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CRÉATION D’UN WESTERN MODERNE

Voyez la série
les jeudis 21h dès le 4 janvier

ici artv

Et si, pour faire une épicerie digne de ce nom, vous deviez faire deux heures de route? Et si, pour toute urgence médicale, vous aviez à parcourir plus de deux cents kilomètres afin de visiter l’hôpital le plus près? Peut-être souhaiteriez-vous quitter votre petit village et vous rapprocher de la ville. Et si on vous en empêchait?

Quelque part au Québec se trouve un village isolé et pratiquement autarcique sur lequel règne une matriarche autoritaire: Fatale-Station. Héritière de la fortune de son père, veuve et mère de deux jeunes hommes qui l’appellent Daddy, Jean O’Gallagher dirige ce petit hameau d’une main de fer. Elle veille au fonctionnement de celui-ci, à n’importe quel prix. L’arrivée d’une étrangère viendra briser ce précieux et essentiel équilibre.

Après avoir scruté les aléas de la vie des trentenaires dans La Vie, la vie et le quotidien comique de trois meilleurs amis dans Tout sur moi, l’auteur Stéphane Bourguignon est de retour à la télévision avec une série étonnante nommée Fatale-Station.

Défricher de nouveaux territoires

En 2007, Stéphane Bourguignon publie Sonde ton coeur, Laurie Rivers, un roman prenant place dans un village isolé du Mid-West américain et mettant en scène une jeune enseignante en apparence sans histoire. «Mon dernier roman m’a laissé une forte impression de ce milieu renfermé, où les mentalités et les vies sont mises à l’épreuve par le climat, l’isolement et le manque d’ouverture sur le monde», explique l’auteur.

Pour sa nouvelle télésérie, il avoue avoir eu envie de faire vivre à ses personnages des émotions qu’il n’avait jamais explorées avant. «Je souhaitais quelque chose de plus cru, de plus rude, quelque chose de raw, et des choses plus fondamentales comme la vengeance, la survie, protéger sa vie et sa maison.»

Bourguignon croit que chaque nouveau projet lui permet d’aller travailler dans des zones où il n’a jamais mis les pieds avant. «L’écriture, c’est comme un voyage. En fait, c’est comme un roadtrip! Tu pars dans une direction, tu ne sais pas exactement où tu vas arriver ni dans combien de temps. Et tu ne sais surtout pas ce que tu vas vivre pendant le voyage. Pour moi, c’est ça le plus important dans l’écriture, c’est ce que je vis pendant cette aventure, ce que je découvre au fil de la rédaction des différents épisodes.»

Comme dans tout bon roadtrip qui se respecte, l’auteur n’élabore pas de plan détaillé, il réfléchit beaucoup et prend des notes en amont. «Je fais confiance à mon inconscient pour mettre de l’ordre dans tout ça. Quand je commence l’écriture, je me fie à mon instinct et généralement, ça me sert. Ça fait des choses qui ne sont pas straight, qui ne suivent pas nécessairement les théories de scénarisation.» Certains écrivains ont des techniques pour stimuler leur création, Stéphane va quant à lui droit au but : «Je m’assois à mon bureau et j’espère que ça marche. Si ça ne fonctionne pas, je tourne en rond dans la maison, à 50 pieds du bureau, prêt à y retourner rapidement quand ça va marcher!» En 2013, il boucle sa ceinture et commence à rédiger pendant deux ans ce qui deviendra Fatale-Station.

Stéphane Bourguignon admet toujours travailler le même thème dans ses oeuvres : l’appropriation de la liberté individuelle. «Comment être complètement soi-même? Quitte à faire fuir les gens, les blesser et se retrouver seul, dans le but d’être plus heureux.» Ce concept est cependant poussé à l’extrême dans cette nouvelle série avec l’arrivée d’une étrangère, Sarah Dembski, dans le village de Fatale-Station. En révélant sa réelle identité, celle-ci retrouvera peut-être une certaine liberté, mais déclenchera par le fait même un maelström de problèmes.


