Les films canadiens de l'année 2019

Helen Faradji
14 décembre 2019
Antigone, de Sophie Deraspe
La cinéaste adapte librement le classique de la tragédie signé Sophocle pour mieux suivre le destin d’une jeune immigrante qui est déterminée à sauver son frère emprisonné.
Choisi pour représenter le Canada aux Oscars, Antigone n’est pas que la révélation d’une ampleur et d’une puissance inédite chez Sophie Deraspe, il est aussi un film intègre et ambitieux sur la droiture morale et la dignité, portée par une jeune actrice au charisme magnétique : Nahéma Ricci.
Kuessipan, de Myriam Verreault
Deux jeunes femmes qui grandissent ensemble dans une communauté innue. Deux destins à travers lesquels toutes les questions liées au vivre-ensemble se posent avec intelligence et pertinence. Voilà ce qu’a filmé Myriam Verreault en s’inspirant librement du roman de Naomi Fontaine.
En ces temps où l’on s’interroge sur la diversité et la représentation de l’autre au cinéma, Kuessipan se pose comme une œuvre exemplaire. Non pas parce qu’elle respecte la bien-pensance, mais parce qu’elle parvient à mêler avec sensibilité récit intime et collectif. Un film lumineux et tragique à la fois, porté par deux actrices admirables : Sharon Fontaine-Ishpatao et Yamie Grégoire.
La femme de mon frère, de Monia Chokri
Une première réalisation de long métrage, un prix Coup de cœur du jury du volet Un certain regard au Festival de Cannes : Monia Chokri n’a assurément pas raté son entrée dans le merveilleux monde du cinéma.
Entre autres grâce à une Anne-Élisabeth Bossé au meilleur de sa forme dans un rôle de postdoctorante paumée, à une esthétique rétro et à des choix musicaux décalés, mais aussi, et surtout, grâce à un ton doux-amer et singulier, sorte de chaînon manquant entre le côté plus potache d’un Woody Allen et l’ironie intellectualiste de Denys Arcand.
Mad Dog Labine, de Jonathan Beaulieu-Cyr et Renaud Lessard
Pontiac, dans l’Outaouais, en plein automne. Les hommes sont partis à la chasse. Deux petites filles gagnent à la loterie…
Pour leur premier long métrage, financé avec des bouts de ficelle, le duo de réalisateurs s’aventure sur le terrain de la docu-fiction avec humour, tendresse et singularité, tout en faisant découvrir ce territoire jamais arpenté auparavant par le cinéma et deux jeunes non-professionnelles épatantes (Eve-Marie Martin et Zoé Audet).
Genèse, de Philippe Lesage
Un jeune homme découvre que son meilleur ami le trouble. Sa demi-sœur s’amourache d’hommes peu fréquentables. Un petit garçon a son premier coup de foudre. L’amour, toujours l’amour, dans ce qu’il peut avoir de plus beau et de plus terrifiant.
Après Les démons, Philippe Lesage fait le portrait, en trois actes symboliquement reliés entre eux, des amours adolescentes. Entre pulsions, désirs et acceptation, enrobés par une direction photo d’une sensualité troublante, Genèse fait la part belle à ses comédiens : Édouard Tremblay-Grenier, Noée Abita et surtout l’intense et magnétique Théodore Pellerin.