Science-fiction et fantastique : ces émissions québécoises qui sortent du cadre

Science-fiction et fantastique : ces émissions québécoises qui sortent du cadre

20 avril 2022

La télévision québécoise est riche en contenus, mais peut parfois sembler frileuse. Les sagas familiales pullulent et enfilent les trames-choc : cancers, accidents d’auto, grossesses, mariages, divorces, faillites… On change de lieux, d’interprètes, puis on repart! On peut ainsi, à l’occasion, lui reprocher de manquer d’originalité et de cran. 

Mais qu’arrive-t-il lorsque l’on ose sortir de la boîte, briser le cadre et donner le feu vert à des idées plus audacieuses? 

Voici quelques séries pour lesquelles on a pris des risques, pour le meilleur… ou pour le pire.
 

Grande Ourse (2004-2005) 

Une image de la série Grande Ourse.
Photo : La Presse, Martin Chamberland


On commence en force avec le meilleur. Une série avec autant de Gémeaux que d’épisodes – 20 –, avez-vous vu ça souvent? On ne peut pas reprocher à cette équipe d’avoir étiré la sauce inutilement. 

C’est quoi, Grande Ourse? En gros, c’est une distribution triple A envoyée dans le Nord québécois, où une vieille Élise Guilbault clairvoyante annonce une catastrophe avant de mourir. Un journaliste de la ville, incarné par Marc Messier, débarque pour enquêter sur les affaires étranges qui secouent la petite ville minière…

On demanderait d’ailleurs à ICI Tou.tv de bien vouloir permettre à une génération qui était trop jeune à l’époque de découvrir ce produit télévisuel unique, parce que pour le moment, la seule façon de voir la série est de trouver une âme généreuse qui veut bien nous prêter son précieux coffret DVD.
 

Dans une galaxie près de chez vous (1999-2001)

« Hein, ça a juste duré deux ans? » Eh oui! La série est constituée de 65 épisodes légendaires, originalement diffusés du 25 janvier 1999 au 25 novembre 2001, qu’on a vus et revus sans se tanner dans les 20 dernières années. C’est une série jeunesse qui traverse les époques avec sa base de fidèles, portée par une génération qui commence à la faire écouter à ses enfants et une prémisse plus d’actualité que jamais; « trouver une autre planète pour sauver 6 milliards de tatas ». 

C’est la preuve également qu’on peut offrir un produit de qualité sans le budget d’Hollywood. On passe sans réserve par-dessus les décors en « cartron » du Romano Fafard et on se délecte des textes savoureux et décalés du tandem formé de Claude Legault et de Pierre-Yves Bernard. Sans oublier la distribution formidable et colorée qui a donné à la série son aura de légende.

« Après la pluie… le gazon est mouillé. » 

En effet, Capitaine. En effet.

 

 

Prémonitions (2016)

On ne peut pas reprocher à Prémonitions, série d’abord diffusée sur AddikTV, puis à TVA, de jouer dans les talles surexploitées de la télévision québécoise. Déjà, Pascale Bussières qui interprète la mère de Sophie Desmarais et Michael Ahooja (jumeaux non identiques, je tiens à le préciser), c’est assez surnaturel merci. Ajoutez à ça une trame où des gens avec des dons (suis-je le seul à avoir Criquette Rockwell en tête?) surnaturels se font poursuivre comme des X-Men et vous obtenez un produit télévisuel singulier fait au Québec.  
 

Les rescapés (2010-2012)

Du même auteur que Grande Ourse, Les rescapés n’a pas connu le succès de sa grande sœur. La trame touffue et complexe en a découragé plus d’un, Hugo Dumas le premier. 

Dans un article du 18 novembre 2010, il écrit : « L’épisode de mardi m’a franchement découragé. On y a vu Monique (Guylaine Tremblay), qui a porté l’enfant d’un soldat italien de la Seconde Guerre mondiale, faire des rêves érotiques en repassant du linge. Sans blague. »

Je ne sais pas vous, mais c’est tout ce qu’il me fallait lire pour exiger d’ICI Tou.tv qu’on nous redonne accès à cette proposition télévisuelle hors du commun. 

Guylaine Tremblay, fraîchement sortie de 7 ans d’Annie et ses hommes, attriquée en Monique des années 1960 au bras de Roy Dupuis tout en classe et en vieilles vertus, qui virevoltent dans le temps sans Delorean, c’est divertissant! 

Souvenir de C’est juste de la TV où l’on peut voir Marc Cassivi défendre la série contre un panel hostile! 

 

 

Rencontres paranormales (2010-2011) 

Une photo de l'émission Rencontres paranormales.
Photo : TVA
 

OK, on l’admet, ce n’est pas une série de fiction, mais comme approche télévisuelle du surnaturel, on a rarement fait mieux qu’asseoir des gens autour d’une table branlante pour parler à des personnes mortes. À heure de grande écoute, c’était spécial. Ça n’aura duré finalement qu’un an, soit juste assez longtemps pour permettre à tous les mononcles de faire semblant de jaser avec pépère pendant les fêtes de famille.  

MENTION SPÉCIALE

Tout sur moi, saison 4, épisode 9 (2010)

Niché, je sais. À la base, Tout sur moi n’a rien à voir avec la télévision fantastique, mais dans les trois dernières saisons, l’auteur Stéphane Bourguignon s’est amusé à écrire quelques épisodes pour se « payer la traite ». Dans l’épisode intitulé Rencontre du troisième type, Macha Limonchik, à la manière du film du même nom, va à la rencontre d’extraterrestres à l’Orange Julep. On aime! 

Ce qu’on devrait retenir de tout ça, c’est qu’en donnant des chances à des projets originaux et astucieux, on va se planter ou on va réussir, mais jamais on ne pourra dire que notre télé n’est pas vivante et diversifiée. 

Longue vie à l’audace!