Festival d’été de Québec : 50 ans de musique d’ici et d’ailleurs
Caroline Bertrand
22 juin 2018
La foule a pris d'assaut les plaines d’Abraham, à Québec. © quebechebdo.com, gracieuseté de Philippe Ruel
Quel festival québécois peut s’enorgueillir d’avoir réuni depuis ses débuts une pléiade d’artistes allant de Pauline Julien à Kendrick Lamar, en passant par Paul McCartney, les Backstreet Boys et Bérurier Noir? Le Festival d’été de Québec (FEQ), qui célèbre cette année son 51e anniversaire, est un vétéran des festivals en plein air au Canada.
Franco, folk, rock, hip-hop, électro, jazz, musique d’ailleurs : l’éclectisme est un mot d’ordre au FEQ. Des artistes de tous genres ont foulé les scènes intérieures et extérieures du Festival, dont la principale est située sur les majestueuses plaines d’Abraham, gorgées d’histoire. Au fil des ans, des stars internationales ont côtoyé des artistes émergents d’ici, ce qui fait du FEQ un des principaux événements musicaux au Canada. En 2016, le magazine français Les Inrockuptibles le sacrait même meilleur festival de musique au monde.
De Renée Claude à Jean Leloup
En 1968 – année tumultueuse remplie de bouleversements sociaux, de contestations et de revendications –, sept jeunes artistes, avec l’aide de gens d’affaires, inaugurent le FEQ. Leur objectif? Promouvoir l’art québécois populaire sous toutes ses formes : musique, danse, théâtre, chanson…
Un papillon en carton, vendu un dollar, contribue alors à financer l’événement. Il est remplacé en 1973 par le macaron, qui tient encore lieu de laissez-passer officiel. La fleur carrée orange et violet ornant le premier macaron de l’histoire du FEQ constitue le symbole officiel de l’événement durant 16 ans.
Dévoilé en 1973, le premier macaron arbore la fleur du Festival, symbole officiel du FEQ durant 16 ans. Le macaron est toujours employé à ce jour en guise de laissez-passer officiel. © macaronquebec.com
Dès les années 1970, le Festival attire déjà les foules. Toutefois, malgré l’engouement, il connaît pour la première fois des difficultés financières en 1976 – un festival en plein air, qui dépend des conditions météorologiques, comporte après tout une part de risques. Heureusement, des subventions lui permettent non seulement de se redresser, mais également de croître au gré des années.
Les années 1980 annoncent un virage majeur dans la programmation : le Festival s’ouvre maintenant aux artistes africains, européens et américains. Cette période d’effervescence voit également naître la programmation nocturne et un volet consacré aux arts de la rue.
Des festivaliers ont envahi les toits des édifices pour écouter le populaire groupe rock Corbeau, en 1983. © Archives Le Soleil, photo de Jean-Marie Villeneuve
L’engouement pour le Festival pendant les années 1980 est tel que, en 1983, des festivaliers grimpent sur les toits de bâtiments afin de ne rien rater de la prestation du groupe rock Corbeau, qui a propulsé la carrière de la chanteuse Marjo. En 1989, la coqueluche des jeunes Jean Leloup sème l’hystérie au Pigeonnier – aujourd’hui le parc de la Francophonie –; le public en délire franchit les barrières de sécurité pour envahir l’avant-scène. La popularité du FEQ en vient même à surpasser celle du Carnaval de Québec.
La première visite du musicien Jean Leloup au FEQ, en 1989, a semé la cohue. © Archives Le Soleil, photo de Patrice Laroche
Ouverture sur le monde
Au début des années 1990, le Festival souligne son 25e anniversaire en grand avec une ribambelle d’artistes provenant de plus de 20 pays. Depuis, les festivaliers peuvent se déhancher au son de rythmes de partout dans le monde.
En 1998, alors que la scène rock alternative a la cote, le FEQ propose des groupes comme Bran Van 3000, Moist et Grimskunk. À 30 ans bien sonnés, il souhaite ainsi séduire une clientèle plus jeune, férue des festivals de rock qui se multiplient au Québec. C’est au FEQ qu’a notamment lieu, en 1999, l’un des derniers spectacles des Colocs, avant que son chanteur, André « Dédé » Fortin, ne s’enlève la vie l’année suivante.
L’un des tout derniers spectacles du groupe culte Les Colocs, en 1999.
Quelques années plus tard, des vedettes d’envergure internationale commencent à venir faire leur tour. En 2007, le FEQ franchit la barre du million de visiteurs. « Notre modèle d’affaires unique au monde nous permet de rêver à n’importe quoi », confie l’ex-directeur général, Daniel Gélinas, en entrevue à La Presse en 2017.
C’est avec brio que ce festival incontournable réussit le pari d’attirer de grandes vedettes mondiales, tout en faisant rayonner la musique bien de chez nous. Bon anniversaire, FEQ!
L’auteure-compositrice-interprète Klô Pelgag lors du spectacle hommage Desjardins, on l’aime-tu!, en 2017. © Radio-Canada, photo de Véronique Lê-Huu
Le FEQ en chiffres
24 jours
Sa plus longue durée – 1971
13 000 spectacles
Nombre approximatif de spectacles présentés à ce jour
80 000 visiteurs
Nombre de personnes que peut accueillir le site
1,7 million
Nombre record de festivaliers – 2008
1968 en quelques événements marquants
En culture
- L'Osstidcho, avec Robert Charlebois, Louise Forestier, Mouffe et Yvon Deschamps
- Première de la pièce Lesbelles-sœurs, de Michel Tremblay
- Bande originale du film The Graduate
Quelques chansons phares du groupe folk Simon & Garfunkel ponctuent le film The Graduate, de Mike Nichols
- L’album blanc (White Album) des Beatles
- Premier concert en direct de Led Zeppelin
- Premier album de Neil Young
- Films Rosemary’s Baby, Planet of the Apes, 2001: A Space Odyssey et Night of the Living Dead
- Premier baiser interracial à la télévision américaine, dans Star Trek, entre Uhura (Nichelle Nichols) et Kirk (William Shatner)
En politique
- Début de la trudeaumanie
- Fondation du Parti québécois
- Révolte étudiante de mai 68 en France
- Période charnière de la guerre du Vietnam
- Assassinat de Martin Luther King
- Assassinat de Robert Kennedy
- Accession de Nixon (tenant de la loi et de l’ordre) à la présidence américaine
Apprenez-en encore plus en regardant FEQ 68.17 - L'histoire d'un grand festival sur ICI ARTV le lundi 9 juillet à 21h.