Joe Fafard en cinq œuvres
Philippe Côté-Giguère
12 mars 2020
Le 16 mars prochain, cela fera exactement un an que le prolifique sculpteur fransaskois Joe Fafard nous a quittés. L’artiste était notamment reconnu pour ses sculptures représentant certains animaux de la ferme, surtout des vaches.
Si son œuvre a été des plus prolifiques, elle demeure tout de même plutôt méconnue du grand public, tout comme lui, qui était un homme réservé et peu extravagant.
À l’occasion de la rediffusion du documentaire Joe Fafard, selfie, à 20 h 30 lundi sur ICI ARTV, nous avons cru bon de montrer quelques-unes de ses sculptures ayant le plus marqué les esprits.
Les voici.
The Pasture, Toronto Dominion Centre, Toronto, 1985
Cette installation, située au centre-ville de Toronto, est certainement l’une des œuvres les plus populaires de Joe Fafard.
C’est à la suite d’une demande de la banque Toronto Dominion, en 1984, qui visait à camper une nouvelle œuvre d’art public sur son terrain que Joe Fafard a proposé d’y disposer sept vaches identiques, couchées sur le sol. Or, comme ces dernières étaient exposées aux intempéries, l’artiste n’a pu utiliser l’argile, le matériau qu’il préconisait jusqu’à ce moment pour réaliser ses créations. Il a donc décidé de couler les animaux en bronze et a eu un coup de foudre pour cette nouvelle façon de faire.
En 1985, Fafard a même ouvert sa propre fonderie à Pense, en Saskatchewan, pour diriger le travail à son rythme et expérimenter la sculpture avec le métal. Ce changement important lui a cependant causé quelques ennuis.
« Ça a été une époque un peu plus difficile, parce que les gens et les collectionneurs étaient habitués à ma céramique, et tout d’un coup, j’arrivais avec des œuvres plus sombres et moins colorées. J’ai tout de même persévéré, et c’est comme ça que j’ai fini par faire des pièces pour l’extérieur. »
– Joe Fafard
Heureusement, il a continué dans cette voie, ce qui a permis à son art de devenir plus accessible en étant exposé dans de grands endroits publics.
Un concours de circonstances comme nous les aimons.
Claudia, Musée des beaux-arts, Montréal, 2003
En 2003, 18 ans après avoir installé les sept fameuses vaches à Toronto, Fafard a récidivé en plaçant une autre magnifique bête en bronze, cette fois aux abords du Musée des beaux-arts de Montréal, sur l’avenue du Musée.
La taille de plus de deux mètres de longueur de cette œuvre intitulée Claudia impressionne les très nombreuses personnes visitant l’endroit chaque année. Rappelons que le Musée des beaux-arts de Montréal est le lieu touristique le plus visité de la métropole, en plus d’être l’établissement d’art le plus ancien du pays (il a été fondé en 1860).
Rarement avons-nous connu une vache aussi populaire.
Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, Québec (2010) et Calgary (2011)
Crédits photo : Ville de Québec
Afin de souligner le 400e anniversaire de Québec ainsi que les relations étroites entre Calgary et la capitale de la Belle Province, les œuvres Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, huit chevaux en acier disposés l’un à la suite de l’autre, ont été mises en place en 2010 et en 2011.
D’abord, les structures en acier créées par Joe Fafard ont été placées dans le parc Notre-Dame-de-la-Garde, aux abords du fleuve Saint-Laurent, à Québec. Puis, un an plus tard, à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau parc provincial au centre-ville de Calgary, ont été installées dans leur lieu permanent les huit sculptures de chevaux adoptant des positions différentes et représentant le mouvement du passé, du présent et du futur.
Les deux villes sont ainsi liées par l’art depuis maintenant 10 ans.
Royal Sweet Diamond, Vancouver, 2000
Si vous avez déjà visité le centre-ville de Vancouver, il est fort probable que vous ayez aperçu le fameux taureau en bronze appelé Royal Sweet Diamond, installé dans la rue Georgia, à proximité de la bibliothèque publique de la ville.
Cette imposante œuvre de bronze trône sur l’endroit depuis l’an 2000 après que le propriétaire de l’immeuble où elle est située l’eut commandée à Joe Fafard. Cet homme, Gordon Diamond, était un grand admirateur de l’œuvre du Fransaskois.
Un taureau qui n’a rien à envier à celui qui se trouve à Wall Street, à New York, si vous voulez notre avis.
Le Jardin de l’esprit, Regina, 1997
Crédits photo : Saskatchewan Network for Art Collecting
Celui qui a été la vedette du documentaire I Don’t Have to Work that Big, produit par l’Office national du film en 1973, a notamment été enseignant en sculpture à l’Université de Regina, de 1968 à 1974. Son alma mater a d’ailleurs souligné sa carrière artistique d’exception en 1989 en lui décernant un diplôme honorifique.
Huit ans après avoir reçu cette mention, Fafard a laissé une autre trace sur le campus de l’école, alors qu’il y a placé son œuvre Le Jardin de l’esprit, un bronze coulé au sable, à l’endroit qu’il considérait comme son sanctuaire.
« Une clairière juste au nord de l’Université de Regina, près du lac Wascana, est devenue mon recoin sacré, mon Stonehenge à moi. Elle renferme mes espoirs, mes déceptions, ma sueur, mes machinations cérébrales, mes efforts et mes plaisirs, ma ténacité, ma persévérance et ma victoire. Cette œuvre, je l’ai conçue, portée et élevée. Et la voici : Le jardin de l’esprit. »
– Joe Fafard
L’œuvre représente l’histoire naturelle et culturelle de la Saskatchewan, en plus d’être un mémorial canadien qui rend hommage aux millions de vies ayant été sacrifiées à la guerre.
Une sculpture à la grandeur de l’être humain qu’était Joe Fafard.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sculpteur, nous vous invitons à ne pas manquer la diffusion du documentaire Joe Fafard, selfie, le lundi 16 mars à 20 h 30 sur ICI ARTV.