Ces oeuvres où les narrateurs sont des enfants
Katia Landry
17 novembre 2015
Vous connaissez certainement l'adage qui dit que «la vérité sort de la bouche des enfants». Et c'est cette vérité qui nous frappe droit au coeur. Les oeuvres dont les narrateurs sont des fillettes ou des garçons sont donc, en général, des oeuvres marquantes et bouleversantes. Personne ne peut rester indifférent devant un enfant qui découvre la beauté du monde ou qui nous donne sa vision des horreurs de l'humanité.
J'ai récemment vu le film Room: le monde de Jack qui m'a inspiré cette petite compilation de narrateur-enfant. J'ai remarqué quelque chose d'intéressant en faisant mes choix... presque toutes les oeuvres sont, à la base, un roman, qui fut transposé sur scène ou à l'écran!
Room: le monde de Jack
Jack a 5 ans. Il vit avec sa maman dans une petite pièce et n'a jamais mis les pieds à l'extérieur de celle-ci. Imaginez donc l'univers de cet enfant qui n'a que sa mère et imaginez ce que ça fait de, tout à coup, découvrir l'immensité du monde. Pourtant, cette jeune maman vit une grande détresse et de la voir à travers les yeux de son fils, ça vous chavire le coeur. Room est un roman écrit par Emma Donoghue et on en a fait un merveilleux long métrage cette année. Attention cinéphiles, ce film fera sûrement partie des prochaines nominations aux Oscars...
C'est pas moi, je le jure!
C'est pas moi, je le jure! est le premier roman de Bruno Hébert, porté à l'écran en 2008 par Philippe Falardeau et nous faisant découvrir le jeune Antoine L'Écuyer. Le petit Léon est une bombe à retardement qui fait tout pour attirer l'attention. On se délecte de son imagination fertile et on y voit toute la sensibilité d'un enfant abandonné par sa mère et troublé par le divorce de ses parents. À lire et à voir!
To kill a Mockingbird
Ce classique de la littérature américaine est malheureusement toujours d'actualité. Il témoigne des tensions au coeur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis dans les années 30. Raconté par la petite Scout avec une teinte d'humour, ce récit a remporté le Prix Pulitzer pour sa vision universelle sur l'enfance. L'adaptation cinématographique, avec comme tête d'affiche l'acteur Gregory Peck, a aussi connu un grand succès au début des années 60.
Le Journal d'Anne Frank
Le récit autobiographique de cette adolescente juive n'a pas besoin de présentation. Il a fasciné les lecteurs partout dans le monde en raison du destin tragique d'une jeune fille qui n'aura pas pu se construire sa propre vie. Le journal d'Anne Frank nous rappelle les impacts de la guerre sur les enfants et de l'horreur du nazisme. L'écriture si juste et si bouleversante de cette jeune fille est une révélation hautement émouvante. Comme quoi, les mots sont plus fort que tout et que l'écriture peut parfois être salvatrice dans les moments les plus durs.
Extrêmement fort et incroyablement près
Ce roman de Jonathan Safran Foer se penche sur la détresse des familles endeuillées par les attentats du 11 septembre 2001. À travers sa quête impossible et courageuse, mais aussi pleine de sens, Oskar, un jeune homme atteint du syndrome d'Asperger, apprend à faire face à ses plus grandes peurs et à la douleur qu'il porte en lui après une telle tragédie. Cette histoire est magnifiquement interprétée, au cinéma, par Tom Hanks et le jeune Thomas Horn.
La vie devant soi
Que dire de plus que: tout le monde doit lire La vie devant soi au moins une fois dans sa vie! L'histoire de Momo et de madame Rosa nous fait voir le quotidien avec tout ce qu'il a de «peines et de soucis» comme dirait le jeune narrateur. Il y a aussi quelque chose de très touchant dans cet amour entre une vieille femme juive et un garçon arabe vivant à Paris. J'avoue avoir lu ce livre à une époque où je n'avais pas la maturité pour tout saisir. Mon exemplaire de ce roman signé Émile Ajar, par ce cachottier de Romain Gary, est revenu en tête de ma liste de livres à lire prochainement. C'est de ces lectures qui nous apportent quelque chose de nouveau à chaque fois qu'on y replonge.
Beasts of the Southern Wild
La jeune Quvenzhané Wallis est captivante avec son imagination débordante dans Beast of the Southern Wild. Et c'est cette vision de la réalité teintée de l'imaginaire de cette petite qui nous transporte dans une oeuvre si poétique. Un récit initiatique où une petite fille découvre l'équilibre précaire de notre monde.
L'Ombre du vent
Au début de ce roman de Carlos Ruiz Zafòn, le narrateur Daniel Sempere est un jeune garçon qui, à travers un étrange rituel, va avec son père au Cimetière des Livres Oubliés pour adopter un livre. Cette rencontre avec le livre «L'Ombre du vent» changera sa vie et l'entrainera dans les secrets de Barcelone. L'auteur y explose aussi les émois de l'adolescence puisque le narrateur vieillit au cours du roman. Mais ne serait-ce que pour ce moment où le petit Daniel se promène à travers le labyrinthe de livres pour choisir celui qu'il adoptera, cette fiction se mérite une place dans cette sélection d'oeuvres.
Et au pire, on se mariera
Ce roman, écrit sous forme de monologue par Sophie Bienvenu, est complètement poignant. Et c'est pourquoi je triche un peu en l'incluant ici puisque sa narratrice, Aïcha, est une adolescente. Mais Aïcha n'a pas eu une enfance comme les autres. C'est dans son désir naïf d'être considérée comme une adulte par l'homme qu'elle aime, qu'elle démontre à quel point elle n'est encore qu'une enfant. Une enfant qui ne comprend pas qu'elle peut avoir tort et qui ne connait pas les limites des gens ni les siennes. Et au pire, on se mariera a été adapté pour le théâtre et devrait être porté sur nos écrans québécois prochainement. Pour avoir vu la pièce, le récit d'Aïcha est d'autant plus intense lorsqu'elle vous le raconte dans une petite salle de spectacle et que vous pouvez croiser son regard, croyez-moi!