LES GLACIERS : MARCHANDS DE BONHEUR

6 juin 2014

J’ai un plaisir coupable : les glaces artisanales. Je ne peux tout simplement pas leur résister! Dès les premiers rayons de soleil du printemps, lors d’une promenade, il n’y a pas meilleure façon pour se rafraîchir que de s'offrir une bonne crème glacée, un sorbet ou un gelato.

L’arrivée du beau temps m’a donné envie de partager avec vous quelques-unes de mes adresses préférées. Je suis donc parti faire une tournée à vélo pour vous faire rencontrer des glaciers et des artisans inspirants.

Suivez-moi et venez découvrir comment est née leur passion pour les glaces, comment ils ont démarré leur commerce et quelles glaces font tourner la tête de leurs clients.

Ripples : 30 ans d'histoire sur la rue St-Laurent 

Ripples

Richard Burnett, le propriétaire et glacier de Ripples.

En face du célèbre restaurant Chez Schwartz's du boulevard St-Laurent, il y a une échoppe de glaces qui a vu défiler tout un pan de l'histoire de cette artère. Il s'agit de Ripples. «Ça fait 30 ans déjà que je suis dans la crème glacée, explique avec enthousiasme Richard Burnett, le sympathique propriétaire et glacier de Ripples, et on célèbre notre 30e anniversaire cette année. Un an avant de me lancer en affaires, j'ai débuté à la maison devant la télévision avec une ancienne machine à crème glacée avec le sel et la glace. La première batch de crème glacée que j'ai faite était aux biscuits Oréo et depuis j'ai toujours fait des glaces. J'ai tout de suite su que je voulais ouvrir un bar laitier .»

«L'endroit où nous sommes appartient à ma famille. L'entreprise de pierres tombales à côté, c'était à mon arrière-grand-père, ensuite à mon grand-père, à mon oncle et maintenant c'est à ma cousine. Mon amour du boulevard St-Laurent a débuté à l'âge de six ans lorsque je venais voir mon grand-père le week-end. La passion pour les glaces vient de mes années de travail dans l'hôtellerie, lorsque j'allais à l'école, dans les cuisines, j'aimais les aliments et aider le chef.»

«Depuis le début, je suis toujours en développement. Il y a toujours des nouveaux produits qui m'inspirent et des saveurs qu'on découvre ou qu'on redécouvre aussi. L'érable et noix par exemple. Il y a six ans, j'avais discontinué cette saveur parce qu'elle marchait moins. Cette année, je l'ai réintroduite et je vois que les jeunes aiment ça. Sur St-Laurent, j'ai une clientèle très diversifiée. À une époque, il y avait beaucoup d'Asiatiques et j'ai ajouté une saveur au thé vert, ensuite il y eu des Indiens en j'ai fait des recettes au chaï et au kulfi. Après, il y a eu une vague arabe et j'ai fait des glaces au halva. Je pense à ma clientèle, je trouve de quels pays les gens viennent et je fais de nouvelles recettes d'un peu partout dans le monde

Ses meilleures glaces

«Moi, je suis un amateur de café. J'aime beaucoup ma glace au moka et au cappuccino. C'est à partir de mes goûts qu'une glace voit le jour. Tu vas mourir pour ma glace au chocolat 6x, tu ne trouveras pas une glace au chocolat aussi intense ailleurs. Aussi, j'aime beaucoup travailler avec les épices dans la crème glacée, comme celle au gingembre sur laquelle plusieurs clients ont une fixation.» De toute évidence, Richard Burnett est un homme ouvert sur le monde et qui a du goût!

Site web de Ripples et page Facebook de Ripples

 

Léo Le Glacier : la brise rafraîchissante à deux pas du parc La Fontaine

Léo Le Glacier

Ludovic Charron, le propriétaire et glacier de Léo Le Glacier.

Dès son très jeune âge, Ludovic Charron est tombé en amour avec les glaces. Au début, c'était avec les twists à la crèmerie du coin de la rue, comme pour la plupart d'entre nous. Et un peu plus tard, lors d'un premier voyage en Italie vers l'âge de sept ans, il découvre les glaces italiennes. «Là, ce fut carrément la passion» explique Ludovic, avec une étincelle dans les yeux. «Le plaisir de profiter des premières belles températures du printemps, de voir les couleurs, les bourgeons, les fleurs et les couleurs des glaces, c'est un bel amalgame. C'est un appel à l'été, au climat agréable.»

