Portrait de l'illustrateur Guillaume Perreault

15 janvier 2018

Un style simple, calculé, avec une touche d'humour. Des images construites de façon précise, dans une composition bien équilibrée. Voici l'univers singulier et humoristique de l'illustrateur Guillaume Perreault. Découvrez en entrevue, pourquoi il dissimule un gnome dans chacun de ses livres.

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Souvenez-vous d'un souvenir de jeunesse qui a pu avoir une influence sur votre choix de devenir illustrateur.

Je pense que c’est un cas classique de «je dessinais tout jeune et je n'ai jamais arrêté». Je dessinais étant enfant, au primaire et au secondaire et quand est venu le temps de choisir une carrière, c’est le design graphique qui l’a emporté! À ce moment, je ne croyais pas qu’être illustrateur était possible ou même viable! Dans mes souvenirs, Voyage à Boisjoli illustré par Tony Wolf m'a marqué. C’est un énorme livre à l’allure d’une valise qui parle principalement de gnomes et d’animaux fantastiques. Je me souviens d’avoir été fasciné par les vues en coupe des inventions et des maisons de gnomes. Ça expliquerait clairement pourquoi je cache maintenant un gnome dans chacun de mes livres.

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Abécédaire fou de la bagnole ©Guillaume Perreault

Décrivez l'atmosphère qui vous permet de trouver vos meilleures idées.

Une bonne musique d'ambiance et un peu de calme. J’aime me concentrer en m’immergeant dans mon travail. Pour trouver mes idées, c’est souvent à l’extérieur que ça se passe. Pendant que je conduis, en voyage, pendant que je parle à un ami en prenant un café. Personnellement, je trouve ça impossible de trouver une bonne idée à fixer mon écran seul chez moi. L’ordinateur est là pour effectuer mon travail, mais ce n’est pas la zone de brainstorm.

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Pupitre2Le Grand Pupitre ©Guillaume Perreault

Vous avez créé une jolie illustration en noir et blanc pour 100 pupitres d'écoles de milieux défavorisés. Parlez-nous de ce projet unique.

C’est une collaboration entre La Pastèque et À hauteur d’homme qui vise à remettre des pupitres en milieu précaire ou défavorisé pour encourager l’apprentissage et la lecture chez les jeunes. L’an dernier, Patrick Doyon signait l’illustration sérigraphiée à l’avant et cette année, c’était mon tour. L’illustration rend le pupitre plus vivant, plus personnalisé et sans oublier le magnifique travail d’ébénisterie du pupitre lui-même. C'est vraiment une belle oeuvre collective qui vise à donner un coup de main à des gens souvent oubliés par le système.

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Le facteur de l'espace ©Guillaume Perreault

D'où vous est venu l'idée du récit Le facteur de l'espace?

Le flash du Facteur est venu à partir de gribouillis dans mon calepin à dessin. Je ne sais pas pourquoi, mais je dessinais des astronautes et en lui ajoutant un petit sac je me suis dit: «On dirait un facteur!» Mon imagination a ensuite déferlé et le projet est né comme ça. L’idée ne me sortait pas de la tête et quelques semaines plus tard entre deux séances de dédicaces au Salon du livre de Montréal, j’ai écrit la première ébauche du script.

Êtes-vous passionné de l'espace? Parlez-nous de vos inspirations pour ce projet que vous avez écrit et illustré.

Pour répondre à la passion et à l’inspiration, oui l’espace me fascine! L’inconnu, la découverte, l’aventure et l’inaccessible par le fait même. Je comprends maintenant pourquoi, étant jeune, la science-fiction me plaisait tant. Et ça ne cesse de grandir en vieillissant! Quoique le futur net, parfait, technologique et impeccable de plusieurs univers me laisse de glace; c’est d’ailleurs ce que je tente de contrer avec Le facteur de l’espace. Dans mon univers, la poste existe encore et tout ça semble bien banal. Pas de téléportation de colis ou rien du genre. Les écrans ont une allure rétro et côtoient des tabourets de bois, des vaisseaux de tôles, et de rudimentaires machines à café. Un rétro futuriste qui fait sourire et qui donne peut être plus d’espoir en un futur moins lugubre.

