L’autre midi à la table d’à côté – Entrevue avec Francis Legault
29 avril 2022
Depuis le 22 avril dernier, la deuxième saison de L’autre midi à la table d’à côté est diffusée à ICI ARTV les vendredis à 20 h. La populaire émission, qui a été connue à la radio avant de faire le saut à la télévision, propose au public d’assister à des rencontres tantôt surprenantes, tantôt émouvantes, tantôt hilarantes entre deux personnalités québécoises ayant certains points en commun. Au cours de la deuxième saison, vous pourrez observer des discussions passionnées entre Martin Matte et Christian Bégin, Guylaine Tanguay et Nathalie Simard, Serge Denoncourt et Jay du Temple, Varda Étienne et Virginie Fortin, Yannick Nézet-Séguin et Arnaud Soly, Katherine Levac et Joël Legendre, Simon Boulerice et René-Richard Cyr, Isabelle Boulay et Marie-Nicole Lemieux, Mariana Mazza et Patricia Paquin, Fabien Cloutier et Gildor Roy, Julie Snyder et Anne Dorval ainsi qu’entre Marc Labrèche et Normand Brathwaite.
Pour en savoir plus sur ce qui nous attend, nous avons eu la chance de poser quelques questions au réalisateur de l’émission, Francis Legault.
Voici ce qu’il avait à nous dire.
Comment les duos de personnalités invitées sont-ils déterminés?
On « brainstorme » en ayant en tête de former des duos où parfois il y a une parenté d’esprit entre les deux invités. Parfois c’est plutôt un clash. On essaie que ce soit étonnant, puis que les personnes aient une curiosité réciproque pour amener la conversation plus loin, pour qu’ils se découvrent. Quand je parle de parenté d’esprit, ça peut être par exemple dans le cas de Virginie Fortin avec Varda [Étienne]. L’idée, c’était de réunir une actrice qui a joué un personnage qui vit avec un trouble de bipolarité et quelqu’un qui le vit pour vrai, donc c’est la réalité qui rencontre la fiction ou la fiction qui rencontre la réalité. Elles se sont rejointes toutes les deux et ça a donné lieu à une conversation exceptionnelle. Dans le cas de Normand Brathwaite et de Marc Labrèche, ils se connaissent depuis longtemps, mais ça faisait un bail qu’ils s’étaient vus, alors ils avaient envie de se voir pour prendre des nouvelles l’un de l’autre, savoir où ils en étaient dans leur vie et se rappeler des moments qu’ils ont passés ensemble. Dans les duos qui ont beaucoup fait parler, il y a évidemment eu celui composé d’Anne Dorval et de Julie Snyder.
C’est une rencontre improbable et c’est ça, L’autre midi à la table d’à côté; c’est-à-dire que ce sont deux personnes qui sont une en face de l’autre, sans maître de jeu, ce qui donne parfois lieu à des discussions remplies de feux d’artifice, comme dans ce cas-ci.
Ce sont deux femmes de tête qui se sont posé des questions sans gants blancs et qui se sont dit les vraies affaires. Ce que j’aime de cette émission en particulier, c’est que ce sont deux femmes extrêmement brillantes qui ont du caractère. Si c’était deux hommes qui s’étaient parlés comme ça, peut-être que le monde n’en aurait pas parlé autant, mais deux femmes, c’est plus surprenant. Je trouve ça extraordinaire, parce qu’elles se sont parlé avec franchise et sans bullshit.
Anne Dorval et Julie Snyder dans L'autre midi à la table d'à côté.
Préparez-vous les personnes participant à l’émission pour qu’elles connaissent mieux leur partenaire?
En fait, elles savent avec qui elles vont manger. Il y en a qui, d’entrée de jeu, s’informent. Par exemple, Mariana Mazza le dit à Patricia Paquin quand elles sont attablées : « J’ai “googlé” ton nom avant de venir. » C’est sûr que les gens savent avec qui ils vont manger, donc ça leur permet de réfléchir aux deux ou trois questions qu’ils se sont toujours posées : «Si un jour, je mange avec cette personne-là, je lui poserai telle ou telle question, j’aimerais savoir tel truc par rapport à sa vie ou à son actualité. » C’est un peu comme ça que ça marche. Dans les tandems vraiment forts aussi de cette saison-là, il y a Christian Bégin avec Martin Matte. Ils se connaissent, tous les deux, mais ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps. Puisqu’ils se connaissaient, Christian a réussi à amener Martin à le faire décrocher de son personnage d’humoriste arrogant. Il y a entre autres des moments vraiment super touchants sur leur rapport à leurs pères. C’est rare que les hommes parlent de ça, mais ils ont abordé le fait que leurs pères ne voulaient pas qu’ils fassent un métier artistique dans la vie et qu’ils n’y croyaient pas, et aussi comment ça a été une espèce de ressort pour eux qui les a fait rebondir encore plus haut et qui leur a donné le cran d’aller jusqu’au bout de leur rêve.Virginie Fortin et Varda Étienne dans L'autre midi à la table d'à côté.
Quel duo t’a particulièrement satisfait lors de la deuxième saison?
Ceux dont je t’ai parlé étaient dans mes gros coups de cœur, mais celui où j’ai été particulièrement surpris, c’est celui de Virginie Fortin et Varda [Étienne], parce que Virginie s’est livrée beaucoup dans cette émission-là. Elle a parlé des problèmes de santé mentale de sa grand-mère, qui était bipolaire. À ma connaissance, même si elle a accordé plusieurs entrevues en lien avec son rôle dans la série Trop [celui d’une jeune femme atteinte d’un trouble de bipolarité, NDLR], je ne l’avais jamais entendu parler de ça. En fait, c’est vraiment un excellent exemple où deux personnes qui ne se connaissent pas se rencontrent et sont au diapason. Elles se sont trouvées. Au début, on a les larmes aux yeux tellement c’est bouleversant ce qu’elles racontent sur la bipolarité, sur le suicide, puis après ça, le vin aidant un petit peu, elles décollent et là, c’est hilarant, ça parle de prothèses mammaires, de consommation, de leurs amants, etc.
C’est une émission où tu passes à travers tout le spectre des émotions et tu apprends des choses aussi sur la bipolarité et sur les idées suicidaires.
Que crois-tu que la version télé amène de plus que celle qui est présentée à la radio?
Je pense que c’est complémentaire. C’est ce que les gens qui étaient habitués à la radio nous disent. C’est qu’à la radio, il y a un côté très intime; les gens s’attardent beaucoup aux paroles dites par les invités. À la télé, ce qu’il y a de merveilleux et que j’avais peut-être sous-estimé, c’est le langage non verbal, comme les mimiques des gens. C’est là où c’est très fort. Dans la première saison, c’était de voir le visage de Louis-José Houde, qui rêve d’avoir des enfants, quand David Goudreault parlait de ce que c’est, la famille. C’est bouleversant. On a aussi eu droit à ça un petit peu avec Virginie et Varda quand, à un moment donné, Virginie se met à pleurer; tu vois tout le changement d’émotions dans son visage. Ou encore la tête de Katherine Levac quand Joël Legendre lui raconte toutes les psychothérapies auxquelles il s’est adonné, ça vaut 100 piasses! (Rires)
Francis Legault, merci beaucoup!
Ne manquez pas la deuxième saison de L’autre midi à la table d’à côté, les vendredis à 20 h à ICI ARTV.