Comme dans tout bon roadtrip qui se respecte, l’auteur n’élabore pas de plan détaillé, il réfléchit beaucoup et prend des notes en amont. «Je fais confiance à mon inconscient pour mettre de l’ordre dans tout ça. Quand je commence l’écriture, je me fie à mon instinct et généralement, ça me sert. Ça fait des choses qui ne sont pas straight, qui ne suivent pas nécessairement les théories de scénarisation.» Certains écrivains ont des techniques pour stimuler leur création, Stéphane va quant à lui droit au but : «Je m’assois à mon bureau et j’espère que ça marche. Si ça ne fonctionne pas, je tourne en rond dans la maison, à 50 pieds du bureau, prêt à y retourner rapidement quand ça va marcher!» En 2013, il boucle sa ceinture et commence à rédiger pendant deux ans ce qui deviendra Fatale-Station.

Stéphane Bourguignon admet toujours travailler le même thème dans ses oeuvres : l’appropriation de la liberté individuelle. «Comment être complètement soi-même? Quitte à faire fuir les gens, les blesser et se retrouver seul, dans le but d’être plus heureux.» Ce concept est cependant poussé à l’extrême dans cette nouvelle série avec l’arrivée d’une étrangère, Sarah Dembski, dans le village de Fatale-Station. En révélant sa réelle identité, celle-ci retrouvera peut-être une certaine liberté, mais déclenchera par le fait même un maelström de problèmes.

Sarah, l'étrangère

Ce n’est pas un hasard si Sarah, interprétée par Macha Limonchik, vient s’installer dans ce tranquille village du bout du monde. Elle est traquée par un homme qui lui veut du mal. Du premier au dernier épisode, c’est un personnage duquel on apprendra peu de choses. «C’est une étrangère dans la ville et pour moi aussi», avoue l’auteur. «Je sais juste qu’elle est rendue à un point où, comme elle le dit, personne ne va décider pour elle, même si elle doit coucher tous les soirs avec un gun près de son oreiller.»

Pour Macha Limonchik, ce personnage est aussi énigmatique. «Il y a eu un événement qui a été marquant dans sa vie (que moi je sais et que les téléspectateurs vont comprendre plus tard), mais je n’en sais pas plus sur elle. À mon sens, sa vie débute quand la série commence.» Si on ne connaît pratiquement rien du personnage, on comprend rapidement qu’elle est en détresse. «C’est quelqu’un qui est en panique, mais qui a des ressources étonnantes. Surtout par rapport aux miennes, ricane la comédienne. Je ne sais pas si je pourrais avoir cette force!» Elle décrit Sarah comme une femme en danger qui est prête à tout pour sauver sa peau. «C’est aux téléspectateurs de déterminer d’épisode en épisode s’il s’agit d’une bonne personne, capable ou non d’entretenir et développer des amitiés et de montrer de la compassion.»

Quand on demande à l’auteur ce qu’il a pensé de l’interprétation de Macha Limonchik dans le rôle de Sarah, ce dernier avoue en souriant avoir un très gros biais [les deux forment un couple dans la vie]. «J’avais envie de la voir dans des zones d’actrice où je ne l’avais jamais vue. J’ai fait exprès pour que son personnage ne sourit pas beaucoup, parce que dans La vie, La vie et dans Tout sur moi, on la voyait très souvent souriante.» Le personnage de Sarah Dembski étant très complexe, l’actrice qui allait se glisser dans sa peau devait être à la hauteur. «C’était beaucoup un travail de regards et de tension. On était vraiment dans du micro regard, de la micro révélation», confie Limonchik.

