzé était assis à côté de moi et qu’il racontait ce que je vivais. Pendant mon congé de maternité, j’ai beaucoup réfléchi sur ce que je voulais faire à mon retour et c’est à ce moment que j’ai réalisé que c’était le public que je voulais mettre au cœur de mon travail.»
«"Y'a tout le temps quatre ronds d'allumés sur le feu de mes ambitions. À force de me dépasser, je me perds moi-même dans l'horizon"… C’est comme si Jean-François Pauzé avait mis le doigt sur la pression que je me mettais à aller toujours plus loin. Ça décrit tellement bien notre génération aussi, c’est vraiment un auteur-compositeur qui est à l’écoute de son époque.» Pour Émilie, Pauzé ne serait rien de moins que l’un des plus grands paroliers de notre temps.
CRÉDITS - ÉQUIPE
Contenu: Noémie C. Adrien
Design: Étienne Dicaire
Design (photo Émilie Perreault): Sylvain Cossette
Motion design: Jonathan Harnois
Vidéo: Martin Girard
Direction artistique: Marie-Eve Tremblay
Intégration: La Grange
Coordination: Marie-Charles Thibault
CRÉDITS - OEUVRES
LA LICORNE
Photo théâtre: Steve Montpetit
LE SABLIER - Alexandra Stréliski
Musique: Alexandra Stréliski
Secret City Records
OCTOBRE - Les Cowboys Fringants
Paroles: Jean-François Pauzé
Musique: Jean-François Pauzé, Jérôme Dupras, Marie-Annick Lépine
La Tribu