Jane Birkin en 6 faits marquants
Claire-Marine Beha
1 décembre 2023
Figure incontournable de la chanson et du cinéma français, l’Anglaise Jane Birkin a marqué plusieurs générations depuis ses premiers succès, dans les années 1960. Née à Londres, le 14 décembre 1946, elle s’est éteinte le 16 juillet 2023 à l’âge de 76 ans. Celle qui a charmé le monde entier avec son accent britannique, sa candeur et sa polyvalence, a cumulé les productions artistiques. Chanteuse, actrice, scénariste, réalisatrice, mais aussi militante et icône de la mode : retour sur le riche parcours de Jane Birkin.
Premiers pas au cinéma en pleine effervescence des années 1960
La carrière cinématographique de Jane Birkin débute en Angleterre en 1964, quand elle se joint à la distribution du film Le knack... et comment l'avoir, de Richard Lester, une œuvre emblématique de la vitalité culturelle londonienne des années 1960. Elle tourne ensuite dans Blow Up, de Michelangelo Antonioni, qui remporte la Palme d'or au Festival de Cannes en 1967. Elle y joue une mannequin dont on aperçoit à l’écran le corps nu, une scène sulfureuse qui fait écho à la révolution sexuelle en cours.
Son couple mythique avec Serge Gainsbourg
Alors que la jeune comédienne tente sa chance en France, elle rencontre l’auteur-compositeur-interprète Serge Gainsbourg, de 18 ans son aîné. Pendant une décennie, les deux artistes vont former un couple très médiatisé qui va enchaîner les productions musicales. C’est sans conteste la chanson Je t’aime… moi non plus (1969), que le musicien avait initialement écrite pour Brigitte Bardot, qui va faire connaître Jane Birkin au public francophone.
Le journal du Vatican qualifie d'obscène la chanson, qui cesse d’être diffusée sur les radios italiennes, suédoises et espagnoles. Malgré la censure, l’album Serge Gainsbourg – Jane Birkin, sur lequel se trouve l'œuvre très explicite, se hisse au sommet des palmarès.
Serge Gainsbourg et Jane Birkin en juillet 1971. Crédit : Hulton Archive/Getty Images.
De leur union naît une fille, Charlotte Gainsbourg, en 1971. La même année, Jane Birkin chante sur l’album Histoire de Melody Nelson avec son conjoint. Mais malgré le charisme du couple, ses réussites et sa popularité, leur relation est tumultueuse et marquée par l’alcoolisme et les frasques de Serge Gainsbourg. Après leur rupture, Jane Birkin continuera d’interpréter des chansons que son ex-compagnon a écrites pour elle, mais se distancera de son statut contraignant de muse.
Une voix unique dans le paysage musical français
Dotée d’un timbre doux singulier qui lui permet d’adopter le style naïf qui a fait sa renommée, Jane Birkin enchaîne les albums, dont plusieurs seront certifiés or, ainsi que les apparitions à la télévision. C’est à l’âge de 40 ans que Jane Birkin offre sa toute première prestation sur scène, au Bataclan.
À travers les années, elle collabore avec plusieurs artistes francophones et internationaux : du rappeur MC Solaar à Paolo Conte en passant par Rufus Wainwright, Placebo, Étienne Daho, Zazie ou encore Alain Souchon. Celle qui chante autant en anglais qu’en français choisit toutefois la langue de son pays d’adoption pour l’album Enfants d'hiver (2008), dont elle a entièrement écrit les paroles.
Malgré un diagnostic de leucémie en 1998 et plusieurs problèmes de santé par la suite, Jane Birkin a continué de mettre sur pied des spectacles et de collaborer avec d’autres artistes de la musique. En 2021, l’ensemble de sa carrière est souligné par un prix d'honneur aux 36es Victoires de la musique, les récompenses musicales françaises.
Une comédienne accomplie
En plus de ses réussites sur la scène musicale, Jane Birkin mène de front sa carrière d’actrice pour le septième art et le théâtre, en alternant comédies et œuvres au registre dramatique. Sa filmographie comporte environ 70 longs métrages.
