Les romans étrangers de l'année 2020

Les romans étrangers de l'année 2020

7 décembre 2020

Ce billet est tiré de la rétrospective culturelle 2020 d’ICI ARTV. Pour lire les autres contenus, c’est par ici.


Voici cinq suggestions parmi les titres alléchants de l’année 2020. Réflexion, désir, injustices, technologie et histoire familiale sont au menu.

 

Yoga, d’Emmanuel Carrère


L’auteur-narrateur désirait écrire un livre « souriant » sur le yoga, mais il publiera plutôt le récit de sa dérive vers la dépression. La chronique de sa pratique du yoga et de la méditation est l’occasion de nous entraîner vers ses questionnements, ses joies, ses déchirements, sa vanité et sa chute. 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce livre est lumineux. Divisé en très courts chapitres, il entremêle les souvenirs plus ou moins récents de la vie de l’auteur et dessine un portrait de l’homme et de ses démons. Une lecture touchante qui raconte la fragilité des êtres humains. Ce livre était l’une des attentes de la rentrée et il m’a réjouie. 

 

Lumière d’été, puis vient la nuit, de Jón Kalman Stefánsson

Jón Kalman Stefánsson décrit la vie dans un village d’Islande, par le biais du quotidien des gens qui l’habitent. On y suit l’indiscrète employée du bureau de poste; le directeur de l’Atelier de tricot, qui change de vie parce qu’il a rêvé en latin; des amants licites ou illicites; Elisabeth, au charisme foudroyant; Jónas, jeune homme fragile captivé par les oiseaux, etc.

L’histoire regorge de détails qui révèlent les personnages et leur vie. La profondeur surgit dans la simplicité des situations. Les réflexions du narrateur sont tour à tour touchantes, poétiques ou hilarantes. Le désir, omniprésent, retenu ou exprimé, illumine ou tourmente nos héros et héroïnes du quotidien. Un roman captivant du début à la fin.

 

Fille, de Camille Laurens

Tout au long de son enfance dans les années 1960, et même au-delà, Laurence comprend qu’il vaut mieux être un garçon. À l’école, en famille, au cours de ballet et même dans les livres, ce constat ne laisse aucune équivoque. Entre blessures et espoir, la jeune Française chemine, comme sa société, vers des jours plus lumineux.   

Ce livre met en évidence le poids des mots et leur importance dans la construction de notre identité. Il illustre de mille et une façons les inégalités passées entre les hommes et les femmes et celles qui persistent encore. Ce roman est aussi porteur d’un espoir incarné par une nouvelle génération de femmes, qui s’accordent le droit d’affirmer qui elles sont et de devenir qui elles veulent.

 

Une machine comme moi, de Ian McEwan

C’est l’histoire d’un triangle amoureux entre un homme, une femme et une intelligence artificielle. Charlie réalise un rêve en faisant l’acquisition d’Adam, un robot qui parle, qui réfléchit et qui sait se montrer critique devant les faiblesses et les travers des êtres humains. Par-dessus tout, il ne peut supporter le mensonge.

L’auteur s’accorde une liberté chronologique amusante. Ainsi, Alan Turing – pionnier de l’informatique – et John Lennon sont toujours vivants. La présence des robots dans l’histoire crée un véritable suspens et pose des questions pertinentes : y a-t-il une place pour eux dans notre monde? Comment nous voient-ils? Ressentent-ils des émotions et quelles en seront les conséquences? 

 

La discrétion, de Faïza Guène

Yamina, une immigrante algérienne, mène une vie discrète en France et courbe souvent l’échine pour être acceptée. Ses filles et son fils, nés dans l’Hexagone, désirent faire leur place autrement. L’intellectuelle Malika, mariée trop jeune, l’explosive Hannah, l’indépendante Imane et le romantique Omar naviguent entre traditions familiales et désir d’émancipation.

L’autrice nous plonge au cœur d’une histoire familiale riche et attachante. Les allers-retours entre l’Algérie, le Maroc et la France nous donnent la pleine mesure du personnage de Yamina. Les défis auxquels font face ses enfants sonnent vrai et nous interpellent. Un livre en forme d’hommage aux femmes et aux mères immigrantes.

Bonne lecture!


Ce billet est tiré de la rétrospective culturelle 2020 d’ICI ARTV. Pour lire les autres contenus, c’est par ici.