Les quatre filles du docteur March, un classique féministe indémodable

20 décembre 2018

Annes Elwy, Maya Hawke, Kathryn Newton et Willa Fitzgerald dans Les quatre filles du docteur March (Playground, 2017)

Avec son roman emblématique Les quatre filles du Docteur March, l’auteure américaine Louisa May Alcott pourrait bien avoir créé les premiers modèles féministes des jeunes filles du XIXe siècle. À l’époque, on donnait rarement des personnalités aussi fortes à des femmes en littérature, et ces héroïnes éveillées, dégourdies et indépendantes ont ouvert le bal pour beaucoup de leurs héritières.

Au micro de l'émission Dessine-moi un dimanche, l’historienne Evelyne Ferron explique pourquoi l’œuvre a été aussi marquante : « Oui, il est question du quotidien de filles qui restent à la maison pendant que leur père est parti à la guerre de Sécession, mais ce n’est pas un roman à l’eau de rose. On voit chacune des femmes avec son esprit indépendant, avec son individualité propre. »

Si l’on a été charmé par Meg, la raisonnable, Beth, la fragile et Amy, l’artiste, c’est surtout le personnage de Jo March qui a marqué les esprits. Elle aurait même été l’une des plus grandes influences de Simone de Beauvoir.

 Maya Hawke dans le rôle de Jo March

« Je m’identifiai passionnément à Jo, l’intellectuelle. Brusque, anguleuse, Jo se perchait pour lire, au faîte des arbres; elle était bien plus garçonnière et plus hardie que moi; mais je partageais son horreur de la couture et du ménage, son amour des livres. Je me crus autorisée moi aussi à considérer mon goût pour les livres, mes succès scolaires, comme le gage d’une valeur que confirmerait mon avenir. » -Simone de Beauvoir,dansMémoires d’une jeune fille rangée

Pleine de vie et ambitieuse – elle rêve d’une carrière d’écrivaine –, Jo est on ne peut plus à l’opposé de ce qui caractérise le modèle féminin, tout en douceur et en retenue, de l’époque. « À travers elle, beaucoup de femmes ont vu qu’il était possible de se dégager de l’image de la jeune fille de bonne famille et de vivre avec passion de leurs rêves. Jo March est en quelque sorte devenue le porte-étendard de cette idée-là », poursuit Evelyne Ferron.

Depuis sa parution, en 1868, Les quatre filles du docteur March a été traduit dans plus de 50 langues et adapté une quinzaine de fois au cinéma, à la télévision, en dessin animé, sur scène et, plus récemment, sur le web. Retrouvez Jo, Meg, Beth et Amy les vendredis à 22h, du 21 décembre au 4 janvier,dans une réconfortante télésérie de trois épisodes diffusée en primeur sur les ondes d’ICI ARTV.