C'est après une première expérience de quelques années comme propriétaire d'un glacier en 1999 que la véritable passion de Ludovic pour les glaces s'est confirmée. Une dizaine d'années plus tard, il retourne enfin à sa première passion : «J'ai repris le commerce Léo Le Glacier l'an dernier avec tous ses parfums, toutes ses spécialités comme ananas-basilic, Campari-pamplemousse et j'élabore moi-même des nouveaux parfums. Je nourris donc ici ma passion d'enfant et ma passion des glaces. Je travaille avec des producteurs régionaux et je tends de plus en plus vers le bio pour faire mes glaces.»

Les grands succès

Les parfums préférés de ses clients sont les sorbets framboises-thym et bleuets bio, ses glaces chocolat, chocolat-noisettes et pistaches. Un régal!

Page Facebook de Léo Le Glacier

 

Havre-aux-Glaces : de la mer aux saveurs du marché

Havre-aux-Glaces

Robert Lachapelle, le propriétaire et glacier du Havre-aux-Glaces, en compagnie de son employée Maïa Houle.

Il y a une douzaine d'années, Robert Lachapelle, alors fiscaliste, abandonne son métier pour partir naviguer sur les eaux du monde avec ses enfants pendant une période de 13 mois. «Dans ma tête, je savais que je ferais autre chose à mon retour, me dit-il en sirotant un espresso devant sa boutique du marché Jean-Talon. Quand tu navigues, tu es toujours dans les marchés publics, ce que j'adore. D'ailleurs, j'habitais près du marché Jean-Talon à cette époque.»

Pendant son périple, il rencontre un Belge qui faisait un sorbet à la mangue sur la plage au Bélize. L'idée de devenir glacier lui vient à l'esprit. «Il était quasiment sous son manguier, cueillait ses mangues et faisait son sorbet et je me disais, le manguier on l'a au Marché Jean-Talon, les mangues sont là, tous les arbres fruitiers sont là!  J'ai donc proposé au marché de faire une glacerie où l'on mettrait en valeurs les fruits du marché tout simplement, la matière première qui est sur place. Tout était là, les crèmes d'antan étaient aussi là à l'époque. C'est comme ça que s'est fait le lien entre la plage et mon désir de changer de carrière. D'être au marché quotidiennement et de jouer là-dedans, j'ai toujours le sentiment d'être en voyage. La clientèle qui passe ici vient de partout, ça bouge, c'est dynamique, c'est vivant et les gens sont heureux. Ça fait dix ans que je suis ici et je ne vois que des gens heureux. C'est un milieu de vie qui est passionnant.»

Des incontournables

«Lorsque tu conçois une glace, tu es un peu le premier juge. Il faut que tu l'aimes toi-même au départ. Avec le temps, tu développes des classiques que tu ne peux enlever de ta carte. Chez nous, par exemple, on ne pourrait pas retirer la Caramel brûlé d'érable, qui est une glace saisonnière, ni même le Matcha, le thé vert japonais de Camellia Sinensis. Les gens qui viennent pour ces glaces-là ne mangent que celle-là et ne viennent pas pour autre chose.» C'est ce qu'on appelle des incontournables et c'est pour ça que l'on continue à faire des détours par les marchés Jean-Talon et Atwater.

Site web du Havre-aux-Glaces et page Facebook du Havre-aux-Glaces

 

Kem CoBa : le bijou coloré du Mile End

Kem CoBa

Diem Ngoc Phan et Vincent Beck, les propriétaires, pâtissiers et glaciers de Kem Coba.

Il y a quelques années, après un voyage d’un an à travers l’Asie, Vincent Beck et Diem Ngoc Phan ont eu l’opportunité de trouver un petit magasin sur la rue Fairmount dans le Mile End. Comme ils sont pâtissiers de profession et qu'ils aiment les glaces, ils se sont dit : «Pourquoi pas!» et ils sont devenus glaciers tout simplement comme ça. «Ce qu'on aime, c'est le fait de vouloir découvrir de nouvelles saveurs, de chercher de nouvelles techniques ; nous sommes donc toujours en mode recherche, raconte Vincent. Cette passion est venue d’un quotidien, des gens qui nous parlent de goûts qu’ils ont découverts ailleurs et cela nous donnent des idées.»

