Comment Léon Roy et Mélina Landry se sont rencontrés au Manitoba
Catherine Dulude
14 décembre 2021
Léon Roy, originaire de Saint-Isidore-de-Dorchester au Québec, a quitté très tôt son domicile familial pour une vie d’errance, notamment aux États-Unis, avant de s’établir dans l’ouest du Manitoba. Gabrielle Roy y fait référence dans son récit Mon héritage du Manitoba, qu’on retrouve dans le recueil Fragiles lumières de la terre.
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[…] un homme, parti lui aussi du Québec, immigré aux États-Unis, s’y étant forgé à travers les emplois les plus divers une expérience vaste comme la vie, un self-made-man, dirait-on aujourd’hui, maintenant à la veille de rentrer au pays à la frontière du Manitoba (Extrait de Fragiles lumières de la terre, « Mon héritage du Manitoba », p. 158-159)
C’est là qu’il y rencontre Mélina Landry, dont les parents sont de Saint-Alphone-Rodriguez au Québec. Le père de Mélina, tard dans sa vie, plie bagage et déménage avec sa famille dans l’une des colonies catholiques de l’ouest du Manitoba, dans la région de Saint-Léon et Somerset. La communauté francophone y est diversifiée par l’arrivée de familles françaises et belges, de telle sorte qu’aujourd’hui l’accent demeure unique dans cette région de la province.
Gabrielle Roy s’inspire de ce périple, si souvent raconté par sa mère, et dont on retrouve des échos dans de nombreux textes qui reprennent le thème de l’appel au voyage qui la déchire toute sa vie. Voici un extrait de Mon héritage du Manitoba.
Mes grands-parents maternels, originaires d’un petit pays perdu dans les contreforts des Laurentides, au nord de Montréal, un beau jour quittèrent tout ce qui avait été jusque-là leur vie pour répondre, comme tant d’autres à l’époque, à l’appel de l’Ouest, s’en allant prendre homestead au Manitoba. (Extrait de Fragiles lumières de la terre, « Mon héritage du Manitoba », p. 153)
Pour la mère de Mélina, c’est un grand changement qui l’aura toute sa vie durant complètement bouleversée, comme en témoigne ce passage du récit La route d’Altamont p. 138 du recueil du même nom.
Je ne sais pas pourquoi je me mis à l’interroger au sujet de grand-mère.
— Fut-elle disputeuse toute sa vie ? Ou cela ne lui vint-il que sur le tard? Maman parut secouer un rêve.
— C’est curieux que tu me parles d’elle au moment où je songeais à quel point elle dut être seule parmi nous tous, ses enfants et son mari, qui étions pour ainsi dire d’une race différente. J’aurais voulu la rappeler sur terre un moment au moins, pour tirer les choses au clair avec elle…
— Mais grand-père, avec ses rêves qu’elle ne voulut jamais partager, lui aussi a dû se sentir seul…
Bien que les parents de Gabrielle Roy n’aient pas eu une vie conjugale enviable, les tensions et la mésentente étant abondamment rapportées dans la biographie de l’autrice signée François Ricard, ils ont tout de même fondé une famille qui a finalement déménagé à Saint-Boniface, alors petite ville voisine de Winnipeg, la capitale manitobaine.
Ils s’épousèrent, comme on le faisait alors, pour la vie, pour le meilleur et pour le pire, acceptant d’avance les enfants que Dieu trouverait bon de leur "envoyer". (Extrait de Fragiles lumières de la terre, « Mon héritage du Manitoba », p. 159)
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