Série insolite – le plagiat dans le milieu artistique

Série insolite – le plagiat dans le milieu artistique
Getty Images

8 avril 2022

Cette semaine, deux verdicts sur le plagiat dans le monde artistique étaient très attendus. D’abord, mercredi, la Haute Cour de Londres a déclaré que le chanteur ultra-populaire Ed Sheeran n’était pas coupable de l’accusation de plagiat déposée par deux auteurs-compositeurs-interprètes qui prétendaient que l’artiste de 31 ans avait copié en partie la mélodie de leur chanson Oh Why dans la composition de Shape of You, un succès planétaire paru en 2017. Un peu plus tôt au cours de la semaine, le réalisateur iranien Asghar Farhadi a été reconnu coupable d’avoir volé la prémisse du documentaire d’une de ses anciennes étudiantes pour écrire le scénario de son film Un héros, qui a reçu le Grand Prix du Festival de Cannes en 2021.

Ces actualités nous ont donné l’idée de recenser quelques-unes des accusations de plagiat qui ont beaucoup fait jaser dans le milieu artistique.

 

Vanilla Ice contre Queen

Le chanteur Vanilla Ice
Le rappeur américain Vanilla Ice./Photo : Charles Sykes, La Presse canadienne
 

Under Pressure est sans contredit dans le palmarès des plus grandes chansons du groupe Queen, mené par Freddie Mercury. Paru en 1981, le succès a été coécrit par le groupe ainsi que par David Bowie, une collaboration qui a charmé la planète entière. Or, neuf ans plus tard, le rappeur américain Vanilla Ice a connu un succès instantané grâce à Ice Ice Baby, une chanson dont la partition de basse était quasi identique à celle d’Under Pressure. Le chanteur a nié ce plagiat flagrant avec très peu de conviction et a été débouté en cour. Il a donc dû ajouter les noms des auteurs originaux parmi les créateurs de son succès en plus de devoir leur verser des redevances. La légende veut que la première fois que Freddie Mercury ait entendu Ice Ice Baby, il ait d’abord cru qu’il écoutait sa propre chanson avant de constater, amusé, qu’il s’agissait plutôt de la version du rappeur américain.

Meilleure chance la prochaine fois, Vanilla Ice!

 

Andy Warhol contre Patricia Caulfield

Andy Warhol
Andy Warhol/Photo : Getty Images, Powell
 

En 1964, Andy Warhol a réalisé l’une de ses nombreuses créations audacieuses en reproduisant par sérigraphie une photo de fleurs qu’il avait dénichée dans le magazine Modern Photography. Il a lancé une série d’images en plusieurs variations, toutes créées à partir de cette même photo prise par Patricia Caulfield. La photographe, jugeant que l’artiste pop avait utilisé son œuvre comme source, l’a poursuivi et a remporté sa cause devant les tribunaux. En compensation, elle a reçu 6000 dollars américains, deux imprimés de la collection ainsi que les redevances sur d’éventuelles ventes. En 1978, le Copyright Act est entré en vigueur aux États-Unis, ce qui permet aux artistes d’utiliser le matériel d’autrui pour en faire une création sans crainte de représailles.

Trop tard, soupes Campbell’s!

 

Led Zeppelin contre Spirit

Les membres du groupe Led Zeppelin
Les membres du groupe Led Zeppelin./Photo : Getty Images
 

Peut-être l’ignoriez-vous, mais le légendaire groupe britannique Led Zeppelin était reconnu pour voler des mélodies – et parfois même des paroles – à gauche et à droite. En 1971, le mégasuccès Stairway to Heaven a propulsé Robert Plant et sa bande au sommet des palmarès. Plus de 50 ans plus tard, on peut dire sans l’ombre d’un doute que l’œuvre est un classique et n’est jamais passée de mode. Sauf que la très célèbre intro de la populaire pièce a une certaine ressemblance avec la mélodie de Taurus du groupe Spirit, une chanson parue en 1968. En 2014, le détenteur des droits musicaux de Spirit a déposé une plainte formelle aux États-Unis, alléguant que Led Zeppelin avait volé des éléments de la création originale. Deux ans plus tard, en 2016, la cour a débouté le plaignant après que le jury a décidé que les deux chansons n’étaient pas intrinsèquement similaires. La cause a été portée en appel, sans succès une fois de plus. En 2020, la Cour suprême des États-Unis a refusé de se prononcer sur le litige, ce qui a mis un terme définitif à cette affaire.

Si vous voulez plus d’explications sur cette histoire, nous vous invitons à regarder cette vidéo, en anglais, très bien réalisée :

Les millions de guitaristes jouant Stairway to Heaven sur le bord d’un feu de camp peuvent enfin dormir en paix.

 

Radiohead contre The Hollies

Le groupe Radiohead
Le groupe Radiohead en plein concert./Photo : Getty Images, Jim Dyson
 

Le groupe britannique Radiohead est reconnu pour son style de musique bien particulier qui lui a valu de nombreux prix et l’admiration de millions d’adeptes. Le titre Creep, paru en 1993, est assurément un des plus grands succès du quintette, sauf que sa mélodie est très similaire à celle de The Air that I Breathe, chanson du groupe The Hollies datant de 1972. Oups! Après la sortie de Creep, Albert Hammond et Mike Hazlewood, les deux membres de The Hollies ayant composé la mélodie dont il était question dans le litige, ont signifié leur mécontentement, ce qui leur a valu d’être ajoutés à titre d’auteurs de la chanson de Radiohead et ainsi de recevoir des redevances. Pour ajouter une couche d’absurdité à cette saga de droits d’auteur, Radiohead a poursuivi Lana Del Rey en 2018 après que cette dernière a lancé un album comprenant la chanson Get Free, dont la mélodie ressemble à celle de Creep.

On attend toujours de savoir si The Hollies se mêlera à l’affaire elle aussi.

 

 

J. K. Rowling contre Adrian Jacobs

L'auteure J. K. Rowling
L'auteure J. K. Rowling/Photo : Getty Images, John Phillips
 

Certaines de ces causes, comme celle contre Ed Sheeran mentionnée au début de ce billet, ne sont tout simplement pas fondées et visent surtout à soutirer une somme d’argent à des artistes qui ont récolté le fruit de leur travail acharné. En 2011, l’auteure de la populaire série de livres Harry Potter, J. K. Rowling, a été poursuivie au Royaume-Uni par le détenteur des droits de l’œuvre  d’Adrian Jacobs, qui prétendait que l’écrivaine avait copié certains éléments du livre Les aventures de Willy le sorcier pour créer une partie de l’histoire de Harry Potter et la Coupe de feu. Or, comme Paul Allen, le plaignant, n’a pu payer les frais de défense exigés par la cour à temps, la cause a été rejetée. L’homme avait tenté le même stratagème aux États-Unis auparavant, mais n’était pas parvenu à convaincre les instances judiciaires du bien-fondé de sa plainte.

Un gars s’essaye, comme on dit.

Voilà qui met fin à ce recensement de quelques causes célèbres de plagiat dans le milieu artistique.

À bientôt pour un autre billet de la série insolite!