«Ce n’était pas évident à faire, renchérit Bourguignon. Ce n’est pas toujours clair quand elle ment et quand elle dit la vérité. Je voulais qu’on se questionne face à ça.» Comme Macha Limonchik est capable de transmettre aisément plusieurs émotions en même temps, elle représentait le casting idéal selon l’auteur.

Quand on demande à l’auteur ce qu’il a pensé de l’interprétation de Macha Limonchik dans le rôle de Sarah, ce dernier avoue en souriant avoir un très gros biais [les deux forment un couple dans la vie]. «J’avais envie de la voir dans des zones d’actrice où je ne l’avais jamais vue. J’ai fait exprès pour que son personnage ne sourit pas beaucoup, parce que dans La vie, La vie et dans Tout sur moi, on la voyait très souvent souriante.» Le personnage de Sarah Dembski étant très complexe, l’actrice qui allait se glisser dans sa peau devait être à la hauteur. «C’était beaucoup un travail de regards et de tension. On était vraiment dans du micro regard, de la micro révélation», confie Limonchik.

«Ce n’était pas évident à faire, renchérit Bourguignon. Ce n’est pas toujours clair quand elle ment et quand elle dit la vérité. Je voulais qu’on se questionne face à ça.» Comme Macha Limonchik est capable de transmettre aisément plusieurs émotions en même temps, elle représentait le casting idéal selon l’auteur.

Eddy, le sacrifié

Le premier villageois que croise Sarah lors de son arrivée à Fatale-Station est Eddy, le gérant du resto-bar chinois Beijing, campé par Claude Legault. Un homme charmeur au sens de la répartie bien aiguisé. Pour Stéphane Bourguignon, Eddy est un homme sacrifié. «Il a sacrifié l’amour de sa vie parce qu’elle était mariée avec son meilleur ami, et il a sacrifié son meilleur ami parce qu’il s’en allait tuer l’amour de sa vie…» On peut présumer que ce barman n’a pas eu de vie depuis cet événement fondateur, qu’il n’a pas bougé depuis cette tragique nuit. «Il vit avec les remords et sa dette envers O’Gallagher.»

L'interprète de ce personnage énigmatique renchérit : «C’est quelqu’un qui ne vit pas la vie qu’il veut vivre. Il traîne une remorque de culpabilité et de choses très lourdes.» Si certains villageois l’aiment, d’autres le détestent et le craignent même. «J’aime bien faire le parallèle entre Eddy et un ours qui dort l’hiver. Va pas l'écoeurer!», ajoute Legault en riant. «Comme l’ours, il ne cherche pas le trouble, mais si tu t’en prends à lui ou ses petits, tu vas avoir des christie de problèmes!»

Ainsi, bien qu’il semble avoir du plaisir derrière son bar, il reste un homme au potentiel de violence assez impressionnant, «une grenade dont la goupille est un peu lousse.» Eddy pourrait aussi rappeler l’ours en cage. «Il n’est pas à sa place, mais tient sa place. Tu sens que ça ne prendra pas grand-chose pour qu’il brise ses chaînes et s’échappe de là.» L’arrivée de Sarah à Fatale-Station est probablement une des clés qui ouvrira sa geôle...

Stéphane Bourguignon ne s’en cache pas : Claude Legault était le seul acteur qui, à son avis, pouvait interpréter Eddy. «Claude est un acteur viril, comme on en a peu au Québec. Je le trouve très beau. Surtout en vieillissant, il a un beau oumph!» En écrivant la série, il s’imaginait une force de caractère derrière le comptoir du Beijing. «Une force un peu sale, un peu brute, mais qui dégage en faisant très peu de choses.» On ne peut le contredire, l’acteur passe comme une tonne de briques à l’écran.

Stéphane Bourguignon ne s’en cache pas : Claude Legault était le seul acteur, qui à son avis, pouvait interpréter Eddy. «Claude est un acteur viril, comme on en a peu au Québec. Je le trouve très beau. Surtout en vieillissant, il a un beau oumph!» En écrivant la série, il s’imaginait une force de caractère derrière le comptoir du Beijing. «Une force un peu sale, un peu brute, mais qui dégage en faisant très peu de choses.» On ne peut le contredire, l’acteur passe comme une tonne de briques à l’écran.

