Six excellentes séries qui déstigmatisent les troubles de santé mentale

Six excellentes séries qui déstigmatisent les troubles de santé mentale

23 novembre 2022

Déclaration-choc (si on était en 1985) : je vis avec des troubles de santé mentale et j’aime bien les voir représentés à la télé. Pour en rire, pour en être touchée, pour pleurer ou pour hurler « Ben non, ça s’peut pas, c’est TELLEMENT moi! » Bref, j’en veux, j’en veux, j’en veux! Par contre, je me passerai de nommer les séries qui ont lamentablement échoué à bien représenter ces réalités. Du genre pas seulement frustrantes, mais douloureusement gênantes. Parce que vous le valez bien.

Voici donc quelques suggestions de séries qui réussissent à bien représenter les troubles de santé mentale en fiction.

***TRAUMAVERTISSEMENT : certaines propositions traitent de dépression, de violence et de viol.***
 

Euphoria

Le personnage de Rue de la série Euphoria est assise dans les escaliers.
Photo : IMDB


Comment passer à côté de cette série magnifique? Euphoria aborde des sujets sensibles comme les dépendances, l’anxiété, les idées suicidaires, l’automutilation et la dysphorie de genre. C’est du lourd, vous nous direz, mais on vous garantit que c’est fait tout en nuances. On y suit Rue (Zendaya), une toxicomane, ainsi que Jules (Hunter Schafer), une femme trans. Leur relation grandit et se complexifie sous nos yeux – souvent humides, parfois rieurs, mais toujours brillants d’admiration pour cette production presque sans faille. 

Gros coup de cœur pour les deux épisodes spéciaux diffusés entre les deux saisons. Presque sous la forme de longs monologues des deux personnages principaux, ce sont de délicieux bonbons qui font pleurer à chaudes larmes. Les deux saisons valent vraiment le détour. Et en bonus : il y a du sacré beau maquillage. Pourquoi résister?

La série est offerte sur Crave.
 

Trop

Les personnages interprétés par Virginie Fortin, Louise Portal et Évelyne Brochu sont assis dans les escaliers.
Photo : IMDB
 

Trop raconte la vie d’Anaïs (Virginie Fortin), une jeune femme qui reçoit un diagnostic d’un trouble bipolaire, et celle de sa sœur, Isabelle (Evelyne Brochu), qui l’héberge dans son appartement très mignon, très Mile-End, très à se crever les yeux de jalousie. Le fait qu’on dresse tant un portrait d’une personne atteinte du trouble bipolaire qu’un portrait de ses proches est justement un point fort de cette série. 

Les personnages sont écrits et joués avec beaucoup d’empathie, de nuances et d’humour. On ne pense pas que ce soit trop controversé de dire que ce sont trois éléments franchement bienvenus dans une série qui traite d’un trouble de santé mentale. C’est de la télé lumineuse qui donne beaucoup d’espoir, surtout durant la période actuelle, assez grise merci.

La série est offerte sur ICI Tou.tv Extra.
 

The Haunting of Hill House

Une boîte de pilules se trouve sur le sol.
Photo : IMDB
 

Oui, on ose mettre une série d’horreur ici! Mike Flanagan, la nouvelle coqueluche de Netflix (ou du moins, celle de la rédactrice de ce billet de blogue), signe cette petite merveille qui marque à coup sûr toute personne qui la regarde. 

On découvre, à la fois par ce qui se déroule dans le présent et ce qui s’est déroulé dans le passé, la famille Crain, clan bien amoché par des drames et des événements surnaturels absolument terrifiants. Une des forces de Flanagan, c’est sans contredit ses monologues. Les textes et l’interprétation sont justes, brillants et profonds.

The Haunting of Hill House peut être apprécié comme une bonne série d’horreur, mais aussi comme une excellente allégorie sur les troubles de santé mentale. Voici une petite citation, un peu remodelée :

« I touched her and I felt nothing. I was just this dark empty black hole. I’m just floating in this ocean of nothing. »

La sensation de vide et l’incapacité à vivre ses émotions, c’est un symptôme commun à plusieurs troubles de santé mentale, comme la dépression.

C’est l’une des meilleures séries originales de Netflix. Même Tarantino et Stephen King le disent! 

La série est offerte sur Netflix.
 

Minuit, le soir

Trois portiers sont assis sur une banquette.
Photo : IMDB
 

Cette série québécoise prisée nous séduit par son audace et sa finesse, tant dans son petit look que dans ce qu’elle nous dit. C’est l’une des premières séries avec l’emblématique signature visuelle de Podz, qui en est le réalisateur. 

Minuit, le soir, c’est l’histoire de trois portiers d’une boîte de nuit montréalaise, trois hommes un peu maganés par la vie. Le personnage principal est celui de Marc (Claude Legault), le plus jeune, le plus beau, mais aussi le plus anxieux des trois. De loin. Et le plus violent. De loin. 

Marc, n’ayant pas accès à des soins publics en santé mentale (comme probablement plusieurs personnes qui lisent ce billet. On lâche pas, on va finir par l’avoir!), consulte clandestinement, à travers un cabinet de toilette publique, un psychologue qui ne peut pas pratiquer au Québec... Le voyez-vous, le commentaire?

On vous recommande chaudement cette série qui est tout aussi tragique que comique.

La série se trouve en coffret DVD.
 

BoJack Horseman

BoJack Horseman, personnage de cheval animé, est assis sur son lit.
Photo : IMDB
 

On a beau être à l’écoute, on n’entend personne tomber de sa chaise en lisant cette suggestion. BoJack Horseman a fait ses preuves. Si on fait découvrir ce petit bijou à ne serait-ce qu’une personne aujourd’hui, notre semaine sera faite! C’est l’unique série d’animation de notre palmarès, et le choix de cette technique lui sourit. L’animation lui permet d’aller plus loin, que ce soit dans les métaphores ou dans l’humour noir. 

Tête d’affiche d’une populaire comédie de situation des années 1990, BoJack est un has been, un vrai, qui tente de retrouver sa célébrité. Dépressif, dépendant au sexe, à l’alcool et aux drogues, il est en pleine autodestruction. La série aborde aussi les enjeux entourant la célébrité, la performance et la postérité. Le tout, super bien rythmé par des blagues fines et franches.

La série est offerte sur Netflix.
 

I May Destroy You

Une femme au crâne rasé se tient debout face à un mur.
Photo : IMDB
 

On a hâte de se vanter de peut-être vous avoir fait découvrir ce petit joyau britannique. Le personnage le plus central est celui de la romancière Arabella (Michaela Coel, actrice et créatrice de la série), victime d’un viol qui lui cause de l’amnésie traumatique. 

La série traite du consentement sexuel, de choc post-traumatique et du cheminement psychologique des victimes de viol. On y parle aussi d’empathie et d’agentivité. Le fait que le point de vue soit celui de la victime contribue grandement à la pertinence de cette série. 

De la télé de grande qualité, à la fois drôle et difficile, à consommer dans son entièreté. 

La série est offerte sur Crave.
 

Bonnes découvertes, tout le monde!