Des artistes à l’impressionnante longévité

Des artistes à l’impressionnante longévité
crédit photo : Fair Play

23 janvier 2023

Vendredi 6 janvier, le chanteur Iggy Pop lançait l’album rock Every Loser, un retour aux sources pour celui qui s’était aventuré dans le jazz récemment. La vedette de la chanson américaine prouve ainsi une fois de plus à son public qu’elle semble avoir trouvé la fontaine de Jouvence puisqu’elle fait paraître cette œuvre à l’âge de 75 ans. Pour mener ce projet à terme, Iggy Pop s’est adjoint quelques musiciens d’exception, comme le bassiste Duff McKagan de Guns N' Roses, le guitariste Stone Gossard de Pearl Jam et le batteur Chad Smith des Red Hot Chili Peppers.

Cette nouvelle nous a donné l’idée de recenser quelques artistes du Québec ayant continué à exercer leur métier jusqu’à des âges vénérables.

Les voici, les voilà!

 

Janine Sutto

Janine Sutto.
crédit photo : Édouard Plante

La comédienne qui s’est malheureusement éteinte en 2017 a connu une carrière tout simplement extraordinaire. Née à Paris en 1921, Janine Sutto immigre, avec sa famille, au Québec en 1929 après que ses parents ont subi de lourdes pertes financières lors du krach boursier de la même année. Elle amorce sa carrière de comédienne en 1940 au sein d’une petite troupe de théâtre. Elle acquiert de l’expérience en jeu au fur et à mesure que les rôles sur les planches s’enchaînent. Durant la même période, elle participe à de nombreuses productions de radioromans, format très populaire dans les années 1940 et 1950. Son excellent travail lui permet même de mettre la main sur le titre de Miss Radio en 1945.

Puis, elle est de plus en plus présente dans le paysage télévisuel de la province et cumule les rôles. Celui de Mademoiselle L’Espérance dans la comédie Symphorien, une émission devenue culte, en fait une vedette du petit écran. Elle est d’ailleurs nommée Miss Télévision grâce à cette interprétation en 1972. Au fil des années, elle participe à de nombreuses productions populaires, dont Les belles histoires des pays d’en haut, Moi et l’autre, Chez Denise, Poivre et sel, Chop suey, Rumeurs et Les Parent.

C’est en 2015, alors qu’elle est âgée de 94 ans, que Janine Sutto joue son dernier rôle à la télé, dans la série Madame Lebrun.

Une comédienne née!

 

Gilles Vigneault

Gilles Vigneault.
crédit photo : Radio-Canada / Mathieu-Catagard

Le chanteur et poète Gilles Vigneault est un véritable monument de la culture québécoise. Celui qui est né le 27 octobre 1928 à Natashquan a fait bien des choses avant de s’adonner à la chanson; il a notamment fondé une revue de poésie après ses études au Petit Séminaire de Rimouski, enseigné le français, écrit pour la télévision et joué au théâtre. C’est finalement en 1960, sur la scène de La boîte à chansons, lieu qu’il a cofondé, qu’il chante en public pour la toute première fois. À partir de ce moment, sa carrière musicale prend son envol : il donne des concerts et lance son premier album, Jack Monoloy, en 1962. L’œuvre lui vaut par ailleurs le Grand Prix du disque canadien CKAC. En 1968, il entame sa carrière internationale en chantant en première partie de Serge Reggiani lors de ses spectacles en France, en Suisse et en Belgique. En 1975, Gilles Vigneault crée la chanson Gens du pays, à l’occasion de la célébration de la fête nationale sur le mont Royal, puis, un an plus tard, il participe au grand concert Une fois cinq en compagnie de Claude Léveillée, Robert Charlebois, Yvon Deschamps et Jean-Pierre Ferland. Les tournées, tant au Québec qu’à l’international, et les albums s’enchaînent par la suite.

En 2008, il se produit en spectacle pour une dixième fois à l’Olympia de Paris, mythique endroit, afin de célébrer son 80e anniversaire. Deux ans plus tard, il fête ses 50 ans de carrière avec un grand concert sur les plaines d’Abraham, à Québec. En 2018, il offre ses dernières prestations devant public lors des supplémentaires de son spectacle Parole et musiques dans quelques salles du Québec, dont la 5e Salle de la Place des Arts, à Montréal. La même année, le Québec en entier souligne le 90e anniversaire de naissance de Gilles Vigneault.

Un grand parmi les grands.

 

Béatrice Picard

Béatrice Picard.
crédit photo : La-production est encore jeune, Karine Dufour

Il y a quelques jours à peine, la comédienne Béatrice Picard annonçait qu’elle ne prêterait plus sa voix à Marge Simpson, célèbre personnage de la série Les Simpson, pour les saisons à venir de l’émission. La nouvelle a beaucoup fait jaser, comme l’actrice faisait ce travail en compagnie de l’équipe de doublage de la version québécoise depuis 1989. Questionnée sur le sujet, Béatrice Picard a mentionné qu’elle avait dû faire certains choix, comme elle ne peut travailler autant qu’avant. Rappelons qu’elle a célébré son 93e anniversaire à l’été 2022.

