Les romans canadiens de l'année 2019

Les romans canadiens de l'année 2019

1 décembre 2019

Ce qu’on respire sur Tatouine - Jean-Christophe Réhel (Del Busso)

Ce qu’on respire sur Tatouine est le premier roman de l’auteur et poète Jean-Christophe Réhel. L’œuvre raconte la vie plus que banale d’un jeune poète atteint de la fibrose kystique : son quotidien, ses amours éphémères, ses emplois plus insipides les uns que les autres, sa vie familiale, sa pauvreté et, bien sûr, sa cohabitation avec la maladie. En filigrane, son imaginaire bien ancré dans l’univers de Star Wars. Sa vie est pathétique et triste, mais drôlement touchante. 

 

Lui-même atteint de fibrose kystique, Jean-Christophe Réhel précise que ce roman n’est aucunement biographique, mais bien une version de ce qu’aurait pu être sa propre vie. Bien que le livre raconte le pathétisme du quotidien du narrateur, l’espoir y est toujours en trame de fond. L’écriture de Réhel touche droit au cœur et ne peut nous laisser insensibles. Paru en 2018, le livre a grandement marqué l’année 2019 en remportant le prestigieux Prix littéraire des collégiens.

 

Les testaments - Margaret Atwood (Robert Laffont)

 

Le dernier roman de la légendaire Margaret Atwood nous replonge au centre de l’univers dystopique de Gilead dans une suite longuement attendue deLa servante écarlate. Le récit du nouveau livre se déroule 15 ans après l’histoire du premier, il est raconté selon les perspectives de tante Lydia et de deux autres personnages bien familiers. 

À l’ère de Trump et d’une exubérante misogynie radicale aux États-Unis, les mots portés sur le papier par Margaret Atwood sont plus percutants que jamais. Trente-quatre ans après la publication de La servante écarlate, l’autrice sait toujours tourner le fer dans la plaie et établir, au cœur de ses écrits, le reflet d’une société balafrée par la haine. 
 

Vos voix ne nous atteindront plusJulien Guy-Béland

Le premier roman de Julien Guy-Béland, Vos voix ne nous atteindront plus, raconte l’histoire d’une jeune femme complètement blasée qui se fait voler son identité par la Sûreté du Québec. Son prénom, très peu commun, est alors attribué à une célèbre femme pirate informatique afin d’hameçonner et de démanteler un réseau de cyberpédophiles. Sa vie, plus que monotone et triste, se voit alors transformée.

Ce roman hors-norme, unique en son genre, parsemé de franglais et raconté au « nous » surprend par son atmosphère claustrophobique. À l’ère où le vol d’identité est plus que jamais d’actualité, cette histoire ne laissera personne de marbre. Un livre qui donne froid dans le dos. Adeptes de théories du complot? Ce roman est pour vous.

 

Anna et l’enfant vieillardFrancine Ruel (Libre expression)

Anna cherche à faire le deuil de son propre enfant. Un enfant qui est toujours en vie, en cavale dans les rues, sans abri. Pourtant, rien ne le prédestinait à un tel sort. Toutes les portes lui étaient ouvertes, jusqu’à un terrible accident. 

En écrivant ce récit, l’autrice et comédienne Francine Ruel nous ouvre une porte sur sa propre réalité. Une lecture déchirante, mais nécessaire, qui nous ouvre les yeux et le cœur. Chaque sans-abri a une mère, quelque part, qui est peut-être morte d’inquiétude et qui, pour survivre, doit faire le deuil d’un enfant encore en vie, quelque part dehors.

 

Les retranchées: échecs et ravissement de la famille, en milieu de course - Fanny Britt (Atelier 10)

Fanny Britt avait conquis un public avecLes tranchées : maternité, ambiguïté et féminisme, en fragments, un essai polyphonique faisant un état des lieux de la maternité pour les femmes d’aujourd’hui nouvellement mères. Ce n’est pas un roman, certes, mais cette démarche littéraire mêlant essai et autofiction mérite d’intégrer ici la suite attendue des Tranchées. L’autrice s’interroge, une fois que sont passées les phases prénatales et postnatales, sur la famille, la cellule familiale, dans son intimité, dans le corps social et dans le contexte néolibéral. La réflexion y est plus intérieure que polyphonique, plus sombre aussi que dans Les tranchées. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, et lorsque les enfants grandissent, que la tribu a pris sa vitesse de croisière – ou plutôt de course! –, les membres se cherchent, et la mère essaie de se retrouver.