Artiste à découvrir : Simon L’Archevêque, designer graphique et illustrateur

Artiste à découvrir : Simon L’Archevêque, designer graphique et illustrateur
Illustrations pour des coffrets de semences, Nutritionniste urbain, par Simon L’Archevêque.

26 août 2022

Amoureux et amoureuses des livres et des jeux de société, découvrez les œuvres de l’illustrateur Simon L’Archevêque, son sens aiguisé de l’observation et sa vision géométrique des choses.

 

Racontez-moi un souvenir de jeunesse qui a eu une influence sur votre envie de devenir artiste?

Avec mon meilleur ami d’enfance, on s’amusait à créer des histoires [comme dans les livres de la collection] « Un livre dont vous êtes le héros » et des plateaux de jeux de société avec seulement du papier et un crayon. On ne relisait pas vraiment nos histoires, pas plus qu’on ne jouait à nos jeux. Le plaisir était entièrement dans la conception! Cela dit, je ne pense pas que ces activités de jeunesse ont directement influencé mon choix de carrière, mais j’aime constater que ça peut s’apparenter au travail de designer graphique et d’illustrateur que j’ai aujourd’hui.

Je crois que, comme plusieurs, j’avais beaucoup de mal à me projeter dans le futur en tant qu’adolescent, jusqu’à ce que je me rende à des études en administration des affaires et que je réalise que ça ne m’intéressait pas particulièrement. C’est donc plus tard que j’ai pris conscience du privilège que j’avais de pouvoir tenter ma chance dans le parcours professionnel de mon choix. En profitant de cette opportunité pour suivre des cours dans divers domaines d’étude, dont le design graphique, j’ai rapidement voulu me concentrer entièrement là-dessus.

Jeu sur le prix des aliments, Magazine Caribou, Simon L’Archevêque.
Jeu sur le prix des aliments, Magazine Caribou, Simon L’Archevêque

Beaucoup de vos réalisations gravitent autour de l’alimentation. Comment est né votre intérêt pour ce domaine?

Dès la fin de mes études, en 2012, j’ai commencé à collaborer avec Bernard Lavallée, alias Le nutritionniste urbain, et par la force de choses, nos projets étaient en lien avec l’alimentation. À peu près à la même période, j’ai fait des illustrations pour La tablée des chefs (un organisme d’éducation alimentaire auprès des jeunes) et le magazine Caribou (publication spécialisée dans la culture culinaire). Et de fil en aiguille, j’ai développé mon intérêt pour ce domaine, autant dans le contexte du travail que par curiosité personnelle.

 

Est-ce que le fait de dessiner des aliments s’est transformé en un certain talent culinaire?

Ça a certainement élargi mes connaissances sur l’alimentation et développé mon intérêt pour la cuisine en général. Travailler en édition sur des livres de cuisine a aussi participé à cela, mais je ne peux pas nier que [cet intérêt] est aussi grandement influencé par les émissions de compétition culinaire!

Illustrations pour un article sur les applications de livraison, Le Devoir, Simon L’Archevêque.
Illustrations pour un article sur les applications de livraison, Le Devoir, Simon L’Archevêque

Aux Éditions La Presse, vous avez assuré la conception graphique de plus de 50 livres, d’où provient cet intérêt pour le livre?

Pendant une grande partie de mes études, je travaillais à temps partiel dans une bibliothèque publique, ce qui m’a incité à m’intéresser à la lecture, à mieux comprendre le milieu du livre en général et à reconnaître les différentes maisons d’édition. Déjà à ce moment-là, avant même de savoir que ça deviendrait mon travail, le choix des livres que j’empruntais était très souvent influencé par leur apparence.

 

Votre style aussi détaillé que minimaliste nécessite assurément un sens de l’observation bien aiguisé. Aviez-vous le nez dans une encyclopédie dès votre plus jeune âge?