Jean, la sérif

On ne peut parler du village de Fatale-Station sans présenter Jean O’Gallagher, brillamment interprétée par Micheline Lanctôt. «Elle est comme la maman, la police, et en même temps le patron, le geôlier. Elle est tout ça en même temps! Le village lui appartient presque entièrement», explique Stéphane Bourguignon. En plus de créer de l’emploi, elle contrôle le prix des aliments afin d’être certaine que tous ses concitoyens puissent s’en procurer et manger à leur faim. «Elle s’arrange pour que tout le monde ne manque de rien et puisse vivre dans ce village-là.

Mais l’effet pervers de ça, c’est qu’elle contrôle vraiment tout; elle contrôle aussi les vies. Elle veut le bien du monde, mais à n’importe quel prix!» Comme c’est elle qui détermine ce qui est bon pour le patelin, elle prive la population d’une véritable liberté. Selon Micheline Lanctôt, «Fatale-Station est sous la férule de O’Gallagher et elle ne laissera personne se mettre en travers de son chemin. C’est une bonne méchante ou une méchante bonne. Moi, c’est comme ça que je l’ai abordée.»

Pour sa part, Bourguignon croit que le personnage de O’Gallagher est profondément bon. «Je crois qu’elle est très bonne et pas très méchante. Mais elle veut tellement le bien et s’en fait une conception tellement restrictive, qu’elle en devient méchante.» Il est capital pour elle que les gens ne quittent pas le village, car sans eux, ce dernier s’éteindrait. «Elle contrôle qui arrive et voudrait bien contrôler qui part. Elle a hérité de la responsabilité de faire survivre Fatale-Station», complète l’auteur.

La comédienne considère son personnage comme une utopiste avec des positions extrêmement radicales. Cette dernière ne recule devant rien pour que les villageois soient heureux, pas même le meurtre… Une scène très difficile à tourner pour Micheline Lanctôt, alors que celle-ci «débranche» le mari comateux d’une citoyenne. «C’est une scène charnière pour le personnage parce qu’elle fait quelque chose de terrible, mais elle le fait pour que la veuve soit libérée et n’ait pas à s’expatrier.

Il fallait viser juste. J’ai fait un petit détail en sortant de la scène : j’ai ajusté ma cravate, comme le font les hommes d’affaires après une réunion.» Un petit geste anodin montrant en un instant toute la complexité de cette femme parée d’un bolo-tie et coiffée d’un bandeau à la Simone de Beauvoir. «Elle manipule tout le monde! Et finalement, elle sera elle-même victime de ses propres manigances. Elle a une dimension tragique assez belle», ajoute Lanctôt.

Pour sa part, Bourguignon croit que le personnage de O’Gallagher est profondément bon. «Je crois qu’elle est très bonne et pas très méchante. Mais elle veut tellement le bien et s’en fait une conception tellement restrictive, qu’elle en devient méchante.» Il est capital pour elle que les gens ne quittent pas le village, car sans eux, ce dernier s’éteindrait. «Elle contrôle qui arrive et voudrait bien contrôler qui part. Elle a hérité de la responsabilité de faire survivre Fatale-Station», complète l’auteur.

La comédienne considère son personnage comme une utopiste avec des positions extrêmement radicales. Cette dernière ne recule devant rien pour que les villageois soient heureux, pas même le meurtre… Une scène extrêmement difficile à tourner pour Micheline Lanctôt, alors que celle-ci «débranche» le mari comateux d’une citoyenne. «C’est une scène charnière pour le personnage parce qu’elle fait quelque chose de terrible, mais elle le fait pour que la veuve soit libérée et n’ait pas à s’expatrier.

