5 faits marquants sur Jean Lapointe
Philippine de Tinguy
16 décembre 2022
Artiste engagé aux multiples talents, Jean Lapointe s’est éteint le 18 novembre 2022 à l’âge de 86 ans. Voici cinq faits marquants sur ce monument de la culture québécoise adoré du public.
Les Jérolas
Jean-Marie Lapointe naît le 6 décembre 1935 à Price, dans le Bas-Saint-Laurent. À 12 ans, il démontre déjà l’étendue de son talent comme chanteur et imitateur en s’illustrant dans plusieurs concours. Il se produit ensuite dans des cabarets de Québec avant de s’établir à Montréal en 1954. L’année suivante, celui qui se fait désormais appeler Jean Lapointe rencontre un certain Jérôme Lemay; les Jérolas, contraction de « Jérôme » et « Lapointe », se forment peu de temps après. Le duo comique connaît un immense succès avec des chansons comme Yakety Yak, Charlie Brown, La veillée chez l’père Jos, Matilda ou encore Méo Penché, allant même jusqu’à se produire à l’Olympia, à Paris, et sur le plateau de l’émission américaine The Ed Sullivan Show. Les deux acolytes se séparent finalement en 1974, après 19 ans. La paire se reforme à plusieurs occasions dans les années 1990, avant de faire un retour remarqué en 2011 avec un nouveau spectacle. Malheureusement, Jérôme Lemay est victime d’un malaise lors de la première montréalaise et décède trois semaines après.
Une carrière solo
La fin des Jérolas n’empêche toutefois pas Jean Lapointe de remonter sur scène, cette fois en solo. Il renoue avec le succès avec des spectacles mêlant humour, imitations et chansons, parmi lesquels Rire aux larmes (en 1978), Pour le fun (en 1981) – récompensé par un Félix dans la catégorie spectacle de l'année au Gala de l'ADISQ (Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo) – et En pleine face (en 1983), qui l’amène à se produire en France. Il foulera de nouveau la scène de la mythique salle parisienne en 1985 avec Showman à l’Olympia. En tout, l'auteur-compositeur-interprète enregistrera une vingtaine d’albums sur lesquels se trouvent des pièces comme C’est dans les chansons, Chante-la ta chanson, Si on chantait ensemble, Mon oncle Edmond, Tu jongles avec ma vie et Rire aux larmes.
Des rôles marquants
En parallèle, Jean Lapointe excelle autant à la télévision qu’au cinéma. Sa sensibilité et son naturel lui permettent de se hisser parmi les « acteurs les plus marquants de la cinématographie québécoise ». S’il fait ses premiers pas devant la caméra en 1966 avec Jérôme Lemay dans YUL 871, il commence véritablement sa carrière d’acteur en 1970 dans Deux femmes en or, avant d’enchaîner les rôles dans des comédies comme La pomme, la queue et les pépins ou encore Ti-Mine, Bernie pis la gang. C’est toutefois dans un registre dramatique – notamment dans le film Les ordres, en 1974 – que Jean Lapointe révèle tout son talent. On se souvient aussi de son interprétation de Maurice Duplessis dans la minisérie du même nom sortie en 1977. Alors que ses apparitions à l’écran se font plus rares à partir des années 80, il renoue avec le cinéma au tournant des années 2000. Jean Lapointe remporte d'ailleurs en 2005 un prix Génie (aujourd’hui prix Écrans canadiens) dans la catégorie meilleur acteur dans un second rôle pour Le dernier tunnel, d'Érik Canuel, puis un prix Jutra du meilleur acteur de soutien en 2011 pour À l’origine d'un cri, de Robin Aubert.
Homme politique malgré lui
Même si son père, Arthur-Joseph Lapointe, a siégé comme député libéral à Ottawa pendant 10 ans, Jean Lapointe n’envisage pas au départ de se lancer à son tour en politique. Quand Jean Chrétien lui propose de devenir sénateur libéral, en 2001, il accepte, avec la volonté de changer les choses. Il a notamment porté à maintes reprises un projet de loi visant le retrait des appareils de loterie vidéo dans les bars et les restaurants qui n’a finalement jamais été adopté. Jean Lapointe prend sa retraite en 2010 avec un goût amer, déçu du monde politique et des jeux de pouvoir qui se trament en coulisse, mais surtout conscient de l’existence des deux solitudes. Après neuf ans sous la bannière libérale, il avoue ne pas fermer la porte au souverainisme.
Un artiste engagé
L’artiste aux multiples talents se sera aussi illustré par son engagement social. Aux prises avec un problème d’alcool depuis plusieurs années qui l’amènera à faire plusieurs cures de désintoxication, Jean Lapointe décide de s’impliquer à son tour dans la lutte contre les dépendances. L'homme de cœur inaugure la Maison Jean Lapointe en 1982, un établissement que dirige désormais sa fille Anne Élizabeth Lapointe et qui vise à accompagner les personnes alcooliques dans leur rétablissement. Dans la foulée, il crée la Fondation Jean Lapointe pour financer les activités du centre. En plus d’offrir des programmes de traitements des dépendances, la Maison Jean Lapointe est également un acteur important de la prévention auprès des jeunes.