Pas vraiment, mais je me souviens d’un catalogue d’équipements de pâtisserie ayant appartenu à mon grand-père que j’aimais beaucoup regarder. Autrement, j’ai surtout un attrait pour l’aspect géométrique des choses et j’aime retrouver les formes régulières dans la nature et les objets.

Illustrations personnelles, Simon L’Archevêque.
Illustrations personnelles, Simon L’Archevêque

Quel est votre lieu de création le plus inspirant?

Depuis très récemment, je loue un espace de travail dans un atelier, et je réalise qu’un espace séparé de la maison est essentiel pour ma concentration et ma créativité. Ça m’aide à être plus discipliné et donc à entamer des projets que j’ai en tête sans être tenté de faire autre chose. J’aime aussi m’asseoir sur le balcon et dessiner sans contraintes. Dans ces moments-là, le temps passe sans que je m’en rende compte.

 

Décrivez-moi l’ambiance sonore idéale pour créer et trouver vos meilleures idées?

J’écoute presque toujours de la musique en travaillant, ce qui me permet de créer une bulle et de centrer mon attention sur mes projets. Depuis un an, il m’arrive fréquemment d’écouter des DJ sur Twitch pour faire des découvertes musicales, tout en ayant une présence humaine en bruit de fond. 

Illustrations personnelles, Simon L’Archevêque.
Illustrations personnelles, Simon L’Archevêque

Nommez-moi quelques objets importants de votre vie, chargés de souvenirs et de signification, ceux qui nourrissent votre créativité.

Ma bibliothèque est vraiment ce que je préfère à la maison. Il y a les souvenirs de romans lus et aimés, des bandes dessinées, des magazines et des livres de référence qui sont des ressources d’inspiration, des projets sur lesquels j’ai travaillé, etc. Elle me suit et s’agrandit (un peu trop) depuis plusieurs années, et j’aime savoir que je vais tranquillement continuer à l’alimenter au fil de mes lectures.

 

Parlez-moi d’un ou d’une artiste de votre discipline que vous affectionnez particulièrement.

Chris Ware est un artiste de bande dessinée qui m’impressionne énormément. Je suis fasciné par la minutie de son travail, les éléments cachés à découvrir dans ses histoires, les mises en pages uniques et sa signature graphique. C’est un des auteurs qui m’a initié à la bande dessinée et au roman graphique.

Illustration personnelle et illustration culinaire - Patrice Pâtissier, Simon L’Archevêque.
Illustration personnelle et illustration culinaire - Patrice Pâtissier, Simon L’Archevêque

Parlez-nous d'un de vos coups de cœur culturels marquants, un de ceux qui ont inspiré votre art.

Il y avait récemment une exposition au Centre de design de l’UQAM sur le travail de Henning Wagenbreth que j’ai trouvée magnifique et vraiment inspirante. Son travail, qui allie illustration et design graphique, se déclinait sous différents médiums (livres, affiches, céramiques, décors de théâtre, etc.). Ça m’a incité à vouloir essayer de nouvelles techniques.

 

Quel serait l’un de vos rêves de création les plus fous?

J’aimerais beaucoup travailler sur la conception graphique d’un jeu de société. C’est un de mes passe-temps favoris, et j’ai cette idée en tête depuis un moment.

Affiches, enseignes de dépanneurs, Simon L’Archevêque.
Affiches, enseignes de dépanneurs, Simon L’Archevêque

Quels sont les projets qui sommeillent dans la tête de Simon L’Archevêque?

J’ai commencé une série d’illustrations d’enseignes de dépanneurs il y a quelques semaines et je prévois d’en faire quelques autres pour ensuite en faire des affiches. J’aimerais aussi éventuellement concevoir des jeux à assembler de type modèle à coller pour allier l’illustration et le 3D.

 

Quel serait votre meilleur conseil à donner à un ou une jeune artiste?

S’accorder du temps pour apprendre de nouvelles techniques et pour concrétiser certains projets qu’on a en tête. Aussi, noter autant que possible toutes les idées qui nous traversent l’esprit; c’est une bonne façon de se garder une réserve créative pour les moments où l’on se sent bloqué.


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