Les régions dans notre télé

Les régions dans notre télé

9 novembre 2022

La télé québécoise est très montréalaise. Ouvrir la télé en région, c’est souvent avoir l’impression de ne pas appartenir au paysage. On a nos petites nouvelles et c’est tout. (C’est-tu assez le fun quand la madame de la météo à Rimouski a une promotion et s’en va à LCN, hein?) 

L’été, on débarque à Montréal en vacances et on a l’impression de se retrouver dans nos émissions. On reconnaît les coins de rue, les façades, on croise des « veudettes » dans un parc, puis on retourne à la maison en se disant « Eh ben! À c’t’heure, on va savoir où le gars quêtait dans Anna et Arnaud! » 

Heureusement, quelques exceptions parmi les productions télé d’ici ont fait de la place aux régions dans les dernières années. 

En voici quelques-unes. 

 

Rue King

Cette comédie de situation est une bibitte unique en son genre. On y suit les péripéties improvisées de trois colocs qui vivent au-dessus d’un café-bar au gré des consignes qui leur sont données dans une oreillette par un maître de jeu. Pas de texte, pas de filet, et tout ça se passe… à Sherbrooke! « QUOI?! À SHERBROOKE?! » Oui, à Sherbrooke. Il aurait été facile de planter le tout à Montréal, dans n’importe quelle rue du Plateau qu’on a déjà vue mille fois, mais la production a eu l’idée de sortir des sentiers battus… et de l’île de Montréal pour planter ses décors en carton. 

Bien joué!

 

Providence, Mémoires vives, 5e rang, Après

Bon, là j’ai l’air de me plaindre le ventre plein! « En veux-tu de la série qui se passe en région? En v’là! » Oui. Mais on reste dans un rayon métropolitain et, décidément, vivre à la campagne autour de Montréal, ce n’est pas du gâteau. 

Des disparitions, des battues, des cadavres dans des sous-sols, des fusillades et, bien souvent, une seule personne des enquêtes ou de la police pour gérer tous les dossiers. Depuis le début de la pandémie, beaucoup ont troqué la ville pour le calme de la campagne. Si l’on se fie à nos téléromans, c’est à se demander s’il ne serait pas plus dangereux de déménager dans les Laurentides ou sur la Rive-Sud! 

Mention spéciale à Mémoires vives, qui a intégré Havre-Saint-Pierre dans son intrigue. Prime d’éloignement, check!

5e rang.
crédit photo : Bertrand Calmeau

Belle-Baie

Dans cette série, on trouvait de l’eau, des pick-up, des bateaux, des autobus voyageurs et du camping, bref, une municipalité côtière d’aujourd’hui. Plantée dans les Maritimes, la série Belle-Baie fait une belle incursion dans la réalité des gens de petites municipalités éloignées. Quinze ans après le début de la série, la prémisse demeure encore d’actualité, alors que les membres d’une petite communauté tentent de limiter les impacts environnementaux causés par l’arrivée d’une multinationale polluante sur son territoire. Ça vous rappelle quelque chose? *Tousse tousse* « Rouyn! » *Tousse tousse*

Belle baie
crédit photo : Radio-Canada

 

Tout le catalogue de terroir ou presque! 

S’il y a un genre qui ne manque pas de mettre les régions au cœur de ses intrigues, c’est bien la série d’époque. C’est parfois à se demander s’il s’est passé quelque chose au bout de la route 117 depuis que le dispensaire de Blanche a passé au feu en Abitibi. 

Les filles de Caleb, Le temps d’une paix, Cormoran, Les pays d’en haut, Terre humaine, Nos étés, et j’en passe. La série d’époque, au Québec, ça se passe à la campagne. Mauricie, Bas-Saint-Laurent, Charlevoix, Kamouraska, Laurentides, Lanaudière; ça jongle loin de la ville en « torpicouille », pour citer un certain Bordeleau. La télé québécoise a fait la part belle au passé agricole de notre société. Les familles nombreuses, la vie de village, la politique, la place des femmes et les rigueurs du climat ont été maintes fois explorées dans ces séries aux mœurs d’une autre époque. 

Mais maintenant, qu’est-ce qui s’y passe?

 

La petite séduction

On va se sortir de la fiction un peu. On allait presque en oublier cette émission chouchoute qui a permis à des dizaines de villages à travers le pays d’accueillir et de tenter de séduire des personnalités d’ici. Comment? En mettant de l’avant les histoires, les personnalités, les talents et l’hospitalité des gens qui y vivent. On semble d’ailleurs apprécier le concept bien au-delà de nos frontières. Un épisode avec Bruno Pelletier datant de 2008 existe sur YouTube sous-titré… en russe! Envoyez la cassette à Vladimir s’il vous plaît. Tout d’un coup que ça l’attendrit. 

 

Et vous, trouvez-vous que la télé sort suffisamment de la ville?