Penny Diving : renaître sans compromis

Penny Diving : renaître sans compromis

11 février 2020

Vous souvenez-vous des Muscadettes? Après deux microalbums, Side A et Side B, parus en 2015, la formation s’est retirée pour créer un son unique, qui lui ressemble davantage. Le changement était tel qu’elle a pris la décision de repartir à zéro avec un nouveau nom : Penny Diving. Cette renaissance aura lieu le 14 février prochain à l’Escogriffe, à Montréal, alors que le premier album du groupe, Big Inhale, verra officiellement le jour sur scène. Rencontre. 

 

Penny Diving, c’est une histoire de famille. Composé des jumelles Chantal et Kathleen Ambridge ainsi que du conjoint de Chantal, Thomas Augustin (Malajube), le groupe s’est retiré en 2016 pour se réinventer. D’ailleurs, c’est seulement une fois bien ancrés dans leur studio maison à Montréal-Nord que les trois artistes ont pu se pencher sérieusement sur leur avenir musical : « Je pense que le changement d’endroit, de vraiment s’installer dans le studio, ça fait vraiment partie du processus créatif de l’album », affirme Thomas Augustin.

 

Comment définir leur nouveau son? Difficile de répondre à cette question. « C’est de la dream pop, mais c’est plus dark. Chantal compose littéralement dans le sous-sol de la maison, un sous-sol en béton! Donc, c’est de la "basement dream pop"! », affirme Kathleen Ambridge, en riant. La voix de Chantal, chanteuse et compositrice principale du groupe, est planante et en parfaite symbiose avec les guitares. Les mélodies sont accrocheuses et bien ficelées. Les sœurs l’avouent d’emblée, elles ont grandement été influencées par la musique grunge et punk-rock des années 1990, particulièrement du groupe emblématique du genre, Nirvana : « Ce qu’on aimait là-dedans, c’est les mélodies de Nirvana. Il créait des mélodies et ça, ça se reflète dans notre songwriting, parce qu’on n’écrit pas juste des riffs. Il y a des mélodies de voix là-dedans. » 

 

Photo : Étienne Paquette


 

Prendre le temps
 

Leur premier album se nomme Big Inhale. Le titre était d’ailleurs choisi avant même de trouver le nouveau nom de la formation : « Ça faisait trois ans qu’on avait le titre », affirme Chantal. «T’sais, on oubliait le titre et plus on avançait dans le projet, on était en plein enregistrement et on se disait encore que le titre "fittait" encore super bien! Finalement on l’a gardé », ajoute Thomas. Quant au nom du groupe, il porte plusieurs significations différentes pour les membres. Pour Chantal et Kathleen,  Penny représente une personne qui plonge, sans hésitation. Pour Thomas Augustin, ça représente la nostalgie ou un jeu d’enfant, celui de lancer des pièces de monnaie dans une piscine, pour la chance.

 

La formation carbure à l’authenticité. D’ailleurs, leur maison de disques de l’époque des Muscadettes n’a pas emboîté le pas lors de son changement de direction. Pour le groupe, il était préférable d’être indépendant que d’aller dans une direction qui allait à l’opposé de ses ambitions artistiques :

 

« Je ne pense pas que tu peux avoir du succès si ce n’est pas aligné authentiquement avec ce que tu veux. De toute façon, si on continuait là-dedans, il y allait inévitablement y avoir un gap de plus en plus grand entre le projet et moi-même. »
- Chantal Ambridge

 

Shotgun, she said, en 2017

Le cœur du projet, c’est elle. Toutes les chansons partent d’elle, et pour que celles-ci voient le jour, elle doit se retrouver seule. Sinon, c’est impossible : « Par exemple, quand Thomas est parti en tournée pendant une semaine et demie, je me suis retrouvée seule à la maison et j’ai composé trois tounes! (rires) C’est bizarre! Même si on est tout le temps ensemble, qu’on est super proches, je dois être seule. » Par contre, une fois la création des chansons entamée, les membres y travaillent à parts égales.