«Notre glace qui fait le plus parler c’est beurre salé ! C’est un beurre qu’on caramélise. C’est celle que les gens essayent tout de suite. Ensuite, ce qui fait beaucoup parler de nous, c’est la crème glacée molle. La molle, ça fait partie du patrimoine québécois, mais ç'a toujours été vanille ou chocolat par contre. Nous, on s’est dit que si on fait de la crème glacée de qualité, on va aussi viser la qualité dans les molles. Notre créneau a donc été de développer des crèmes glacées molles faites avec des fruits de saison».

«Ma femme est d’origine Vietnamienne. Si on découpe notre nom, le mot Kem veut dire crème glacée, Co c’est la tante et Ba c’est le numéro trois. Les Vietnamiens ne s’appellent jamais par leur prénom mais par plutôt par leur ordre de naissance dans leur famille. Ma petite nièce, lorsqu’elle parle à ma femme, elle l’appelle toujours CoBa. Kem CoBa c’est donc la crème glacée de la tante numéro trois».

Je peux donc vous dire que la Kem molle maison de la CoBa est vraiment délicieuse, comme toutes ses autres crèmes glacées d'ailleurs.

Page Facebook de Kem CoBa

 

Chez Vincenzo : l’Italie en plein cœur de Villeray

Chez Vincenzo

Vincenzo Vinci, le propriétaire et glacier de Chez Vincenzo. 

Pour Vincenzo Vinci, la passion pour les glaces a débuté à côté du garage paternel. «À 19 ans, j'avais une crèmerie où l'on servait de la crème glacée molle, de la barbotine et des crèmes glacées dures du commerce. Il y avait une crèmerie à côté du garage de mon père à Laval. Je regardais aller la dame qui gérait ça et il y avait quelque chose qui m'intéressait là-dedans. Venant d'une famille d'entrepreneurs, la bosse des affaires était là. Comme mon père était prêt à m'encourager, il m'a endossé et je me suis lancé en reprenant le commerce de cette dame à la fin de son bail. J'ai fait ça pendant un an avant l'université. J'ai aimé mon expérience et ce que j'ai retenu de cette période, c'est que je vendais du bonheur

Après avoir complété son bac, Vincenzo est entré dans le milieu financier et celui des banques. «Pendant toutes les années où j'ai occupé ces emplois, je n'ai jamais trouvé le plaisir que j'avais à la crèmerie à servir des gens qui entraient de bonne humeur et qui repartaient aussi de bonne humeur. Avec les années, j'ai repris contact avec mes racines italiennes et cette idée de crèmerie s'est mutée vers le gelato. Lors de mes nombreux voyages dans la famille en Italie, il y avait du gelato partout et j'ai voulu en apprendre plus là-dessus. À 33 ans, à la banque, mon indice de bonheur était à zéro et je me suis dit qu'il était temps que je fasse quelque chose pour moi.»

Vincenzo a donc fait son plan d'affaires et a suivi sa formation avec une école de gelato de Bologne qui offrait un cours en Amérique du Nord. «Ensuite, je suis retourné en Italie, dans la ville où mes parents ont toujours une maison, à Falerna. Là-bas, il y a une gelateria dont le propriétaire Palmerino Mercuri (photo en haut à droite) a remporté trois fois le prix du meilleur glacier d'Italie. Je suis allé le voir pour lui dire que j'avais suivi un cours et que j'aimerais apprendre encore. Il m'a donc offert de me prendre sous son aile pendant un mois pour me transmettre tout son savoir et j'ai eu un coup de pouce incroyable.»

«Au début, je cherchais un nom. J'avais le goût d'inviter les gens chez nous et de leur parler de mon parcours et de mon expérience, j'ai donc appelé ça Chez Vincenzo.»

Et depuis maintenant un an que Vincenzo sert, pour le plus grand bonheur de ses clients, des glaces classiques italiennes telles que gianduia (chocolat -noisettes), nocciola (noisettes) et pistacchio de Sicilia (Pistache de Sicile).

