André Montpetit : maestro méconnu du neuvième art

André Montpetit : maestro méconnu du neuvième art

5 mai 2019

Bien qu’André Montpetit ait été l’un des illustrateurs québécois les plus prolifiques des années 1960-1970, peu de gens savent aujourd’hui qui était cet artiste dont le surnom était Arthur – en l’honneur de la chanson Arthur, où t'as mis le corps?, de Boris Vian – en raison de son retrait volontaire de la société au moment même où il commençait à être connu.

 

André Montpetit est né à Montréal en 1943. Dessinateur exceptionnel à l’imagination foisonnante, il faisait montre d’un génie créatif manifeste qui l’a amené à fréquenter l'École des beaux-arts de Montréal au début des années 1960. Un passage qui sera toutefois bref, sa nature marginale l’incitant à quitter l’institution peu de temps après son arrivée.

Arthur s’est ensuite joint à l'Atelier libre de recherches graphiques, où il a côtoyé plusieurs monuments de l’image tels Norman McLaren, Marcelle Ferron et Pierre Hébert. À l’époque, il a produit nombre d’affiches et de sérigraphies marquées par cet humour satirique et ce ton irrévérencieux qui sont devenus sa signature. Il a également coréalisé deux installations à l’occasion de l'Exposition universelle de Montréal de 1967.

NADA (1971) + 25 WATT (1975)

 

À la fin des années 1960, en pleine Révolution tranquille, André Montpetit a fondé le collectif Chiendent – soit le tout premier groupe de bédéistes créé au Québec – avec les dessinateurs Michel Fortier et Marc-Antoine Nadeau ainsi que le poète Claude Haeffely. Les nombreuses bandes dessinées, illustrations et couvertures de magazines qu’il a produites par la suite ont suscité de plus en plus d’attention.

FAUSSE AFFICHE (1976) + VIVE DIEU! (1967)

 

Arthur, qui redoutait le succès plus que tout, a commencé à s’isoler du monde artistique au cours des années 1970. Il a collaboré sporadiquement avec quelques organisations – comme l'Office national du film du Canada (ONF) et le ministère des Affaires culturelles du Québec – jusqu’au début des années 1990, puis il s’est complètement retiré de la sphère publique pendant une vingtaine d’années.

 

LE TÉMOIN (1975) + HUIT JOURS PLUS TARD (1971)

 

Fasciné par le personnage d’André Montpetit depuis son tout jeune âge, le réalisateur Saël Lacroix l’a retrouvé en 2012, quelques semaines avant sa mort. Fidèle à lui-même, Arthur a refusé d’être enregistré, mais la série d’entretiens entre les deux hommes a été assez riche pour inspirer Sur les traces d'Arthur, un documentaire réhabilitant l’œuvre et l’histoire de cet artiste aussi doué que tourmenté. À voir sur ICI ARTV le lundi 20 mai à 20h30.

 

Jusqu’au au 9 juin, la maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce présentera  Portrait d'un oublié de la nuit, une rétrospective des œuvres les plus marquantes d’Arthur gardées dans l’ombre depuis plus de 40 ans.