Série insolite – Des œuvres vendues à des prix de fou

Série insolite – Des œuvres vendues à des prix de fou
Courtoisie : Christie's

27 mai 2022

Le 9 mai dernier, la toile Shot Sage Blue Marilyn représentant Marilyn Monroe, réalisée par le grand artiste du pop art Andy Warhol, a été vendue aux enchères pour la « modique » somme de 284 millions de dollars canadiens, ce qui a établi une nouvelle marque pour une œuvre du peintre américain. Ce prix, atteint tout juste quatre minutes après le début de la vente, marque également un nouveau record pour un tableau du 20e siècle vendu lors d’enchères publiques. Rappelons que l’œuvre avait été réalisée deux ans après que l’actrice américaine eut perdu la vie à l’âge de 36 ans dans des circonstances troubles, en 1962.

Cette récente actualité nous a donné l’idée de faire un palmarès des tableaux ayant été vendus à des prix exorbitants.

Les voici, les voilà.
 

Nafea faa ipoipo?, de Paul Gauguin

L'oeuvre Nafea faa ipoipo? de Paul Gauguin.
L’œuvre Nafea faa ipoipo? de Paul Gauguin./Photo : Dani Pozo/Stringer/Getty Images
 

En 2014, tout le monde a été ébahi d’apprendre que le tableau Nafea faa ipoipo? (« Quand m’épouseras-tu? »), de Paul Gauguin, avait été vendu pour la somme de 331 millions de dollars canadiens, ce qui en faisait alors l’œuvre d’art la plus chèrement acquise. Or, en 2017, une dispute devant les tribunaux entre un encanteur suisse qui réclamait une commission sur la vente et l’ancien détenteur de la peinture à l’huile créée en 1892 a révélé que le prix payé était finalement de 232 millions de dollars canadiens, soit près de 100 millions de moins que ce qui avait été présumé quelques années plus tôt. Cette nouvelle information a par conséquent mis sens dessus dessous le palmarès des œuvres d’art les plus chèrement acquises à ce jour, faisant chuter le tableau de Gauguin de plusieurs positions.

C’est absolument terrible. Ou pas.
 

Les joueurs de cartes, de Paul Cézanne

Les joueurs de cartes, de Paul Cézanne.
Le tableau Les joueurs de cartes de Paul Cézanne./Photo : François Guillot/AFP/Getty Images
 

En 2011, en prévision de l’ouverture du Musée national d’art moderne trois ans plus tard à Doha, au Qatar, les têtes dirigeantes du pays ont fait un grand coup en mettant la main sur un des tableaux les plus convoités de l’époque, soit celui des Joueurs de cartes, du peintre français Paul Cézanne, pour la somme de 250 millions de dollars américains (247,3 millions de dollars canadiens). Au moment de sa vente, la toile était la dernière de cette série de cinq œuvres de l’artiste ayant le même thème dont le propriétaire était privé, ce qui explique notamment son prix très élevé, tout comme le fait que le peintre français était un précurseur de l’art abstrait, en plus d’avoir inspiré le cubisme. En se procurant ce morceau unique, le Qatar s’est ainsi donné une crédibilité dans le monde muséal international.

Même les plus habiles adeptes de poker ne peuvent espérer faire autant avec une partie de cartes.
 

Interchange, de Willem de Kooning

En septembre 2015, la vente du tableau Interchange, du peintre néerlandais naturalisé américain Willem de Kooning, a marqué les esprits : c’était la toute première fois que le prix de vente d’une œuvre d’art atteignait la barre psychologique des 300 millions de dollars américains, soit 383,7 millions de dollars canadiens. C’est la Fondation David Geffen, un organisme dont la mission est de fournir une aide financière dans cinq domaines – soit les populations affectées par le VIH ou le sida, les libertés civiles, les arts et les questions liées à la communauté juive ainsi qu’au milieu de la santé –, qui a cédé la toile au gestionnaire de fonds spéculatif Kenneth C. Griffin pour la somme record à l’époque. Notons qu’en 1955, l’artiste avait vendu sa peinture à l’huile abstraite expressionniste pour 4000 dollars américains.

Ça, c’est de l’inflation.
 

Salvator Mundi, de Léonard de Vinci

La peinture Salvator Mundi de Léonard de Vinci.
Le tableau Salvator Mundi de Léonard de Vinci./Photo : Courtoisie : Christie's
 

C’est en novembre 2017 que le record absolu du prix payé pour une œuvre d’art a été établi avec un montant de 450 millions de dollars américains (574 millions de dollars canadiens), une marque qui tient encore à ce jour. La peinture en question, appelée Salvator Mundi – ce qui veut dire « sauveur du monde » en italien –, représente le Christ et a été réalisée par Léonard de Vinci. Elle fait partie de la vingtaine de créations connues du génie italien et elle est la seule et unique pièce appartenant à une collection privée, ce qui explique en grande partie la somme mirobolante déboursée par la personne en question, dont l’identité est inconnue. Les enchères ont duré un total de 19 minutes et ont atteint les 300 millions de dollars américains (389,3 millions de dollars canadiens), le record établi par la vente d’Interchange, de Willem de Kooning, après une dizaine de minutes.

On suggère à son ou sa propriétaire de ne pas laisser le tableau dans son garage, à côté d’un équipement de hockey.
 

Vent du nord, de Jean-Paul Riopelle

L'oeuvre Vent du nord de Jean-Paul Riopelle.
L’œuvre Vent du nord de Jean-Paul Riopelle./Photo : La Presse canadienne
 

Et qu’en est-il du marché québécois, vous demandez-vous? Eh bien, il est sans contredit beaucoup plus modeste. L’œuvre ayant été vendue pour la somme la plus élevée est le tableau Vent du nord, du grand Jean-Paul Riopelle. C’est en mai 2017 que la peinture a été mise à l’encan; sa valeur avait alors été estimée à entre 1 million et 1,5 million de dollars canadiens par la maison Heffel, la firme spécialisée dans la vente aux enchères qui avait été mandatée pour trouver une personne intéressée à acquérir la toile de Riopelle. Or, l’œuvre a finalement été adjugée pour un montant de 7,4 millions de dollars canadiens, ce qui en fait la deuxième pièce d’art la plus chèrement vendue au Canada après Mountain Forms, de l’artiste Lawren Harris (la personne qui a mis la main sur ce tableau a déboursé la somme de 11,2 millions de dollars canadiens en 2016).

Ça fait quand même pas mal de bidous!

Voilà qui met fin à ce palmarès des œuvres ayant été vendues aux prix les plus élevés dans le monde.

À bientôt pour un autre billet de la série insolite!