La religion et la colonisation de l’Ouest
Catherine Dulude
14 décembre 2021
L’ouest du pays est bien plus jeune que les provinces de l’Est. En 2020, le Manitoba célébrait ses 150 ans, alors que la ville de Québec a déjà largement passé le cap des 400 ans!
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C’est que la colonisation de l’Ouest s’est faite bien plus tard. Et la religion a eu un grand rôle à jouer. Des missionnaires avaient le mandat de rassembler des francophones catholiques et de les établir dans des « colonies », partout dans l’Ouest, avec l’aide de l’archidiocèse de Saint-Boniface qui, lui, s’est étendu jusqu’à la côte pacifique. C’est d’ailleurs ainsi que les parents de Gabrielle Roy, tous deux originaires du Québec, se sont retrouvés au Manitoba. Pendant la colonisation de l’Ouest, les francophones ont été au rendez-vous pour obtenir leur parcelle de terre qu’on disait riche et prospère.
Le père de Gabrielle Roy, quant à lui, a joué un rôle direct dans la colonisation de l’Ouest, après s’être lui-même installé, vers la fin du 19e siècle, dans le Manitoba tout récemment admis à la Confédération. L’autrice fait référence au travail de son père à plusieurs reprises dans « Mon héritage du Manitoba », l’un des textes qui constituent le recueil Fragiles lumières de la terre .
Mon père était devenu fonctionnaire de l’État, affecté à l’établissement des immigrants sur les terres vierges de la Saskatchewan puis de l’Alberta, tâche dont il s’acquitta admirablement, plein d’une sollicitude toute paternelle envers ces dépaysés dont il ressentait sans doute l’effarement à travers le goût quelque peu amer que lui avait laissé le souvenir de si dures épreuves et de si durs sacrifices pour parvenir là où il s’était hissé. (Extrait de Fragiles lumières de la terre, « Mon héritage du Manitoba », p. 159)
Gabrielle s’inspirera des récits de son père au sujet de ses expéditions dans de nombreuses œuvres. Les Doukhobors, qui sont des membres d’une secte chrétienne russe installée dans l’ouest du pays, frappent tout particulièrement son imagination. Avant de les retrouver dans Rue Deschambault, elle leur a consacré un article dans sa série « Peuples du Canada » qu’on retrouve aussi dans le recueil Fragiles lumières de la terre.
Mon père, alors agent colonisateur de l’Ouest, rentrait de l’un de ses pénibles voyages longs et hasardeux. Il avait le front soucieux, les yeux battus d’insomnie et des gestes, en retrouvant son fauteuil, qui accusaient une profonde lassitude.
— Ne faites pas de bruit, nous enjoignait notre mère. Votre père n’en peut plus. Il revient de chez ses Doukhobors. (Extrait de Fragiles lumières de la terre, « De turbulents chercheurs de paix », p. 29)
D’ailleurs, Gabrielle Roy évoquera, dans cette série, la richesse multiculturelle des Prairies, la célébrant comme la véritable identité canadienne.
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