Star Wars, meilleur à la télévision?

Star Wars, meilleur à la télévision?

15 juin 2022

À la fin mai avait lieu la Célébration de Star Wars (ou « Star Wars Celebration » en anglais) en Californie. Pendant celle-ci, Lucasfilm a dévoilé ce que nous réserve la célèbre franchise de science-fiction pour les prochaines années. Si on inclut Obi-Wan Kenobi, qui se conclura le 22 juin, c’est un total de sept séries télévisées (The Mandalorian saisons 3 et 4, Andor, Ahsoka, Skeleton Crew, The Acolyte, Rangers of the New Republic et Lando), en plus de quatre séries animées (Le Bad Batch saison 2, Visions saison 2, Tales of the Jedi et Young Jedi Adventures) qui paraîtront sur la plateforme payante de Disney.

 

Côté cinéma, les annonces étaient plutôt minces, soit un projet encore sans titre de Taika Waititi, ainsi que Rogue Squadron, réalisé par Patty Jenkins, qui risque d’être repoussé au-delà de 2023.

Après avoir eu droit à un film de la série Star Wars par année de 2015 à 2019, on constate que Disney a visiblement changé son fusil d’épaule et mise plutôt sur le petit écran. L’élément clé ici, c’est qu’Obi-Wan Kenobi devait d’abord être un film : une autre production dérivée dans le même esprit que Rogue One et Solo : une histoire de Star Wars. C’est dû à la mauvaise performance au guichet de ce dernier que Lucasfilm a révisé ses plans. 

Obi-Wan KenobiObi-Wan Kenobi (Ewan McGregor), crédit photo : © 2022 Lucasfilm Ltd. & ™

 

Solo et Obi-Wan : le clivage des médias

On peut alors faire un parallèle amusant entre Solo et Obi-Wan, deux productions dérivées, qui doivent leur échec et succès au média dans lequel elles ont été présentées.

D’une part, on a Solo, un film où tout va trop vite : une fiction de 135 minutes dont une bonne partie est perdue dans des scènes d’action plus ou moins spectaculaires, pour remplir le mandat de film à gros budget. Entre deux explosions, références, caméos et révélations, on a très peu de temps pour du réel développement de personnages. Qu’a-t-on appris dans Solo? L’origine de son nom? Celle des dés qui pendouillent sur le miroir du Faucon Millénium?

C’est tout le contraire dans la série Obi-Wan Kenobi. Même avec son maigre format de six épisodes, elle prend le temps de ralentir la cadence, de laisser les personnages vivre et discuter, et de bâtir un univers riche. Elle réussit à étoffer la relation conflictuelle entre deux des personnages les plus importants de la franchise : celle du Jedi et de son apprenti, maintenant devenu Darth Vader. C’est une série qui ne cherche pas à expliquer, mais bien à développer, bonifiant ce qui est venu auparavant et par la suite.

Plus qu’un dérivé, c’est un Star Wars 3.5, un pont entre deux trilogies. Pour la première fois, l’histoire racontée dans la série n’est pas seulement une aventure lointaine qui n’a aucune incidence sur la saga.

On ne doute pas une seconde que si Obi-Wan Kenobi avait été un film, comme prévu, il aurait probablement subi le même sort que Solo. C’est une aventure captivante et sympathique, mais elle croulerait encore une fois sous la pression du nom Star Wars, qui crée des attentes qui peuvent difficilement être comblées.

Darth VadorDarth Vader (Hayden Christensen), crédit photo : © 2022 Lucasfilm Ltd. & ™

Admettons-le, aucun film de la série Star Wars ne pourra plus être universellement apprécié. Entre les nostalgiques qui refusent toute forme de nouveauté, les fanatiques qui creusent pour trouver des inconsistances dans le scénario, le grand public qui veut juste voir de l’action sans être confronté à un mur impénétrable de références qui lui sont inconnues, et les cinéphiles qui oublient que c’est un film popcorn et non le prochain Denis Villeneuve : impossible de satisfaire tout le monde.

 

Meilleur pour le public

À la télé, l’attitude est complètement différente. Pas de billet acheté d’avance, de sortie planifiée, de bombardement de publicité et de marketing à outrance : on s’évache sur le sofa, on ouvre le service pour lequel on paie déjà, et on appuie sur un bouton. Ce qui est aimé sera encensé pour toujours (The Mandalorian), tandis que ce qui n’était pas mémorable sera justement oublié rapidement (The Book of Boba Fett). Tout est moins grave. 

Le public est aussi plus ouvert à tester n’importe quelle série qui lui tombe sous la main : une occasion en or pour créer de nouveaux personnages, étendre et bâtir un univers Star Wars plus riche que jamais. 

Si la différence de qualité de production entre la télé et le cinéma est de plus en plus mince (surtout lorsqu’on s’appelle Disney), que gagne-t-on réellement en allant voir une courte aventure de l’espace dans une salle de M. Guzzo? (Pfff, se déplacer... C’est tellement 2019.)

 

Plus lucratif pour Disney

Même du côté financier, Disney est gagnant. Après avoir dépassé le 200 millions d’abonnements à son service en avril dernier, chaque mois est plus rentable que le guichet du film Star Wars le plus lucratif.

Comme on le sait, la rétention des personnes abonnées est l’objectif principal pour les services de diffusion en continu; c’est d’ailleurs en train de transformer le médium. La nouveauté attire toujours plus que les séries de plusieurs saisons, qui finissent bien souvent par perdre une partie du public chaque année. On entre donc dans l’ère des miniséries, dont le but est d’ajouter plus de vignettes dans l’interface de votre service, vous donnant l’impression qu’il y a tellement de contenu que vous ne pouvez pas vous désabonner. 

C’est inquiétant pour le médium en général, mais pour les séries Star Wars et Marvel, de nouveaux points de départ permettent l’expérimentation, desquels émergeront les fondations pour le futur de la saga.

Peut-être que ce qui rendait les premiers films de la série Star Wars si mémorables pour l’enfant en nous, c’est qu’ils faisaient exploser notre imaginaire avec leur univers qui semblait si vaste, si unique. La série s’est peut-être perdue dans des trilogies qui tentaient d’expliquer chaque élément magique d’une façon rationnelle et qui donnaient des réponses un peu banales à des mystères qui nous faisaient autrefois rêver.

Assurément, l’avenir de Star Wars au petit écran redonnera vie à cette saga en visitant des recoins de la galaxie encore inexplorés.


On attend impatiemment Andor, à l’affiche sur Disney+ le 31 août prochain, ainsi qu’Ahsoka, et Skeleton Crew en 2023. D’ici là, on surveille les derniers épisodes d’Obi-Wan Kenobi d’ici le 22 juin.

 

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