Nos livres québécois préférés de 2016

1 décembre 2016

Parmi toutes les excellentes parutions des douze derniers mois, en voici une quinzaine qui ont conquis les membres de notre équipe. Pour découvrir tous nos coups de coeur culturels 2016 et ceux des têtes d'affiche d'ICI ARTV, consultez notre rétrospective culturelle chaque jour jusqu'au 24 décembre.

 

voies-de-la-disparitionLes Voies de la disparition par Mélissa Verreault (La Peuplade)

L'auteure de L'angoisse du poisson rouge revient en grande forme deux ans plus tard avec une passionnante saga où le passé et le présent s'entremêlent, et où la fiction fait écho à l'Histoire avec un grand H. Avec un récit incroyablement bien construit et des protagonistes incarnés et attachants, Les voies de la disparition est un roman touchant, vivant et empreint de lucidité.

 

 

 

sophie-bienvenu-autour-delleAutour d'elle par Sophie Bienvenu (Le Cheval d'août)

Celle qui nous avait conquis avec ses deux premiers romans intimistes et poignants récidive cette fois-ci avec un audacieux roman choral. Autour d'elle met successivement en scène une vingtaine de personnages conviés pour raconter l'histoire de Florence Gaudreault et de l'enfant qu'elle a donné en adoption. Encore une fois, Sophie Bienvenu frappe fort avec sa plume vive et son sens du mot juste, mais surtout sa fine compréhension de la psychologie humaine.

 

 

 

a-labriÀ l'abri des hommes et des choses par Stéphanie Boulay (Québec Amérique)

Avec son tout premier roman, la «moitié blonde des soeurs Boulay» (c'est elle qui le dit, pas nous) inaugure la nouvelle collection «La Shop» dirigée par Stéphane Dompierre chez Québec Amérique. La narratrice du roman est une petite fille plutôt mésadaptée, sans nom ni âge, qui vit dans une région reculée avec Titi, une femme dont on ne saisit pas trop bien s'il s'agit de sa mère ou de sa soeur. La vie qu'elles mènent est banale, mais le regard que la jeune fille pose sur son univers, lui, ne l'est pas. On se laisse vite charmer par l'étrange poésie qui émane de cette oeuvre aux accents ducharmiens. L'auteure s'amuse à jouer avec le langage en en inventant presque un nouveau. On reconnaît les mots, on en comprend le sens, mais la syntaxe est habilement déconstruite, les métaphores sont inusitées, on oscille sans cesse entre dureté et naïveté. Malgré son caractère un brin décalé, le tout est parfaitement cohérent et rend la jeune narratrice d'autant plus réelle et attachante.

 

impurete-tremblayL'impureté par Larry Tremblay (Alto)

Une romancière à succès meurt, laissant derrière elle un manuscrit inédit, qui chamboulera la vie de son veuf et le forcera à faire face à un passé qu'il aurait préféré oublier à jamais. Entre mises en abyme et faux-semblants, de trahison en vengeance, l'auteur de théâtre et romancier s'amuse encore à jouer avec notre tête, et, comme chaque fois, on en redemande.

 

 

 

 

synapsesSynapses par Simon Brousseau (Le Cheval d'août)

Une des meilleures surprises de l'année. Avec ce recueil de micro-fictions, le jeune auteur (finaliste au prix du récit de Radio-Canada en 2015) confirme l'étendue de son talent, sa stylistique sans faille et son sens du récit redoutablement efficace. Les quelque 200 histoires qui composent le livre sont autant de portraits instantanés, moments extraits de la vie d'humains anonymes et hétérogènes. À déguster lentement ou à avaler à grandes bouchées, selon l'envie du moment.

 

 

 

deterrer-les-osDéterrer les os par Fanie Demeule (Septentrion)

Malgré la dureté du propos et la souffrance qui transpire du début à la fin de ce livre, on en tourne les pages sans relâche, alors que l'auteure nous invite à entrer dans l'intimité d'une jeune femme atteinte de troubles alimentaires. Avec son écriture juste et maîtrisée, souvent poignante, ce livre troublant fait l'effet d'un coup de poing et permet de mieux comprendre les mécanismes de ces troubles, qui vont bien au-delà du simple désir de mincir.

 

 

 

okanaganOkanagan par Sara Lazzaroni (Leméac)

Un fougueux roman de la jeunesse et de la soif de vivre, où un voyage entrepris pour fuir une déception amoureuse devient forcément une sorte de voyage à l'intérieur de soi. Sara Lazzaroni, dont c'est le deuxième roman, possède une plume remarquablement efficace. Certains passages du roman sont d'une beauté à couper le souffle et valent à eux seuls le détour.

