Artiste à découvrir: Delphine Meier, illustratrice

Artiste à découvrir: Delphine Meier, illustratrice

En entrevue, découvrez l’illustratrice d’origine suisse romande Delphine Meier.


 

Racontez-moi un souvenir de jeunesse qui a pu avoir une influence sur votre choix de devenir illustratrice.

Lorsque mes parents ont compris mon intérêt pour le dessin, ils m’ont inscrit dans une école Rudolf Steiner. J’y ai passé toute ma scolarité jusqu’à mes 18 ans. Ce choix a été très judicieux de leur part car j’ai pu découvrir différentes formes d’art: la musique, la bijouterie, la forge, le chant, la peinture et j’en passe. Toutes ces découvertes m’ont permis d’affirmer mon intérêt pour les arts visuels et je leur en suis reconnaissante.

 

En quelques mots, décrivez-moi votre style artistique.
Une combinaison de formes géométriques simples, modelées et sculptées pour obtenir une illustration graphique et colorée.

 

 

À votre arrivée au Québec, des poupées russes vous ont aidé à promouvoir votre talent. Parlez-moi de cette idée originale.

C’est drôle, car je n’ai pas du tout de sang russe, ou en tout cas pas à ma connaissance. Ce thème m’est venu lors de mon premier hiver à Montréal. Je me voyais assez bien comme une petite poupée russe emmitouflée sous une multitude de couches de chandails et de vestes. Même si l’idée de la pelure d’oignon ne s’avère pas être la meilleure pour combattre le froid montréalais! J’ai alors décidé d’envoyer ces poupées russes aux agences de graphisme pour me présenter. J’avais imprimé une petite phrase explicative sur la carte qui disait: «Je travaille aujourd’hui à Montréal en tant que pigiste. Voici ma dernière création; un clin d’oeil à mon premier hiver montréalais :) »

 

Est-ce que Montréal est une ville où il fait bon créer?

Je peux dire aujourd’hui que je considère Montréal comme étant ma ville de cœur. J’aime particulièrement sa belle qualité de vie. Je ne me sens pas stressée dans mon quotidien et cela joue beaucoup sur ma créativité. J’ai aussi le sentiment que tout y est possible. Toutes ces marques «fait à Montréal» dont regorge les commerces m’inspirent vraiment et donne envie de réaliser ses rêves. Les Montréalais ont une attitude très positive envers le travail. Lorsque j’ai un retour d’un client sur un projet, il parle généralement en premier des côtés positifs du travail, puis en second aborde les changements à faire, mais sans jamais dénigrer le travail déjà accompli. C’est un ensemble d’éléments qui fait que je me sens bien dans cette ville. Je pense que je n’ai jamais été aussi créative depuis que j’habite à Montréal.

 

 

En collaboration avec la boîte de design Caserne, vous avez mérité un prix d’excellence Grafika les couvertures du magazine MTL1642. Parlez-moi de ce projet.

J’ai été très heureuse lorsque l’agence Caserne a pris contact avec moi pour créer ces trois couvertures. L’idée globale était de créer un zoom en trois temps, qui se rapprochait des personnages de magazine en magazine. Tout d’abord, une vue globale de plusieurs scénettes avec personnages. Ensuite un plan sur une famille et pour terminer, un gros plan sur le visage d’une femme. J’ai eu beaucoup de plaisir à collaborer avec l’agence. Ce sont des graphistes de talents et les clientes du magazine se sont montrées exceptionnelles aussi. C’est pas tous les jours qu’on a la chance de travailler dans de si bonnes conditions. Donc quoi de mieux pour clôturer ce projet de rêve que de gagner un prix Grafika. Que du bonheur!

 

 

Pour la maison d’édition Paperole, vous avez créé une collection de cartes postales sur l’architecture iconique des villes de Montréal, Paris, Toronto et New York. Est-ce que le voyage est inspirant pour vous?

Le projet de cartes postales en collaboration avec Paperole est venu d’une première illustration que j’ai créée lorsque j’ai emménagé au Québec. J’ai créé l’illustration de Montréal par envie d’intégration. Je voulais étudier cette nouvelle ville dans laquelle je résidais pour la rendre plus familière et mieux la connaître. Paperole m’a approché ensuite pour retravaillé ensemble cette illustration et y ajouter plus des détails, ainsi que des effets de dorure. Nous avons par la suite créé les cartes de Paris, Toronto et New York. À mon avis, chaque ville a son caractère propre. Je pense qu’il est toujours très inspirant de partir à la découverte d’une nouvelle ville ou culture.

