Cet automne sur ICI ARTV, Benoit McGinnis et Sophie Fouron seront de nouveau à la barre du magazine culturel Retour vers la culture. L’émission, qui avait pour objectif de faire rejaillir la lumière sur les arts après de nombreux mois plus difficiles en raison de la pandémie de COVID-19, abordera toujours l’actualité culturelle et pourra compter sur de nouveaux visages à la chronique.

Pour savoir comment s’était déroulée la première saison et avoir quelques primeurs sur ce qui attend le public au cours de la seconde, nous avons récemment posé quelques questions à Benoit McGinnis et Sophie Fouron.

Voici ce que les deux complices avaient à nous dire.

Comment avez-vous vécu la première saison de Retour vers la culture?

Benoit McGinnis : Ça a vraiment été une belle expérience. C’était la toute première fois que j’animais une émission et j’ai beaucoup aimé le faire. J’avais une certaine adaptation à faire, dans le sens où parler à une caméra ou présenter des topos, ça ne m’était pas familier, mais j’y ai pris plaisir, surtout grâce à la chimie que j’ai développée avec Sophie Fouron, ma coanimatrice. C’est France Beaudoin qui nous a « matchés » au hasard en se disant qu’on pourrait fort probablement créer un beau duo, et ça s’est adonné qu’on tripe l’un sur l’autre. On a hâte aux tournages pour se voir! On s’écrit et on se parle tout le temps; c’est vraiment le fun. Je me suis aussi rendu compte que ce qui m’intéresse le plus dans mon travail, c’est de rencontrer l’autre. Ça fait du bien de ne pas parler de moi ou de mes projets et plutôt d’apprendre à connaître quelqu’un qui est en train de créer les siens. Ça, j’aime vraiment ça. Ensuite, c’est sûr qu’au début, j’avais toute une vision dans mon esprit de ce dont je voulais avoir l’air, être sérieux, écouter comme quelqu’un d’intelligent… (rires) Finalement, j’ai laissé tomber ça pour être plus proche de ce que je suis en étant spontané, en recevant l’autre. Quand je ne le sais pas, je ne le sais pas; quand je le sais, je le sais. J’avais une petite angoisse par rapport au fait que j’étais acteur : je ne voulais pas « ploguer » aux deux secondes que je comprenais ce que les invités voulaient dire parce que j’étais comédien. En même temps, des fois, ça va de soi quand je parle avec des collègues ou avec des gens qui ne vivent pas l’art de la même façon, par exemple si je discute avec une musicienne et que je suis fasciné par sa méthode de travail en répétition, qui n’a rien à voir avec celle qu’on emploie au théâtre. Il y en a, des parallèles, mais je ne veux pas tout le temps ramener ça à moi.

Sophie Fouron : Ça a été un énorme cadeau. C’est France Beaudoin qui m’a invitée à me joindre à cette émission avec Benoit McGinnis. On dit tous les deux que c’est notre fée marraine. On ne se connaissait pas, Benoit et moi; c’est elle qui a eu l’idée de nous jumeler, et ça a été un vrai coup de foudre professionnel et amical. Toute l’équipe est extraordinaire et l’émission, ambitieuse! On couvre tous les styles, tous les arts, toutes les disciplines et on fait ça avec une superbe équipe. Je pense que l’année passée, on était vraiment post-pandémie et il y avait une vraie ébullition, une effervescence. Les gens avaient envie d’aller en salle, malgré leurs craintes occasionnelles. Il y avait une grande excitation entourant le retour, la rentrée culturelle. L’idée de base de l’émission, c’était de faire un magazine culturel, de proposer un calendrier qui inciterait les gens à sortir. On espère que ça va durer longtemps, parce que pour nous, du moins pour moi, la culture, c’est fondamental. C’est comme de l’oxygène, le dernier rempart quand tout va mal. J’étais vraiment heureuse de collaborer à cette émission, parce que j’ai toujours été quelqu’un qui consommait beaucoup de culture, mais j’étais davantage associée à des émissions de voyage. Je trouvais que c’était un magnifique cadeau de la vie et de France Beaudoin, qui produit l’émission.

Quelle est la plus belle découverte que vous avez faite durant les tournages?

Benoit McGinnis : Quand on tourne les émissions, on est chaque semaine dans un lieu différent. Ça, c’est le fun, parce qu’il y a des places où je n’étais jamais allé que j’ai trouvées magnifiques, comme la Biosphère et le Musée McCord. Sinon, pour ce qui est des artistes, je connaissais Elliot Maginot juste comme ça, par les médias sociaux, mais de le rencontrer, de le voir enregistrer une chanson et travailler avec son ingénieur de son et le réalisateur, c’était impressionnant. J’ai aimé sa vibe, il était super généreux avec nous. La plupart des rencontres ont été vraiment tripantes. Avec Louise Lecavalier à l’Usine C, c’était fantastique. Je me sentais vraiment privilégié d’être avec elle et de pouvoir lui parler seul à seul, de lui poser les questions que je voulais, qu’elle me parle de son projet.

