Les albums étrangers de l'année 2019

Les albums étrangers de l'année 2019

8 décembre 2019

Nous avons demandé à Catherine Pépin, animatrice d’Un nomade dans l’oreille, une émission qui fait une large place à la musique du monde sur ICI Musique, de nous dévoiler ses découvertes de l’année.

Voici ses coups de cœur 2019.


Blick Bassy : 1958

En 1958, Ruben Un Nyobe, premier homme à revendiquer l’indépendance du Cameroun, s’est fait assassiner par l’armée française. Pendant plusieurs années ensuite, on n’a pu prononcer son nom. Blick Bassyconsacre son magnifique quatrième album à cette figure historique du Cameroun, une façon de réhabiliter l’histoire de cet homme engagé et de faire écho aux conflits du monde actuel. Avec sa voix rassurante et soyeuse, et son folk modernisé, il vous raconte l’histoire d’hier et d’aujourd’hui.
 


 

Nola is Calling : à la rencontre des Black Indians

Aux États-Unis, Noirs et Autochtones ont connu des oppressions et revendications similaires. Pour son troisième projet, l’étiquette Jarring Effects voulait célébrer la musique des bayous, mais surtout les Blacks Indians, ces Amérindiens noirs de La Nouvelle-Orléans. Elle a donc réuni des musiciens locaux, d’autres, béninois, pour créer un collectif à l’énergie aussi festive qu’un Mardi gras. Le résultat : un mélange de hip-hop et de bounce, un style apparu récemment et qui additionne jazz, polyrythmies africaines et chants des grands chefs. 
 

 

Leyla McCalla : The Capitalist Blues

Cette année, l’Américaine d’origine haïtienne a présenté son troisième album solo. Installée à La Nouvelle-Orléans depuis 10 ans, elle propose un folk-blues imprégné des musiques créoles de la Louisiane et privilégie toujours les sonorités acoustiques, tout en faisant plus de place aux instruments électriques. Fille d’activistes pour les droits civiques, cette violoncelliste de formation fait cette fois référence au conflit syrien, à l’eau contaminée et aux privilèges des mieux nantis du système capitaliste (comme l’indique le titre) sans négliger l’émotion de la musique et du chant.
 

 

Garifuna Collective : ABAN



Un négrier fait naufrage près des Antilles, des esclaves survivent, et de leur descendance, métissée avec la nation arawak, naît ce peuple Garifuna. Mais leur culture est en voie de disparition. L’UNESCO la qualifie de « chef-d’œuvre de l’héritage oral et intangible de l’humanité ».

 

Heureusement, ce collectif intergénérationnel fait le tour du monde avec sa musique et fait connaître cette langue et cette culture à travers une musique dansante et groovy à souhait.
 

 

Aziza Brahim : Sahari

Elle est née dans un camp de réfugiés sahraouis, a vécu en Algérie, à Cuba puis à Barcelone. Pour plusieurs, sa très belle voix est une découverte récente, alors qu’Aziza Brahim fait de la musique depuis des années. Son parcours a croisé celui de Manu Chao, et maintenant celui de la rockeuse espagnole Amparo Sánchez, qui réalise le nouveau disque, Sahari. Le virage vers les sonorités électroniques ne diminue en rien son militantisme et l’envoûtement qu’on ressent à l’écoute de cette musique du désert, inspirée de son territoire toujours sans statut. La gravité de ce qu’elle chante se mêle à l’espoir de voir les conflits, du Sahara occidental ou d’ailleurs, se résoudre.