Une affaire de famille
Nous connaissons la suite de l’histoire: de l’étudiante incertaine de son parcours, France Beaudoin est devenue l’une des plus grandes animatrices culturelles du Québec. Si son amour de l’art l’a menée loin professionnellement, il occupe une place tout aussi déterminante dans la famille qu’elle s’est bâtie. «L’art est très présent chez nous, souligne-t-elle. Je possède plein d’instruments – dont je ne joue pas – au cas où il y aurait un jam! Je me suis acheté un piano à 25 ans; quand j’ai eu 30 ans, tous mes amis m’ont offert une guitare; on a des trompettes, des percussions de toutes sortes…»
A-t-elle transmis cette vive passion pour l’art à ses deux enfants? «Des fois, je me demande si je ne leur ai pas poussé ça par intraveineuse!, plaisante-t-elle. C’est sûr que leur père [l’acteur Vincent Graton] a un rôle à jouer là-dedans aussi, les enfants lui font répéter ses textes depuis toujours. Ils ont vraiment été élevés sur les plateaux. Quand j’ai commencé Bons baisers de France, mon fils avait 4 mois, donc mon chum venait quotidiennement pour que je puisse l’allaiter dans la loge.»
Pour France, l’art a également été une manière de donner à ses enfants des outils pour communiquer, pour extérioriser leurs émotions. «C’était important pour moi qu’ils choisissent de pratiquer quelque chose qui les intéressait. Pas forcément qu’ils continuent, précise-t-elle, mais au moins qu’ils essaient. Ma fille joue du piano et fait du cheer. Mon fils dessine et fait de la danse jazz et contemporaine, il s’en va d’ailleurs dans cette concentration au secondaire.»
Naviguant présentement dans les années charnières du passage de l’enfance à l’adolescence – ses enfants vont bientôt avoir 15 et 13 ans –, comment France vit-elle la maternité aujourd’hui? «J’ai adoré tous les âges, mais j’aime beaucoup la période actuelle. C’est le temps des discussions, se réjouit-elle. Avant, je les voyais développer leur personnalité et maintenant, c’est leur pensée critique qui s’installe. Ils définissent leur identité, les valeurs auxquelles ils tiennent, leurs influences, leur jugement. Je trouve ça fascinant. On parle pendant des heures, souvent le soir avant d’aller se coucher. On a vraiment une grande connexion, c’est l’une des plus belles choses de ma vie.»