Femmes symphoniques – Entrevue avec Mélanie Léonard

Femmes symphoniques – Entrevue avec Mélanie Léonard

4 mars 2022

Le documentaire Femmes symphoniques, relate le parcours exceptionnel de trois cheffes d’orchestre marquant une nouvelle ère de la musique symphonique, soit Dina Gilbert (directrice musicale et cheffe d’orchestre de Kamloops Symphony et des Grands Ballets), Mélanie Léonard (directrice musicale et cheffe d’orchestre de Symphonie Nouveau-Brunswick et du Sudbury Symphony Orchestra) et Naomi Woo (cheffe d’orchestre assistante de l’Orchestre symphonique de Winnipeg). Vous pouvez y voir les nombreuses façons dont ces trois battantes repoussent les limites de ce milieu autrefois conservateur et qui est aujourd’hui en pleine effervescence.

Pour en savoir davantage sur le long métrage et la profession plutôt méconnue de la direction d’orchestre, nous avons eu le privilège de discuter avec une des trois participantes au documentaire; la cheffe Mélanie Léonard.

Voici le compte-rendu de cet entretien.

 

Que retenez-vous de votre participation à Femmes symphoniques?

C’était génial. (Rires) J’ai une curiosité quasi infinie, donc les expériences nouvelles, les occasions d’être exposée à des situations différentes, je les accueille toujours avec énormément d’enthousiasme. Je suis honorée qu’on m’ait choisie pour participer à ce documentaire. Je suis aussi extrêmement reconnaissante pour l’expérience que j’ai vécue parce que j’ai adoré découvrir tout ce qui se passait derrière la caméra. C’était extraordinaire, l’équipe a été fantastique! J’ai été heureuse autant d’y contribuer que d’observer, d’en apprendre un peu plus sur la réalisation d’un documentaire.

Mélanie Léonard

Pourquoi était-ce important pour vous de participer à cette production?

Je pense que le sujet dont il traite est important et d’actualité. Je trouvais l’angle intéressant parce que je ne peux pas parler au nom de toutes les femmes ou prétendre que mes expériences correspondent à ce que toutes les autres vivent. J’aimais le fait qu’il y avait une pluralité d’opinions représentées. L’angle proposé me paraissait riche et intéressant parce que bien que le sujet des femmes dans le milieu symphonique était abordé avec trois cas particuliers, il y avait aussi une approche globale. On ne parlait pas seulement de cet aspect-là. J’ai eu la chance de montrer l’envers du décor, de ce qu’est le métier de cheffe d’orchestre, de raconter mon expérience du métier, mon approche, la façon dont je me prépare. J’étais aussi heureuse de faire découvrir aux gens tout ce qui se passe quand on n’est pas sur scène. C’était une belle occasion d’exprimer ma passion pour le métier.

 

Quel aspect appréciez-vous le plus de votre métier?

Le partage, autant la communication avec les musiciens que la création, ensemble, sur scène. Je dis toujours que la musique est un art qui vit dans le partage. On le sent dans une salle de concert. Enfin, on va pouvoir revenir à une situation plus normale dans les salles, mais pendant la pandémie, par exemple, j’ai fait des captations qui n’étaient pas devant public. Ce n’était pas du tout la même chose. Il manquait une énergie vitale qui est présente quand on peut partager la musique qui nous anime, notre passion avec les gens. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi une carrière en musique. En fait, c’est plutôt la musique qui m’a choisie puisque c’est le langage avec lequel j’ai toujours eu le plus de facilité à communiquer ce que j’avais de plus essentiel à dire. Le langage musical, c’est universel. C’est le langage des émotions.

Femmes symphoniques

Qu’est-ce qui vous rend le plus fière dans votre parcours?

Je vais vous donner une réponse à deux volets parce que si on parle de fierté, ça peut avoir rapport à nos accomplissements, à notre développement et à notre dépassement personnels, mais ce n’est pas nécessairement ce qui me rend le plus heureuse. Ce que je trouve particulièrement réjouissant, c’est d’abord de pouvoir vivre de la musique et de faire ce qui me passionne, mais en plus, de contribuer positivement à la société, à la communauté, en apportant du bonheur aux gens.

 

Que doit-on faire pour que davantage de filles et de femmes s’intéressent à la direction d’orchestre?

Je crois que le fait que les femmes soient de plus en plus présentes dans le milieu de la direction d’orchestre, et donc que la représentativité augmente, est un signe très encourageant. Un jour, ça fera partie intégrante du paysage en musique classique et ne sera plus quelque chose de rare. La présence de modèles féminins est aussi une influence déterminante pour celles qui s’intéressent à la direction d’orchestre; elles pourront croire plus facilement que le métier est accessible. Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer deux femmes cheffes d’orchestre quand j’ai participé à l’orchestre des jeunes. Cela dit, même si je serais très heureuse que mon parcours puisse inspirer une autre femme à poursuivre cette carrière-là, j’espère aussi que ça pourra inspirer toute personne qui a envie de diriger un orchestre. En grandissant, j’ai eu des modèles à la fois masculins et féminins qui m’ont grandement motivée. Je pense que si on en arrivait là, à une situation où cette carrière est accessible à tout le monde, ce serait fantastique!

 

Mélanie Léonard, merci beaucoup!