Sophie Fouron : J’aime beaucoup découvrir des artisans de l’ombre. Par exemple, j’ai fait un topo avec Julie Basse, qui est éclairagiste pour plein de magnifiques projets, et ça a été un vrai coup de cœur. Je trouve que c’est une magicienne de la lumière; ce qu’elle fait est formidable. Il y a aussi Misstress Barbara, avec qui je suis allée au Piknic Électronik, avec qui j’ai eu beaucoup de fun. C’était la première fois que j’allais au Piknic et en tant que Montréalaise, je trouvais que ça faisait dur, mon affaire. Pour les lieux, je dirais le Diamant, à Québec. Si les gens n’y sont pas allés, ça vaut le détour! Il faut aller dans la salle de Robert Lepage, où on a vu la pièce Courville. C’est une salle de spectacle absolument magnifique. C’est aussi important de sortir de Montréal. Chaque fois que je vais à Québec, je vais au Musée national des beaux-arts. Le pavillon Lassonde, on ne finit plus de l’encenser, mais c’est un endroit exceptionnel. Je trouve que les Montréalais sont très « montréalocentristes ». Québec vaut vraiment le détour, notamment pour le Diamant et le pavillon Lassonde du Musée national des beaux-arts.

Est-ce que le fait d’animer Retour vers la culture a changé votre regard sur l’art?

Benoit McGinnis : Ça a créé une ouverture, parce que moi, mine de rien, j’étais dans mon univers de théâtre, de séries télé, et je me tiens avec des gens qui ont le même métier. Tout d’un coup, ça ouvre les horizons. J’ai fait un topo sur une chanteuse jazz, récemment. J’ai mis les pieds dans un bar jazz où je n’étais jamais allé. J’ai pu observer la façon dont ils fonctionnent : les gens mangent, prennent de la bière, le téléphone sonne parce qu’il y a des réservations pendant que la chanteuse est en pleine répétition... Ça vient avec le lieu, comme ils jouent dans un bar, et je me disais que c’était tout le contraire de ce qu’on faisait en jeu. Pendant les répétitions de théâtre, personne ne parle, et il n’y a que les interprètes qui travaillent. Il y a une sorte de décorum, une façon de fonctionner. C’est fascinant d’observer différents univers artistiques, comme celui d’un artiste peintre; de constater toute la liberté qu’il a avec lui-même quand il travaille sur son œuvre. Ça m’a beaucoup ouvert à toutes les autres formes d’art que je connaissais, mais surtout en surface, parce que je ne m’y étais jamais plongé. C’est une grande chance que j’ai.

Sophie Fouron : Probablement que ça m’a rendue encore plus sensible au travail des gens de création. J’anime, je sais très bien que ça prend une équipe, un bataillon derrière pour que les choses se passent. Ce que ça m’a permis, c’est probablement de comprendre à quel point c’était important de faire le relais. Nous, en tant que journalistes culturels pour le diffuseur public ICI ARTV, c’est absolument essentiel de faire le relais pour rejoindre les gens et les inciter à aller voir les spectacles, à encourager les artistes et artisans. Je dis toujours que c’est beaucoup plus facile de rester à la maison et de ne rien faire, mais une fois qu’on est sorti, on ne peut pas regretter, ou, en tout cas, on en ressort toujours avec quelque chose : une émotion, une idée, une curiosité… On ne peut pas regretter une sortie culturelle, même si on n’a pas aimé l’événement auquel on a assisté. Ça m’a encore plus confirmé l’importance de la culture, surtout après la pandémie, même si on le martèle tout le temps. Ma participation à Retour vers la culture m’a confirmé le caractère essentiel du travail de tous les gens du milieu de la culture.

À quoi peut-on s’attendre pour la deuxième saison?

Benoit McGinnis : La formule reste la même. La nouveauté va venir par les topos, ça va de soi, comme on est vraiment collés sur l’actualité. On parle d’un événement qui va se passer dans la semaine suivante ou qui commence cette semaine. C’est cool parce que ça dynamise notre émission chaque fois. L’énergie entre Sophie Fouron et moi a vraiment changé. Quand on s’est retrouvés, on était énervés comme des enfants! Je pense que ça va paraître, du moins je l’espère, dans notre chimie. Sinon, la formule reste vraiment la même : les rencontres, l’algorithme, le face-à-face avec les critiques; ça, c’est super cool. Les gens ont moins peur; l’année passée, les invités n’étaient pas trop sûrs de vouloir s’asseoir avec des critiques pour se faire rentrer dedans. (rires) C’est tellement pas ça; c’est une discussion, alors il y a une ouverture de ce côté-là. C’est un volet que j’aime beaucoup regarder.

Sophie Fouron : Je vais rencontrer Martha Wainwright et Fanny Britt, ça m’excite vraiment beaucoup! (rires) Je suis une grande fan des deux. J’ai rencontré Marc Séguin en plein travail sur l’immense murale en hommage à Jean Paul Riopelle. J’assiste aussi au show de Gab Bouchard. Et je ne parle que de ce que je fais; les autres membres de l’équipe en font tout autant! Jocelyn Lebeau, Vanessa Destiné, Benoit McGinnis et moi, on fait des topos toutes les semaines. On va voir tout le monde. Je trouve que c’est une émission que les gens devraient regarder. Moi, je la regarderais si je n’y participais pas! (rires) Ça donne tellement le goût de voir, de lire, de sortir... C’est vital. Des fois, on a un petit blues aux mois d’octobre et de novembre; il y a moins de lumière. Je trouve qu’une émission comme Retour vers la culture, ça donne une bonne dose de lumière. Ça va être une saison encore super le fun avec notre équipe de collaborateurs et critiques. Lydia Bouchard va nous parler de danse, et Karyne Lefebvre, qui s’ajoute aussi au groupe. Ce sont des gens passionnés qui nous font des suggestions, notamment avec leur algorithme. C’est hyper excitant. Je suis fébrile et très emballée à l’idée de repartir cette saison. C’est le retour du Retour, comme je n’arrête pas de dire!

Merci beaucoup!

Ne manquez pas les émissions de la seconde saison du magazine culturel Retour vers la culture les vendredis à 22 h sur ICI ARTV.