Bien avant d’accepter de doubler le personnage de Marge, la comédienne a capté l’attention du public québécois en jouant dans des séries télévisées très populaires au moment de leur diffusion, dans les années 1950, dont celles inspirées de l’œuvre de Germaine Guèvremont, soit Le survenant, Au chenal du moine et Marie-Didace. Puis, elle a solidifié sa réputation d’interprète de grand talent en étant de la distribution du Petit monde du père Gédéon, de Cré Basile et de Symphorien. Un peu plus tard, elle a joué avec brio dans Virginie ainsi que dans Un gars, une fille, notamment.

On souhaite de tout cœur que la nonagénaire réalise son vœu de poursuivre sa carrière jusqu’à l’âge de 100 ans.

 

Dominique Michel

Dominique Michel.
crédit photo : Fair Play

C’est en septembre dernier que Dominique Michel, de son vrai nom Aimée Sylvestre, a soufflé ses 90 bougies. Pour l’occasion, l’équipe d’En direct de l’univers lui avait préparé une fête à la hauteur de sa réputation. Celle qui est une véritable icône du milieu artistique québécois a connu une carrière exceptionnelle, qui s’est amorcée alors qu’elle était à peine majeure. C’est en effet à l’âge de 19 ans que « Dodo » fait ses premiers pas sur les scènes des cabarets montréalais, salles de spectacle prisées à l’époque. Elle y fait la rencontre de sa future partenaire de jeu par excellence : nulle autre que Denise Filiatrault. Les deux complices ont collaboré durant de nombreuses années par la suite sur une multitude de productions, autant sur scène qu’à la télévision. Les deux moutures de la série Moi et l’autre ont certainement contribué à cimenter cette relation amicale et professionnelle.

En 1957, elle se rend dans un studio new-yorkais pour enregistrer la chanson En veillant sur l’perron, écrite et composée par Camille Andréa. L’œuvre connaît un succès monstre : plus de 100 000 exemplaires du 45 tours comprenant la chanson sont vendus. Malgré cet exploit, c’est en jouant la comédie et en interprétant mille et un personnages, notamment lors de revues d’année à la télévision, que Dominique Michel se fait une place dans le cœur du public de la Belle Province au cours des années 1960. En tout, elle participe à 17 Bye bye. Elle est d’ailleurs reconnue pour avoir dit à maintes reprises qu’il s’agissait de sa dernière participation à la populaire revue d’année… avant de revenir sur sa décision!

En novembre 2019, Dominique Michel annonce qu’elle quitte le milieu artistique après y avoir consacré plus de 60 années de sa vie.

Une légende vivante, rien de moins!

 

Oscar Peterson

Oscar Peterson.
crédit photo : Lemayf

Le Montréalais Oscar Peterson est reconnu comme l’un des plus grands pianistes de l’histoire de la musique. C’est dire à quel point il avait du talent pour l’instrument qu’il a apprivoisé dès le jeune âge de 5 ans, comme le souhaitait son père, qui prônait l’apprentissage musical chez ses enfants. Le jeune garçon fait ses classes et développe très vite des aptitudes extraordinaires pour pianoter. En 1945, il lance ses premiers albums après avoir signé une entente avec une maison de disques. Puis, Oscar Peterson enchaîne les enregistrements en produisant notamment pas moins de 16 albums en 4 ans!

À la fin des années 1940, le pianiste fait une rencontre d’importance, quand Norman Granz découvre son talent à la radio et propose au musicien de devenir son agent, ce qu’il accepte. L’union entre les deux hommes propulsera la carrière d’Oscar Peterson et en fera une vedette du jazz internationale. En 1949, le Montréalais séduit le public new-yorkais lors du concert Jazz at the Philharmonic, un spectacle présenté au Carnegie Hall, salle réputée à travers le monde. S’en suivent des collaborations avec des artistes de grande envergure, comme Ella Fitzgerald, Billie Holiday et Louis Armstrong. Au cours de sa carrière, l’homme de jazz remporte de nombreux trophées, dont sept prix Grammy, qui le récompensent pour son travail exceptionnel. Il est aussi honoré par diverses institutions qui souhaitent souligner son apport inestimable au milieu des arts; par exemple, en 1990, un prix créé par l’organisation du Festival international de jazz de Montréal porte son nom. Le musicien redonne aussi à la communauté en encourageant la relève musicale tout au long de sa carrière; il donne des cours, fait du mentorat et va même jusqu’à cofonder une école de musique à Toronto en 1960.

Après avoir subi un malaise qui l’affaiblira physiquement en 1993, Oscar Peterson persévère et continue à éblouir le public avec ses prouesses musicales jusqu’au début des années 2000. Il meurt le 23 décembre 2007 à l’âge de 82 ans.

Un pianiste comme il s’en fait peu.

 

Voilà qui complète notre recension de quelques artistes ayant connu des carrières très longues.

À bientôt pour un autre billet de la série insolite!