 

Est-ce difficile de travailler en famille? Non, affirment-ils tous : « Il y a beaucoup d’avantages, parce que c’est sûr qu’on est vraiment proches. Donc, des fois la petite diplomatie… y’en a plus », affirme Kathleen, en riant. Pouvoir se dire la vérité en toute honnêteté, sans ressentir le besoin d’être polis, c’est un atout!

 

En 2016, ils ont sorti un premier démo, Divine, chanson qui se retrouve sur l’album lancé au bout de trois années de travail, de composition, de chansons écartées. Même aujourd’hui, alors que l’album est terminé et sorti, certains éléments sont encore en constante évolution : « C’était quand même un long processus. On dirait aussi que nous, en tant que band, on n’est pas du genre à produire pour produire.  Même ces tounes-là, ça fait longtemps qu’on les a écrites et quand on les répète en gang pour des showslive, il y a encore des trucs qui changent un petit peu », affirme Chantal. 



 

« Le premier album, c’est toujours plus long. Maintenant, on sait vraiment plus la direction dans laquelle on veut évoluer. »
- Chantal Ambridge

 

 


Photo : Étienne Paquette

 

La musique anglophone au Québec

 

Thomas Augustin a toujours évolué dans le milieu de la musique francophone avec notamment Malajube, qui a connu un important succès dans les années 2000. C’est avec Penny Diving qu’il plonge dans l’anglophonie musicale au Québec. De son propre aveu, les deux univers évoluent en parallèle et ce n’est pas chose facile : « Les francophones, on est choyés. On peut bien vivre de notre musique, alors que du côté anglophone, que ce soit pour les subventions ou pour les redevances, la pente est plus abrupte, parce que tu es avec plus de monde. Vraiment plus de monde. »

 

Chantal et Kathleen Ambridge sont américaines, nées en Californie. Ça s’entend dans la sonorité, qui est typique de la côte ouest américaine. En écoutant Penny Diving, on remarque tout de suite son potentiel international. Bien que de traverser la frontière ait toujours fait partie de leurs ambitions, les membres du groupe ne préfèrent pas trop y penser pour le moment : « Là, on sort un nouveau projet. T’sais, c’est sûr qu’on aurait aimé ça sortir l’album avec un label, mais on le fait de façon indépendante. Ce n’est pas nécessairement par choix, mais en étant la petite famille qu’on est, on a toujours été un peu loner. On n'est pas du genre à aller chercher du monde dans des cliques. Ça fait en sorte que peut-être on est facile à ignorer! » avoue Chantal, à la blague.

 

 

« It’s still going to be us, but better »
 

Ils déclaraient ceci en 2015, annonçant un changement important dans leur formation. On peut désormais faire le constat de ce changement. Comment se sentent-ils par rapport à cette déclaration d’il y a cinq ans?


Chantal : « C’est exactement comme ça que je me sens dans la vie. On essaie toujours de s’améliorer comme personne, aussi. Même sur le plan de nos relations ensemble, elles sont meilleures qu’avant. Par exemple, avant, Kath et moi, on se chicanait bien plus! Maintenant, tout est plus smooth! Aussi, moi, ce qui fait en sorte que je veux toujours continuer à faire de la musique, c’est que peu importe si ça débouche ou non, je trouve que j’écris de mieux en mieux. Je suis une meilleure musicienne et je suis plus proche de la vision de ce que je veux faire. Donc, c’est motivant. »

 

Kathleen : «Moi, ce que j’aime dans nos tounes, c’est que ça me donne des feels. Et c’est ce que j’aime dans la musique aussi. Les bands et les tounes que je vais vouloir réécouter, ce sont ceux qui ont su me donner des feels. (rires) Et en show live, il y a des tounes qui déménagent. On va faire des trucs différents de l’album. Ça ne sera pas une copie conforme de l’album. »
 

Thomas : « On est vraiment contents. On a fait un disque qui est sans compromis. On n’a pas essayé d’être quelque part, d’être cool ou quoi que ce soit. On a fait un son qui nous ressemble. »

 

La formation  Penny Diving lancera Big Inhalele vendredi 14 février prochain à l’Escogriffe, à Montréal, accompagnée de Reviews et d’Anna Arobas.


Pour en savoir plus :


Page Facebook officielle
Big Inhale est en écoute libre sur ICI Musique