Page Facebook de Chez Vincenzo

 

Les Givrés : les saveurs déjantés de la rue St-Denis

Les Givrés

Deux des trois partenaires chez Les Givrés : Alexandre Deslauriers, le pâtissier et Julien Lebuis, le barman.

Lorsqu'on arrive chez Les Givrés on ne peut faire autrement que de remarquer, trônant dans la vitrine, la machine à fabriquer des cornets. «C'est un peu la mascotte des Givrés raconte Alexandre Deslauriers, pâtissier et l'un des trois partenaires des Givrés. C'est elle qui nous a permis de boucler la boucle de la fabrication maison, car notre philosophie de travail c'est : "on fait tout!" On savait faire la crème glacée, la pâtisserie, il ne manquait que le cornet classique. C'est ce qui nous a permis de contrôler notre liste d'ingrédients de a à z.»

La passion d'Alexandre pour les glaces est arrivée assez tôt dans sa vie. «Ç'a été mon premier job après le secondaire. J'étais inscrit au cégep et je ne savais pas trop ce que j'allais faire de ma vie. Je revenais d'un voyage en Afrique et j'ai commencé à travailler au Bilboquet sur la rue Bernard avec les anciens propriétaires-fondateurs de la crèmerie. C'est là que j'ai découvert les glaces et je me suis inscrit à l'ITHQ en pâtisserie et maintenant ça fait presque 20 ans que je suis dans le métier.» C'est là qu'il a rencontré Martin Maheu-Picard le glacier et Julien Lebuis, le barman qui tient le bar laitier. «On a chacun pris des chemins différents pendant quelques années, puis on s'est retrouvé avec le désir de créer notre propre entreprise et de laisser aller notre créativité

«Nous, c'est la boutique qui nous intéressait, c'est un bar laitier qu'on voulait. On fait la distribution de nos produits, mais c'est pour pallier au manque de ventes durant l'automne et l'hiver, car nous sommes ouverts à l'année. On ne veut pas vendre La Givrée à travers le monde nécessairement. On veut la qualité d'abord! La qualité du produit fait bien sûr, mais aussi de la source des ingrédients utilisés. En sorbets, on utilise la fraise, la framboise, du bleuet, du cassis, de la rhubarbe du Québec.»

Quelques coups de coeur

«On fait des crèmes glacées de création assez cochonnes! On a la feu de camp, qui est rendue une incontournable. C'est une crème glacée au caramel dans lequel on va mettre des bandes de guimauve grillée faite maison. Là, comme la saison de l'érable vient de se terminer, on a une crème glacée à l'érable sucrée à la tire d'érable que l'on marbre avec du beurre d'érable. On a aussi République de bananesqu'on a fait l'automne 2012 lorsque tous les problèmes de corruption ont commencé à sortir. C'est une crème glacée à la banane avec des morceaux de brownies, sauce caramel avec un crumble.» Si on se fie à toutes les saveurs qu'ils ont développées, on peut dire sans se tromper qu'ils ont beaucoup de créativité. Et leurs glaces créatives sont si bonnes que vous en deviendrez probablement fous.

Site web Les Givrés et page Facebook Les Givrés

 

Carnet d’adresses, par ordre alphabétique :
Chez Vincenzo
500, rue Villeray
Montréal (QC) H2R 1H4
514 508-5031
 
Havre-aux-Glaces
Marché Jean-Talon
7070, rue Henri-Julien
Montréal (QC) H2S 3S3
514 278-8696
 
Marché Atwater
138, av. Atwater
Montréal (QC) H4C 2H6
 
Kem CoBa
60, av. Fairmount Ouest
Montréal (QC) H2T 2M2
514 419-1699
 
Léo Le Glacier
916, av. Duluth Est
Montréal (QC) H2L 1B6
514 564-0131
 
Les Givrés
3807, rue St-Denis
Montréal (QC) H2W 2M4
514 373-7558
 
Ripples
3880, boul. St-Laurent
Montréal (QC) H2W 1Y2
514 842-1697

Un immense merci à tous ses fabricants de glaces, artisans talentueux et glaciers passionnés pour leur disponibilité et pour avoir pris le temps de répondre avec beaucoup de générosité à toutes mes questions.

N’hésitez pas à partager avec nous les adresses et les liens des glaciers de votre quartier ou de votre coin de pays qui valent le détour.