Les films étrangers de l’année 2020
Helen Faradji
7 décembre 2020
Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma
Crédits photo : Pyramide Distribution
En 1770, une jeune peintre est engagée pour faire le portrait d’une jeune fille à marier. Cette dernière refuse, mais développe néanmoins une relation passionnée avec l’artiste.
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, scandaleusement ignoré aux César, le nouveau film de Céline Sciamma est une œuvre rigoureuse et impressionnante, fougueuse et érotique. Axé sur deux femmes rebelles qui refusent une vie décidée pour elles, il est d’une modernité ahurissante et la preuve de la puissance du regard féminin.
Le traître, Marco Bellochio
La guerre de l’héroïne fait rage à Palerme entre les anciens et la famille Corleone, décidée à prendre le contrôle. Menacé, Tommaso Buscetta fuit pour le Brésil. Mais il est arrêté et accepte, pour se protéger, de confier tous ses secrets au juge Falcone.
Un maître du cinéma de 81 ans qui signe un film-monument? Bien sûr, le résultat est aussi grandiose que palpitant. Mais surtout, cette plongée épique à hauteur d’homme dans l’univers mafieux épate par son énergie, sa passion et sa générosité, et surtout par sa réflexion sur l’idée même de trahison, incarnée par le formidable Pierfrancesco Favino.
The Assistant, Kitty Green
Si Jane rêve de pouvoir devenir productrice, elle n’est pour le moment qu’assistante d’un puissant nabab dans une compagnie new-yorkaise. Au cours d’une journée banale, nous constatons avec elle que son emploi consiste également à protéger certains agissements répréhensibles de son patron.
La documentariste australienne Kitty Green signe une première fiction qui dénonce avec puissance le harcèlement systémique au sein de la Weinstein Company, sans jamais la nommer. Refusant tout sensationnalisme, le film détaille une atmosphère – celle du silence et de la terreur insidieuse – jusqu’à glacer le sang.
Sorry We Missed You, Ken Loach
Crédits photo : Sixteen Films, Les Films du Fleuve
À Newcastle, Rick, marié et père de deux enfants, est aux abois. Pour tenter de survivre, il décide de devenir chauffeur-livreur avec un statut d’indépendant. Mais l’entreprise qui l’emploie va vite montrer son vrai visage.
Infatigable pourfendeur des ravages du capitalisme sauvage, Ken Loach s’en prend cette fois à l’ubérisation de nos sociétés dans un film aussi droit que digne, aussi humain que bouleversant. Dans le rôle principal, Kris Hitchen impressionne par sa justesse et son naturel.
Mignonnes, Maïmouna Doucouré
Amy, 11 ans, vit dans la banlieue parisienne avec sa mère et ses frères. D’origine sénégalaise, elle supporte de moins en moins la pression religieuse et les valeurs traditionnelles de sa famille. Elle se lie d’amitié avec une bande de fillettes qui s’entraînent pour un concours de danse.
Notamment récompensé aux festivals de Berlin et de Sundance, ce premier film a fait parler de lui lorsque des esprits mal avisés (qui ne l’ont sûrement pas vu) lui ont reproché d’hypersexualiser des gamines. Ils sont passés à côté d’une chronique intelligente et tendre sur le chemin de croix que peut être l’émancipation des femmes.