Elle tourne dans plusieurs films qui connaîtront un grand succès commercial aux côtés de figures importantes du cinéma : Alain Delon et Romy Schneider dans La piscine (1969), Pierre Richard dans La moutarde me monte au nez (1974) et La course à l’échalote (1975) ou encore Brigitte Bardot dans Don Juan (1973).
L’actrice racontera des années plus tard qu’on l'a enfin prise au sérieux à partir de la sortie de La fille prodigue (1981), de Jacques Doillon, réalisateur avec qui elle aura une fille, Lou Doillon. Selon elle, c’est à la suite du rôle plus sombre d’Anne, qui contrastait nettement avec les personnages d’ingénues qu’on lui offrait généralement, que des cinéastes de la nouvelle vague comme Jean-Luc Godard et Agnès Varda ont désiré travailler avec elle.
D’ailleurs, en plus de réaliser le documentaire biographique Jane B. par Agnès V. en 1988, Agnès Varda va également encourager Jane Birkin à se lancer en tant que scénariste et réalisatrice.
Parmi les films incontournables dans lesquels l’actrice franco-britannique a joué, citons également La pirate, de Jacques Doillon (1984), Daddy Nostalgie, de Bertrand Tavernier (1990), La belle noiseuse, de Jacques Rivette (1991), ou encore Mariées mais pas trop, de Catherine Corsini (2003).
Deux ans avant le décès de sa mère, sa fille Charlotte Gainsbourg lui consacre un documentaire intime dans lequel les deux femmes échangent sur leur relation.
Une femme très engagée socialement
Son père, David Birkin, était membre de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, et l’enfance de Jane Birkin a été marquée par une sensibilisation aux enjeux de justice sociale. Tout au long de sa vie, celle-ci a cumulé les actes militants et n’a pas hésité à manifester au milieu des foules, notamment contre la peine de mort et pour le droit à l’avortement.
Au début des années 2000, la chanteuse engagée s’oppose à la politique d’extrême droite de Marine Le Pen et n’hésite pas à chanter au profit des sans-papiers. Dix ans plus tard, lors des débats entourant l’adoption de la loi en faveur du mariage pour les couples de même genre, Jane Birkin descend dans la rue pour soutenir les communautés LGBQIA+. Face à la crise climatique, elle fait également partie des 200 personnalités signataires d’une tribune réclamant une action concrète de la part du gouvernement français.
Une référence pour la mode
Connaissez-vous le fameux sac Birkin? Création de la luxueuse marque de maroquinerie Hermès, cet accessoire porte le nom de la chanteuse franco-britannique. En 1981, Jean-Louis Dumas, alors directeur général d'Hermès, s’assoit à côté de Jane Birkin sur un vol Paris-Londres. Cette dernière se plaint alors de son sac qui ne convient pas à sa vie bien occupée. Sans savoir à qui elle s’adresse, elle formule le souhait d’avoir un sac à la fois pratique et élégant. Après lui avoir appris qui il est, Jean-Louis Dumas lui propose de dessiner ce sac idéal : un nouveau modèle est alors né, parmi les plus chers au monde.
En 2015, choquée par les conditions dans lesquelles sont abattus les crocodiles pour la confection des sacs, Jane Birkin demande à Hermès de rebaptiser l’accessoire qui porte son nom. L'enseigne n’a pas donné suite à sa requête.
Jane Birkin pendant les années 1970. Crédit : David Thorpe/Getty Images.
Enfin, le style vestimentaire chic, mais décontracté de Jane Birkin a joué un grand rôle dans sa popularité. De sa mini-jupe dans les années 1960 à ses vêtements amples et distingués depuis les années 1990, sans oublier ses looks bohèmes et élégants durant les années 1970, elle a toujours été considérée comme une icône de la mode et a influencé les tendances.
Le documentaireJane Birkin… et nous qui retrace son parcours sera diffusé lundi 4 décembre à 20 h et samedi 9 décembre à 17 h sur ICI ARTV.