Il fallait viser juste. J’ai fait un petit détail en sortant de la scène : j’ai ajusté ma cravate, comme le font les hommes d’affaires après une réunion.» Un petit geste anodin montrant en un instant toute la complexité de cette femme parée d’un bolo-tie et coiffée d’un bandeau à la Simone de Beauvoir. «Elle manipule tout le monde! Et finalement, elle sera elle-même victime de ses propres manigances. Elle a une dimension tragique assez belle», ajoute Lanctôt.

Initialement, le rôle de O’Gallagher devait être tenu par un homme. L’acteur qu’avait en tête Stéphane Bourguignon lors de l’écriture n’étant pas libre pour le tournage, il a suivi une de ses premières intuitions et a féminisé le personnage à la grande surprise de l’équipe de production. «En faisant ce changement-là, je me suis rendu compte que ça améliorait plein d’affaires, que ça complexifiait plein de choses. C’était plus chien qu’une femme ne veuille pas aider Sarah. C’était plus le fun qu’Eddy ait une dette envers une femme qu’envers un homme. Ça enrichissait leur rapport, je trouvais ça intéressant qu’il se fasse miner par une femme.

Au final, j’aimais l’idée que ce soit une femme qui dirige tout ce village-là.» Quant au jeu de l’interprète, Bourguignon est catégorique : c’était parfait. «Son visage! C’est tellement le parfait visage. C’est une très belle femme, avec des traits qui peuvent être très, très durs. Je trouve que c’est la dualité de O’Gallagher et ça enrichit beaucoup le personnage.»
En plus de ces trois figures de proue, les téléspectateurs qui s’aventureront à Fatale-Station feront la rencontre d’une impressionnante galerie de citoyens. Il y a le maire sortant, François Lemieux, qui verra sa vie de couple bouleversée avec l’arrivée de Sarah; Jean-Pierre Langevin, candidat à la mairie pour une deuxième fois, qui souhaite se soustraire à l'influence de O'Gallagher; Alexandre, un boucher éperdument épris de la protégée d’Eddy, Ina, qui ne croit pas en l’amour; ou encore Carolane, recluse dans son salon de coiffure suite aux délits commis par son mari, qui retrouvera un peu de liberté grâce à Corbeau, le fils de O’Gallagher, un blanc militant avec les Atikamekw.

Afin de bien démontrer l’ampleur du pouvoir de O’Gallagher, mais aussi l’impact de l’arrivée d’une étrangère sur tous les habitants du village, l’auteur devait imaginer une variété de personnages secondaires. «C’est un peu un opéra d’une certaine manière. Il fallait qu’il y ait une pluralité de quotidiens, mais aussi de thèmes.» Sans l’arrivée de Sarah, personne n’aurait connu le mystérieux village de Fatale-Station et les secrets de ses habitants!

Renouveler le genre

Catégoriser une série comme Fatale-Station n’est pas chose facile. «C’est construit quasiment comme les chroniques d’un village, mais avec du thriller et des guns», tente de résumer l’auteur. Quelque temps après avoir entamé l’écriture de sa nouvelle série en 2013, Stéphane Bourguignon fait un constat étonnant : «Heille, y’a un train, y’a un village isolé, une église abandonnée...»; il était en train d’écrire un western. Sarah, le personnage central de la série, est un véritable archétype des histoires westerns. «Elle arrive de nulle part, d’on ne sait où, on ignore si elle a des enfants. Et elle repartira une fois sa quête complétée.» En réalisant ce qu’il était en train d’établir, il a accepté de voyager sur cette piste inusitée et s’est amusé avec les codes du genre.