 

Vous avez participé à la création du film d’animation Playmobil. Parlez-moi de votre rôle dans la création de ce film.

Mon rôle sur le film consistait à créer les designs de logos, pictogrammes, enseignes de magasin, habillage d’un foodtruck et affiches publicitaires qui apparaissent dans le film. Par exemple, j’ai créé le graphisme d’une boîte de céréale. Après validation par le réalisateur, je transmettais les fichiers de production 2D aux designers pour créer cette boîte de céréales en volume 3D. Et ainsi appliquer le design sur la boîte de céréale en volume.

 

© 2019 2.9 FILM HOLDING LDT – MORGEN PRODUCTION GmBh

Les pictogrammes font partie de notre environnement parfois sans vraiment s’en rendre compte. Comment crée-t-on une famille de pictogrammes harmonieuse et efficace?

Un pictogramme est presque comme une typographie. Toutes les lettres ont des formes différentes, mais dans l’ensemble, on doit sentir qu’elles appartiennent à la même famille. Pour les pictogrammes c’est la même chose. On définit un style graphique avec un ou deux pictogrammes. Ceux-ci serviront comme référence aux autres pictogrammes de la famille pour ainsi ne pas dévier du style initialement choisi.

 

 

Quelle est l’ambiance propice à trouver vos meilleures idées?

Lorsque je me promène. Je me suis toujours sentie coincée lorsque je travaillais en entreprise ou à l’école, car il n’est pas bien vu, ou même permis, de quitter son poste de travail pour aller se promener. Pourtant, c’est vraiment là où je trouve mes meilleures idées. Je ne suis pas obligée de partir très loin. Tout simplement marcher et réfléchir, c’est ce qui fonctionne le mieux pour moi.

 

Est-ce que les deux félins dans votre espace de création sont de précieux collaborateurs?

Elles m’aident à me détendre. Mais parfois elles me demandent aussi de l’attention lorsque je n’ai pas forcément envie de jouer avec elles. C’est donnant-donnant comme toute bonne collaboration. 

 

 

 

L’illustration vectorielle est votre champ d’expertise principal. En vos mots, comment décrivez-vous cette forme d’art et comment êtes-vous tombée amoureuse de cette façon de créer?

J’ai appris ce qu’était le dessin vectoriel lors de mon apprentissage de graphiste. C’est sur le logiciel Illustrator d’Adobe que je créais mes pictogrammes et logos. Pour moi, l’art vectoriel s’apparente presque à de la sculpture 2D. Je démarre mon illustration avec des formes géométriques simples puis je les façonne et les transforme jusqu’à obtenir une illustration graphique.

 

Parlez-moi d’une oeuvre de vos pairs que vous affectionnez particulièrement ou qui vous a marquée.

J’ai du mal à sélectionner une oeuvre en particulier car il y en a tellement que j’aime! J’adore les illustrations de Owen Davey, Pavlov Visuals, Hedof, Elen Winata, Gwladys Morey, Lisa Tegtmeier, Ben Tardif et Cécile Gariepy pour n’en citer que quelques-un...

 

 

Je vous cite : L’illustration me rend tout simplement heureuse. Parlez-moi du bonheur de vous exprimer par l’illustration.

Je suis graphiste de formation. Ce métier me plaît, mais parfois je ne me sens pas toujours entièrement à ma place. Il est parfois difficile d’être entièrement créative avec ce medium. Avec l’illustration, j’ai simplement l’impression d’être prise aux tripes. Je suis vraiment excitée à l’idée de commencer un projet et le développer. Il y a des étapes difficiles dans la création, mais je pense que globalement, l’illustration est un moyen de m’exprimer qui me comble davantage. J’ai l’impression d’avoir une identité propre grâce à ce médium.

 

Quel est le meilleur conseil à donner à un jeune créateur ou créatrice?

Lorsque qu’on se lance en création visuelle, c’est un moment plein de de défis. On se cherche beaucoup sans être assurée de son véritable potentiel. Cette étape est très importante. Il faut s’exercer beaucoup, beaucoup, beaucoup. On ne cesse de se réinventer et c’est qui rend le métier passionnant. Ne lâchez pas prise et surtout croyez en vous!

 

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS SUR DELPHINE MEIER

Siteweb officiel
Facebook
Behance
Instagram