Le paysage télévisuel des 40 dernières années a été marqué par l’art du travestisme. Cependant, les drag queens, qui en ont fait leur métier, sont quasi absentes de ce patrimoine télévisuel. De RBO à Marc Labrèche, en passant par La petite vie, Benoît Brière dans les annonces de Bell ou encore Bruno Blanchet, les hommes hétéros de la scène humoristique québécoise n’ont jamais hésité à enfiler perruques, robes et maquillage pour nous divertir, au grand bonheur du public. 

À l’heure où les drags prennent de plus en plus la place qui leur revient au petit écran, voici un petit survol de l’évolution de cet art à la télévision.

Guilda

Première figure marquante de la culture drag au Québec, Guilda, qui se présentait comme un personnificateur féminin, a marqué les variétés québécoises à partir des années 60. Sa grâce, son élégance, son charisme et sa garde-robe grandiose en ont fait un personnage plus grand que nature, apprécié ici comme à l’international, à une époque où porter des vêtements féminins en public pouvait encore mener un homme à se faire intercepter par la police.

Voici un reportage qui trace les grandes lignes de sa vie. 

Les années Mado

Travaillant dans un tout autre registre, beaucoup plus clownesque et coloré, Mado Lamotte a longtemps été la seule représentante des drag queens à la télévision québécoise au cours des 20 dernières années. Grande matriarche de la famille des drags montréalaises, elle a permis à beaucoup de gens d’entrer en contact avec ce monde par le biais de la télévision pendant les années 2000 et a accompagné plusieurs de ses successeures que l’on voit à l’écran aujourd’hui. 

Covergirl 

En 2005, l’univers des drag queens faisait une percée de plus au petit écran pour les gens de la province. La série Covergirl, écrite par Richard Blaimert et Pierre Samson, a été à l’antenne de Radio-Canada pendant deux saisons, récoltant au passage quatre prix Gémeaux. On y suivait les aléas de la vie d’un groupe de drag queens de Montréal. 

Malgré une interprétation très stéréotypée et les clichés avec lesquels l’environnement des drag queens est dépeint dans la série, on ne peut que saluer l’audace que cela représentait, il y a 17 ans, de la diffuser à la télévision publique à heure de grande écoute. 

Le directeur des programmes de Radio-Canada, Mario Clément, défendait d’ailleurs sa décision de diffuser la série à 19 h 30 dans un article du Devoir le 10 décembre 2004. 

« Pressé de questions par les journalistes, Mario Clément n’a pas caché que Radio-Canada verse ainsi dans la provocation, mais “pour faire en sorte que les gens soient confrontés à des réalités qui existent. C’est une comédie où il y a un univers absurde, où c’est la fête, et ces gens, même s’ils sont marginaux, ont le droit d’être montrés à l’écran”. »

GAY RIGHTS! 

L’empire RuPaul

Qu’on l’aime ou non, RuPaul a grandement contribué à l’effervescence de la drag dans la culture populaire. Depuis 2009, sa série RuPaul’s Drag Race, devenue un véritable phénomène, a été adaptée partout sur la planète et continue de faire des petits. La compétition a notamment permis de créer une industrie de la drag comme on n’en avait jamais vu auparavant et de rendre cet art accessible à tout le monde par le biais de la télévision. Son effet s’est fait sentir jusqu’au Québec.

Ils de jour, elles de nuit 

En 2017, une série documentaire nous faisait découvrir l’envers du décor et nous présentait trois drags d’expérience et trois nouvelles venues. Mettant l’accent sur le côté humain des six artistes, la série nous a permis de connaître des êtres talentueux et sensibles et de démystifier cet art devant un public plus large. C’est d’ailleurs là qu’on a pu faire la connaissance de Rita Baga et de Barbada.

L’ascension de Rita Baga

Après des années d'attente, c’est finalement en 2020 que les drag queens canadiennes ont pu, elles aussi, profiter de la rampe de lancement qu’est la téléréalité Drag Race. Finaliste de la première saison de Canada’s Drag Race, Rita Baga poursuit sur sa lancée depuis.

Ayant compétitionné en anglais, elle s’est assurée que le Québec francophone ferait sa connaissance en enchaînant les participations à Big Brother célébrités, Bonsoir, bonsoir! et Qui sait chanter?. Et cette ascension a ouvert le chemin à plusieurs de ses collègues issues d’une nouvelle génération de talents. 

Casser l’image de la drag queen 

Dans le domaine de la drag, il y a autant de styles qu’il y a de drag queens. Et certaines se donnent comme mission d’être plus accessibles et familiales que d’autres. 

C’est le cas de Barbada, animatrice de l’émission du même nom offerte sur ICI Tou.tv, qui a décidé de marier sa vie de drag queen à sa vie d’enseignant de musique au primaire. À travers son émission Barbada, une minisérie pétillante et colorée de 10 épisodes, elle présente la musique aux enfants avec l’aide de diverses personnalités invitées du domaine musical. Pas de gros mots ni de blagues salées ici. Que de la couleur, des textures et des notions de musique. 

Entre Barbada et les Teletubbies, le choix est facile. 1-0 DRAG QUEEN! 

En bref 

Marchant dans les pas de Rita et de Barbada, d’autres drag queens québécoises ont le vent dans les voiles. C’est notamment le cas de Mona de Grenoble, qu’on a pu voir dans la deuxième saison du Prochain stand up, sur les ondes de Noovo, et qui a également participé à la dernière saison de Roast Battle : le grand duel avec sa collègue Bambi Dextrous. 

On pourra également suivre Gisèle Lullaby et Lady Boom Boom, nos fières représentantes montréalaises, dans la troisième saison de Canada’s Drag Race dès le 14 juillet.

Longue vie aux drag queens de notre petit écran! 

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