Les oeuvres utiles de Tire le coyote
Thomas Dallaire-Boudreault
28 février 2020
L'art comme réparateur de vie? La journaliste culturelle Émilie Perreault nous prouve une fois de plus l'utilité du rôle des artistes dans notre société avec la deuxième saison de Faire oeuvre utile. Encore une fois cette année, vous plongerez dans l'histoire de huit personnes qui ont vu leur vie transformée grâce à l'oeuvre d'une ou d'un artiste. ICI ARTV vous propose de refaire l'exercice avec les invités de l'émission. Cette semaine, l'auteur-compositeur-interprète Tire le coyote nous partage ses « oeuvres utiles ».
Ne ratez pas la deuxième saison de Faire oeuvre utile le vendredi à 20h et en rediffusion le dimanche 18h, lundi 23h30, mercredi 10h et jeudi 11h sur ICI ARTV.
TIRE LE COYOTE
Quelles sont les oeuvres ou les artistes qui vous ont été utiles dans votre vie?
« Il y en a plusieurs, mais je pense que l’artiste qui m’a influencé le plus autant dans ma vie que dans ma manière d’aborder ma carrière musicale, c’est un chanteur qui s’appelle Jeff Tweedy, leader du groupe Wilco. C’est un groupe de Chicago. Je les ai découverts avec un album qui s’appelle A Ghost Is Born, qui est sorti en 2004. Je me souviens très bien qu’à cette époque, c’était encore le temps des postes d’écoute chez Archambault. Je ne savais absolument rien de ce groupe-là et je suis tombé un peu par hasard là-dessus. La manière dont cet album avait été enregistré, ça m’avait fait un effet monstre. Le mélange de folk, de rock et de chansons un peu à la Beatles m’avait vraiment frappé.
J’étais un peu en retard! Le plus gros succès de la formation datait déjà de deux ou trois ans auparavant. Beaucoup de gens les connaissaient déjà, même à la fin des années 90. Je le les ai jamais lâchés après. Ce band existe depuis 25 ans et je les suis encore autant. Je les ai vus plusieurs fois en spectacle, particulièrement Jeff Tweedy à Burlington en spectacle solo avec sa guitare il y a deux ans. Ça a été un spectacle marquant pour moi. De voir son artiste préféré en version dépouillée et intimiste, c’est très spécial. En plus, j’étais direct en avant!
Jeff Tweedy est celui qui compose et qui écrit toutes les chansons de Wilco. C’est quelqu’un sur qui j’ai beaucoup lu. Je me posais énormément de questions sur sa musique, alors je me suis mis à lire sur sa vie personnelle. Il a sorti ses mémoires, que j’ai dévorés. Il parle de cette époque de la fin des années 90 et début 2000, période dans laquelle j’ai découvert son groupe. C’est quelqu’un qui a aussi eu beaucoup de problèmes reliés à la dépression et l’anxiété, des problèmes de consommation aussi. C’est quelqu’un qui , en même temps, donne toujours une grande source d’espoir dans ses chansons. Il semble très transparent là-dedans. Je sentais que ses chansons étaient toujours très personnelles, sans me douter à quel point. C’est en lisant sa vie que je l’ai su, finalement.
Son approche honnête et transparente m’a toujours fait énormément de bien, tant au niveau musical que dans ma vie personnelle. Il m’a inspiré dans ma manière d’aborder les chansons et dans ma volonté d’être complètement transparent quand j’écris. De ne pas filtrer quoi que ce soit. »
Je me dis qu’aujourd’hui, après toutes ces années où Tire le coyote existe, je me fais souvent dire que mes chansons font du bien. Et ça me ramène toujours à Jeff Tweedy et de ce sentiment que j’avais à l’écoute de certaines de ces chansons. C’est peut-être ça le rôle d’un artiste? De dire à l’autre :
« t’es pas tout seul! »
-Tire le coyote
Que retenez-vous de votre rencontre avec Laurence et de votre participation à Faire œuvre utile?
« Pour ma part, c’est comme un double sentiment. T’es extrêmement fier parce que dans n’importe quel domaine, peu importe ce que tu fais dans la vie, tu as envie que les gens apprécient ton travail. Quand tu écris des chansons et que tu essaies d’être le plus honnête possible dans le processus et qu’on te dit que telle chanson ou telle œuvre m’a changé, m’a fait du bien ou m’a permis d’avancer, ça donne un sens à tous les efforts et toutes ces années de travail.
En même temps, d’être en face de la personne qui te dit ça, il y a un certain malaise parce qu’on se dit : « Voyons, ça se peut pas. Je ne peux pas avoir cette importance-là! » C’est comme si c’est trop gros. Une trop grosse dose d’amour qui arrive sans avertir. Mais une fois que cette dose émotionnelle là est passée, je me souviens pendant le tournage de l’émission à quel point je me sentais bien et fier. C’est comme si je rendais compte concrètement que j’avais un peu réussi ce pour quoi j’ai toujours voulu faire des chansons. »
Tire le coyote et Alexandra Stréliski interprètent la chanson Jeu vidéo
pour en savoir plus
Site officiel de Tire le coyote
Tire le coyote, le poète-chanteur du Québec
Tire le coyote vise la simplicité