3 livres à lire pour mieux connaître Gabrielle Roy
Catherine Dulude
14 décembre 2021
Gabrielle Roy écrit son autobiographie qui sera publiée de manière posthume, La détresse et l’enchantement. Elle y raconte son parcours d’écrivaine. Compte tenu du contexte dans lequel elle a été éduquée, il peut être surprenant qu’elle ait choisi d’écrire en français. En effet, dès 1916 au Manitoba, il devient illégal d’enseigner en français à cause de la loi Thornton, qui perdure jusqu’en 1970. À l’Académie Saint-Joseph, où Gabrielle a suivi ses études, la langue d’enseignement est donc l’anglais. Ses premières découvertes littéraires sont anglophones, d’autant plus qu’il aurait été surprenant que les sœurs soient favorables à l’enseignement des propos des écrivains du siècle des Lumières.
C’est Shakespeare que je rencontrai tout d’abord. Il rebutait profondément mes compagnes de classe et n’emballait guère non plus, je pense bien, notre maîtresse de littérature. (Extrait de La détresse et l’enchantement, p. 72)
Gabrielle relate ensuite la visite d’un inspecteur du ministère de l’Éducation qui venait faire des inspections surprises pour s’assurer que l’enseignement se faisait bel et bien en anglais. Ces inspections ont marqué l’imaginaire de nombreuses générations d’élèves qui devaient cacher leurs cahiers et livres en français à l’arrivée du représentant du gouvernement.
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Dans le conteLa route d’Altamont, qu’on retrouve dans le recueil du même titre, la narratrice et sa mère, Christine et Éveline, visitent l’ouest du Manitoba, où la famille d’Éveline s’est établie en arrivant dans la province. Le sujet abordé est le voyage, la quête de découverte, qui régit la vie de Gabrielle Roy.
C’est une curieuse chose, essaya-t-elle de me faire entendre; on doit tenir ça de famille. Au fond, je me demande s’il y eût jamais gens aussi naturellement voyageurs que nous tous. Et elle me promettait que je connaîtrais moi aussi plus tard ce que c’est que de partir, de chercher à la vie sans trêve un recommencement possible — que peut-être même je pourrais en devenir lasse. (Extrait de La route d’Altamont, p. 100)
Même si Gabrielle Roy quitte le Manitoba jeune adulte, il continue d’occuper une place importante dans ses écrits, mais aussi dans les endroits qu’elle visite et où elle trouve du réconfort. L’écrivaine se sent bien dans des endroits paisibles, en nature, où le ciel est grand, un peu comme dans la Prairie.
Rue Deschambault, du nom de la rue de Saint-Boniface où se trouve toujours aujourd’hui la Maison Gabrielle-Roy devenue un musée, raconte l’enfance de Gabrielle Roy. Elle y relate des anecdotes familiales, sa santé précaire, ses liens avec ses sœurs, sa relation privilégiée avec sa mère. Mais elle évoque aussi le fait que son éternelle quête d’émancipation de sa famille et de ses racines pour poursuivre sa carrière d’écrivaine s’est fondée dès l’enfance.
Moi, j’ai tout de suite compris ce qu’elle voulait dire : quand on quitte les siens, c’est alors qu’on les trouve pour vrai, et on est tout content, on leur veut du bien; on veut aussi s’améliorer soi-même. (Extrait de Rue Deschambault, p. 118)
Ne manquez pas la diffusion de la saison 2 de la série Le monde de Gabrielle Roy sur ICI Télé, à partir du 2 avril à 20 h. La série est aussi offerte sur ICI TOU.TV EXTRA.
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