 

 

 

 

poids-de-la-neigeLe poids de la neige par Christian Guay-Poliquin (La Peuplade)

Il y a quelque chose d'hypnotisant dans ce magnifique roman, un huis-clos où se ressent la rigueur étouffante de nos hivers implacables. L'action prend forme au milieu de nulle part, dans une maison abandonnée située à des kilomètres de la moindre civilisation, comme une île déserte en pleine terre ferme, enterrée sous la neige. Un jeune homme devient temporairement invalide après un accident de voiture grave. Un vieil homme, qui préférerait être ailleurs, a la responsabilité de s'occuper de lui. Ils n'ont aucun contact avec l'extérieur de leur isolement. Leur relation en est une d'étrange dépendance, mêlée de ressentiment. Bientôt, ils manqueront de tout et leur survie sera de plus en plus hasardeuse.

 

 

oscar-de-profundisOscar de Profundis par Catherine Mavrikakis (Héliotrope)

Dans un Montréal post-apocalyptique glauque à souhait, où les inégalités sont à leur comble et où tous les dangers guettent les moins nantis, la révolte gronde. Cate, une des meneuses des hordes de miséreux qui hantent la ville en ruines, fomente un plan pour attirer l'attention des puissants sur le chaos qui règne. Ce plan s'articule autour d'un être qui représente bien la décadence des riches et des puissants : Oscar de Profundis, chanteur populaire, vedette internationale, abonné impénitent aux drogues et au sexe, personnage paradoxal s'il en est un. L'espoir peut-il encore renaître dans ce monde amoral et sinistre?

 

 

royalRoyal par Jean-Philippe Baril-Guérard (Les éditions de ta mère)

L'obsession de la performance serait-elle la maladie du siècle? Dans la Faculté de droit de l'UdeM, où est inscrit le protagoniste anonyme et singulièrement antipathique de Royal, en tout cas, elle semble être la seule vérité. Vautré dans son privilège, gavé aux stimulants et aux antidépresseurs, étouffé par les normes sociales et l'importance du paraître, c'est un antihéros fort triste et cynique qu'on nous montre ici, mettant en lumière un univers franchement sinistre. Qu'à cela ne tienne, on y plonge avec fascination.

 

 

 

mixtapeUn mixtape en héritage par Marie-Lyse Paquin (Québec Amérique)

Nouvellement orpheline, une femme utilise la musique pour revisiter ses souvenirs et comprendre d'où elle vient, qui elle est. Dix-sept chansons de tous les horizons musicaux sont évoquées pour raconter autant d'anecdotes introspectives gorgées d'émotion brute, mais racontées avec pudeur. Ce récit par bribes explore habilement les thématiques du deuil et de la perte de repères. Beau et souvent bouleversant.

 

 

 

 

plongeurLe Plongeur de Stéphane Larue (Le Quartanier)

Ce premier roman nous entraîne dans un univers méconnu et étrangement fascinant, celui des cuisines de restaurants. Un étudiant en graphisme pris dans la spirale infernale du jeu compulsif postule un peu au hasard sur un emploi de plongeur dans un restaurant chic de l'avenue du Mont-Royal. Il y fait la connaissance de personnages surprenants, dont certains trempent dans des magouilles bien louches. Entre le rythme effréné du restaurant et la découverte du monde de la nuit sombre, inquiétant, mais pas moins attirant, le narrateur ira à la rencontre de lui-même.

 

 

 

nouvel-ongletNouvel onglet par Guillaume Morissette (traduit de l'anglais par  Daniel Grenier, Boréal) 

Roman écrit à l'origine en anglais, par un francophone pure laine originaire du Lac-Saint-Jean, Nouvel onglet met en scène Thomas, un jeune professionnel de l'industrie du jeu vidéo et aspirant poète, qui évolue dans les milieux anglophones de Montréal. Las de son emploi, en proie à un certain spleen et à ce qu'on pourrait appeler une «crise de la mi-vingtaine»,  Thomas rejette peu à peu les valeurs conventionnelles et semble rechercher la jeunesse éternelle, qui rime ici souvent avec précarité. Le récit de ses tribulations quotidiennes est émaillé de réflexions et d'observations poético-philosophiques somme toute fort lucides.

 

vox-populiVox Populi par Patrick Nicol (Le Quartanier)

Ce très court  roman de l'auteur sherbrookois s'articule autour du quotidien sans gloire ni grande joie de Marc, un homme d'âge moyen que sa femme a quitté, qui occupe un emploi dont l'obsolescence semble programmée et qui souffre de sentir que sa fille unique s'éloigne de lui. Marc est ordinaire, terriblement ordinaire. Il a des opinions sur tout et son contraire et a le sentiment d'être constamment sous-estimé. Il est amer. Le roman est cynique, certes, déprimant, peut-être, mais formule une critique efficace de la médiocrité et de la perte de repères dans un monde en changement où on est bombardé par l'information.

 

 

Quels ont été vos romans québécois préférés cette année?