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Mammouth Rock ©Guillaume Perreault

Vous avez illustré un livre intitulé Mammouth Rock dont la couverture rappelle les fameux Cahier Canada de notre enfance. Parlez-nous du plaisir à illustrer ces histoires à l'univers fantaisiste.

Mammouth rock a effectivement été comme un petit cadeau à illustrer. J’ai joui d’une totale liberté graphique durant la création (merci pour la confiance de la compagnie d'édition La Courte Échelle) et je crois justement que ça se ressent. Effectivement, j’ai fait un retour dans le temps avec nos mythiques cahiers Canada. J’ai repensé à cette esthétique, aux couleurs, à la classe et aux camarades. La mise en page éclatée et variée donne un ton dynamique, mais renforce aussi l’idée que Louis se lance un peu partout dans ses propos. On saute de gauche à droite, on plonge dans son cahier, dans ses notes, on se transporte en classe, du passé au présent. En bref, outre l’illustration que j’ai adoré produire, la mise en page a été un véritable jeu à définir!

Vous avez illustré une série de livres pour enfants intitulée Simon. Parlez-nous de ce travail de collaboration avec Simon Boulerice.

C’est un charme de travailler avec Simon et évidemment avec toute l’équipe de chez Fonfon! À la manière de La Courte Échelle, Fonfon offre une belle complicité et une ouverture avec ses créateurs et ça se ressent dans le travail final. L’idée de la collection vient de Fonfon, soit combler un vide réel dans le monde de la première lecture. La formule «une phrase simple accompagnée d’une image» existe certes, mais la qualité de ses oeuvres laisse souvent à désirer. Le but de cette collection est donc de lier un auteur à un illustrateur et de créer un livre pédagogique, mais beau (haha!). Vraiment, chapeau à l’éditeur! D’ailleurs, cette collection continue de faire jaser en réunissant plusieurs autres duos de créateurs.

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Collection Simon ©Guillaume Perreault

Quelles sont vos inspirations en général?

Le cinéma est une grande source d’inspiration pour moi. C’est vrai, et je mentionnerais de nombreux films ou réalisateurs avant de parler d’auteurs. Ce n’est pas que je ne lis pas, mais je crois que j’ai un imaginaire plutôt visuel. Quand je pense à une bande dessinée que je désire écrire par exemple, je l’imagine sous la forme d'un film avant tout. C’est comme si j’appuyais pause sur la bobine au cadrage parfait pour la case. Le cinéma, la bande dessinée et l’illustration ont des bases très similaires quand on y pense; le cadrage d’un personnage, le plan, l’angle de vue, la transition d’une case à l’autre, les jeux de premier plan et d'arrière-plan, etc. Je pense justement à Wes Anderson et la symétrie de ses cadrages. Mais, on tombe aussi dans la palette de couleurs, le choix des objets et des personnages. David Lynch, par exemple, a toujours des personnages attachants par leur bizarrerie, des univers tordus, mais si familiers à la fois. Les longueurs et les malaises de Kubrick, ça aussi, ça compte dans le storyboard.

Capture d’écran 2018-01-14 à 15.12.00Calendrier 2016 ©Guillaume Perreault

Quels projets futurs se cachent dans la tête de Guillaume Perreault?

J’ai produit beaucoup de trucs jeunesse; des albums, des contes, de la bande dessinée. Je crois que j'aimerais m’attaquer à des projets adultes. Mais bon, ça fait quelque temps que j’en parle et c’est toujours sur la glace. Ça viendra! En attendant, j’ai la suite du Facteur qui ne devrait pas tarder. Sinon qui sait, peut-être de la course professionnelle en moto, un atelier de céramique, ma ligne de vêtements? Le futur nous le dira! 

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