Dès le 4 mars sur ICI ARTV, Salebarbes en Acadie nous fait voyager en musique sur les terres acadiennes. Après un passage, l'an dernier, aux Îles-de-la-Madeleine, les cinq comparses de Salebarbes reprennent la route et amènent cette fois-ci leur répertoire festif au Nouveau-Brunswick, entre Bouctouche et Charlo. 

On a le privilège de découvrir les villages d'où viennent Kevin McIntyre, Jean-François Breau et George Belliveau, trois des membres du groupe, ainsi que d’assister à des spectacles avec des invités d’un enthousiasme et d’une générosité extraordinaires : Fred Fortin, Guylaine Tanguay, Patrice Michaud, Marie-Pierre Arthur, etc. Joie de vivre acadienne et rythmes dansants sont au rendez-vous!

Dans le premier épisode, George Belliveau nous invite dans sa famille et on assiste à une réunion musicale des plus touchantes. Il revient sur ce moment marquant.

Bonjour George! Comment s’est déroulé le tournage de ce nouveau périple? 

Tout s'est bien passé! C'était l’été dernier à Bouctouche, un endroit que je connais très bien puisque c’est ici, au pays de La Sagouine, que j’ai fait mes débuts professionnels en musique. Donc c’était comme un full circle si on peut dire! J’avais envie de retourner à Pré-d’en-Haut, mon village, et de faire de la musique avec ma famille. 

C'est émouvant de vous voir chanter au chalet de ton frère. Comment c’était de vivre cette expérience en famille devant les caméras? 

C’est la première fois que je faisais quelque chose comme ça, on est rarement aussi personnel quand on fait de la télévision. Là, on a ouvert la porte à quelque chose de plus intime. La dynamique était différente, mais musicalement, c'était exceptionnel! On n'est pas une famille gênée et je suis content, tout le monde a bien été mis en valeur dans l’émission. 

On peut dire que ma mère a aussi un certain sens du spectacle, ce n’est pas tombé du ciel! C’était le fun de faire de la musique dans ce contexte, car c'est d'elle que vient mon talent musical.

Salebarbes devient de plus en plus un groupe qui collabore et c’est une des choses que j'aime le plus.

George Belliveau lors du tournage de Salebarbes en Acadie. Crédit photo : KOTV.

Vous avez chanté une chanson très significative pour toi, il s’agit de La mer.

Oui, c’est une chanson que j’ai toujours chantée avec ma mère en harmonie, un peu comme on l’a fait au chalet de mon frère. Je me rappelle qu’un dimanche après-midi, j’avais neuf ans et qu’avec ma petite machine à cassettes je m’étais enregistré. J’ai fait l’album de mes plus grands succès cette journée-là! Lorsque ma mère est revenue des commissions, on a continué ensemble et on a chanté La mer. Cette chanson fait partie de ma vie depuis tout ce temps-là. Je considère que c'est notre chanson à nous deux. 

Ta maman était cheffe de chorale, et dans l’émission, on retourne dans l’église de ton enfance. Ce souvenir a d’ailleurs donné naissance à un succès de Salebarbes : Good Lord.

Chez nous, la chorale était obligatoire! Tout le monde devait y aller, même mon père a chanté dans la chorale, ce qui était un exploit. Ce sont pleins d’histoires cocasses qu’on a mises dans la chanson Good Lord, entre autres la fois où je n’écoutais pas car je voulais voir mes amis, alors ma mère m'a donné un coup de bible sur la tête!

Salebarbes en spectacle avec Guylaine Tanguay à Bouctouche. Crédit photo : KOTV.

Ça fait plus de 20 ans que tu as quitté Pré-d’en-Haut, mais tu expliques que le village fait toujours partie de ton ADN.

C'est toute ma jeunesse. C’est drôle parce que Pré-d'en-Haut c'est un tout petit village collé à Memramcook, mais mon père a toujours tenu à dire qu’on venait de Pré-d'en-Haut. Il a même fait en sorte que lors de ma remise des diplômes, l’adresse qu’ils ont indiquée au micro quand ils m’ont appelé soit Pré-d'en-Haut! J'ai donc toujours eu cette fierté, une forte appartenance à mon village que je trouve très beau.

Je n'y vis plus, mais j’y vais assez souvent me ressourcer, chez mon frère, à « la camp ». Passé l’église où on se rend dans l’émission, il y a un magnifique lieu où les rivières se rencontrent, on appelle ça la pointe et c’est l’endroit idéal pour apporter une guitare et écrire, se laisser inspirer par le paysage. Souvent les musiciens pour composer, on retourne dans notre passé, et pour moi c’est là que ça se passe!

Y a-t-il d’autres endroits qui t'inspirent?

J’adore les Îles-de-la-Madeleine, surtout quand on y va avec les frères Painchaud [Jonathan et Éloi Painchaud, membres de Salebarbes] parce qu'ils connaissent tout le monde, leurs amis deviennent nos amis! C’est inspirant, surtout pour Salebarbes car c'est là que tout a commencé. 

Sinon, au Nouveau-Brunswick, aussitôt qu’on vire à droite à Miramichi et qu’on commence à apercevoir des drapeaux acadiens, il y a quelque chose d’invitant. C’est comme une bonne couverte chaude pendant une journée froide, c'est réconfortant!

 Partout dans la péninsule acadienne, je me sens toujours chez nous.

Le groupe au Nouveau-Brunswick. Crédit photo : KOTV.

Tu mentionnes la grande diversité des accents acadiens. Penses-tu que la musique a permis de faire mieux connaître la riche culture de l’Acadie?

Tout à fait. Il y a quelques années, l’accent était moins accepté en dehors de l’Acadie. Mais désormais, on voit plus ça comme une richesse, ça ajoute au plaisir d'écouter nos chansons, ça a une appartenance, une identité forte. Beaucoup d'Acadiennes et Acadiens sont en train de faire de la musique au Québec en ce moment et c’est génial cette visibilité. Plus jeune, on m'a déjà dit de changer mon accent si je voulais avoir une carrière et ça m'avait fait de la peine parce que j'ai toujours eu de la misère. Il faut que ça sorte comme ça sinon ça ne va pas sonner vrai. C’est comme s’il fallait que je nie qui je suis et je trouvais que ça n'avait aucun sens.

Heureusement, maintenant c'est le contraire. Le monde est charmé par l'accent acadien, et non seulement on ne le cache plus, mais on le met en évidence! Le public s'attache à notre langue. Je suis fier d'œuvrer à la faire connaître.

Les liens amicaux du groupe ont-ils été consolidés par vos récentes tournées?

C'est sûr! Rien que les douze derniers mois, on a joué 125 concerts ensemble! Je n’en avais jamais fait autant dans une même année! Le territoire parcouru est assez vaste et le tout était entremêlé d’émissions de télévision, alors j’ai probablement plus vu mon band que ma famille! Mais tout le monde est ami et on est motivés à continuer l'aventure de Salebabes. On était aussi très heureux de recevoir des artistes invités dans l’émission parce qu’on adore jouer avec d’autres musiciens, performer un spectacle qu’on a monté seulement quelques heures avant. C’est des moments rassembleurs dont on se rappellera toujours.

Ne manquez pas les trois épisodes de Salebarbes en Acadie, les samedis à 20 h, dès le 4 mars.