Pas question cependant de tourner la série comme un bon vieux film western! En accord avec le réalisateur Raphaël Ouellet, les deux hommes ont choisi d’utiliser certains éléments qui rappellent l’ambiance des épopées de cowboys d’autrefois, comme les fusils, la corde du pendu, la gare, etc. C’est ainsi que prenait forme le village de Fatale-Station, réellement tourné dans le Vieux-Boucherville, un monde vivant en vase clos, coupé du restant de la civilisation, avec ses propres codes et sa propre justice. Claude Legault, fan de longue date des westerns spaghetti de Leone, aime les côtés «ranch et outlaw» de ce genre. «Dans un village comme celui-là, ce n’est pas la police qui fait la loi, parce qu’elle n’est pas là! C’est la loi du plus fort.» À son avis, Fatale-Station est un village qui pourrait à la fois être et ne pourrait pas exister. «Y’a une violence sourde qui y dort… C’est un village qu'il ne fallait pas réveiller!»

D'autres personnages appartenant au code du western viennent ajouter un parfum mystique au récit : les Autochtones. Bien que l’auteur avait déjà imaginé leur présence avant de constater qu’il écrivait un western nouveau genre, il n’est pas anodin de les retrouver aux abords de Fatale-Station. «Au Québec, lorsqu’on s’éloigne de la ville, il n’est pas rare qu’on ait à vivre avec les Autochtones», explique Bourguignon. L’équipe de production comparait les Atikamekw au choeur dans le théâtre grec.

Originalement, ces rôles servaient à dire aux spectateurs ce qu’ils devaient penser et comprendre à propos d’une situation précise. Dans Fatale-Station, ils sont plutôt «un miroir de l’état intérieur de Sarah et représentent sa quête de libération et de liberté», précise l’auteur. En plus d’alimenter la tension, le barrage qu’ils érigent reflète la vie arrêtée de Sarah. «Tout ça d’une façon très libre et pas appuyée. Je ne voulais pas que ce soit nécessairement remarqué», d’ajouter Stéphane Bourguignon.

C’est un western donc, mais un western définitivement moderne, poétique... «et féministe!» précise l’auteur. «Ce sont des destins de femmes qui doivent se libérer d’un homme qui est volontairement ou involontairement oppresseur et qui les abuse physiquement ou psychologiquement. Et ce faisant, elles sont obligées de bouleverser les gens qui les entourent.»

Les interprètes de Jean O’Gallagher et Sarah Dembski abondent dans le même sens. «Ce sont des femmes qui sont en danger et qui le sont à cause des hommes», précise Macha. Selon elle, les héroïnes de la série s’en sortent grâce à leurs ressources, leur intelligence, mais aussi leurs faiblesses. À son avis, toutes les femmes possèdent une certaine violence, qu’elles utilisent pour se débattre et pour combattre. «J’imagine qu’on en a toutes une en nous, mais elle est moins visible que chez les hommes.»

Pour sa part, Micheline Lanctôt croit que les personnages féminins de la série sont très forts. «Ce sont des femmes maganées, mais fortes. Elles ne sont pas passives.»

Si l’écriture est un voyage pour Stéphane Bourguignon, le visionnement de Fatale-Station représente une épopée dépaysante pour ceux et celles qui la regardent. Si la série ne fait pas de concession pour le téléspectateur en ne dénouant pas d’un trait toutes les ficelles de l’intrigue, le jeu en vaut la chandelle. L’auteur souhaite que le public embarque dans son univers et lui fasse confiance. «Soyez patients! Vous allez voir, vous allez découvrir du monde que vous ne connaissez pas, qui feront des choses un peu weird, mais qui sont des beaux êtres humains. Si vous êtes disponible, vous allez faire un beau voyage!» Alors, «en voiture!» comme le dirait le chef de locomotive dans les bons vieux westerns!

Les jeudis 21h dès le 4 janvier

ici artv

Contenu: Alex Beausoleil
Photo-reportage: Jean-François Lemire (Shoot Studio)
Design: Étienne Dicaire
Direction artistique: Marie-Ève Tremblay
Intégration: La Grange
Coordination: Sylvie Groleau