La table de Kim : discussions sur le thème de la transmission

3 janvier 2020
Kim Thúy a l’art de réunir autour d’elle des hommes et des femmes issus de cultures et de milieux différents. Sa table est un lieu chaleureux, prisé et convivial où on partage sourires, fous rires et conversations enrichissantes. Cette semaine, elle recevait la comédienne Anne Dorval, l'auteure-compositrice interprète Elisapie Isaac, le chef d'orchestre Jean-François Rivest et l'historienne Évelyne Ferron. Autour d'un repas traditionnel vietnamien, ils ont longuement discuté du thème de la transmission.
Prenez place à La table de Kim le vendredi à 20h ou en rediffusion dimanche 18h ainsi que lundi 23h sur ICI ARTV.
entendu cette semaine à la table de kim
« Ces bols sont précieux. Ils appartiennent à mes grands-parents paternels. C’est tout ce qu’il me reste d’eux. Avec la guerre, on a perdu tout ce qu’ils possédaient. Le plus possible, je les utilise pour que mes enfants puissent tenir les mêmes bols que leurs grands-parents. Oui, on court le risque de les casser, mais en même temps, si on ne les utilise pas, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de transmission. »
- Kim Thúy
« Je joue de moins en moins au théâtre parce que j’ai de plus en plus le trac. Ça me paralyse. J’ai peur de mourir tellement mon cœur bat vite les soirs de premières! Je m’enferme dans une garde-robe et je mange un citron au complet pour me redonner de la salive. Quelqu’un m’avait dit un jour qu’ils avaient fait des recherches pour évaluer la fréquence cardiaque d’un acteur un soir de première et les résultats étaient très troublants! On est tout près de la crise cardiaque! »
- Anne Dorval
« Ce n’est pas parce que c’est pas le « top du bout du meilleur » que c’est mauvais. Il y a beaucoup de gens dans l’histoire qui sont passés sous silence et qui sont importants. C’est la même chose dans nos beaux-arts, des musiciens qui ont fait humblement leur job, ou des sculpteurs, des poètes ou des chanteurs. Ce n’est pas parce que ça n’a pas été les plus connus du monde qu’ils n’ont pas été importants dans la grande roue qui tourne, au contraire. »
- Jean-François Rivest
« Chez nous, la tradition quand un bébé naît, pour le nommer, tu commences à avoir des rêves ou des petits messages. Tu dois être un peu «aware »
pour le nom. Sauf si tes parents sont décédés peu avant, automatiquement, la famille va vouloir faire revenir cette personne décédée dans la famille. Alors quand un bébé naît, on ne voit plus le petit bébé, mais l’esprit de cette personne-là. » - Elisapie Isaac
« Une des grandes reines d’Égypte s’est appelée Hatchepsout. C’était la belle-mère de Touthmôsis III, un des plus grands pharaons de l’Égypte ancienne. Cette femme-là serait passée sous silence parce que lorsque Touthmôsis III a eu l'âge de régner, il a effacé le nom de sa belle-mère un peu partout pour ne pas qu’on pense qu’une femme avait régné à sa place. Elle a régné une dizaine d’années. Lorsqu’on a découvert la tombe de son vizir qui est, dans l’Égypte ancienne, l’appui du pharaon, c’était un éloge de cette femme qui a été son amant en même temps. » - Évelyne Ferron
les objets de la semaine
La plume de Kim Thúy
« J’aime beaucoup les plumes. Je suis née à l’époque où on trempait encore la plume dans le pot d’encre, au Vietnam. J’ai décidé d’acheter une belle plume que je vais utiliser souvent pour que mes enfants voient que j’écris avec. J’ai choisi une couleur qui me plait : le jaune. »
-Kim Thúy
Le carnet de recettes d’Anne Dorval
« C’est un carnet de recettes que ma cousine, qui était presque ma sœur, m’a fait. Elle est décédée à 39 ans d’un cancer fulgurant. Avant de partir, elle m’a fait ce carnet qui contient des recettes d’elle, de sa mère, de mon arrière-grand-mère et des recettes qu’elle m’a écrites de sa blanche main. »
- Anne Dorval
Le ulu d’Elisapie
« C’était à ma maman et un jour ce sera à ma fille. Ce sont des couteaux qu’on appelle Ulu. C’est le couteau de la femme. Souvent c’était pour travailler la peau du phoque, c’est très pratique. On l’utilise quand on mange du poisson ou du caribou congelé et cru évidemment. C’est la façon qu’on le mange. »
- Elisapie Isaac
Le violon de Jean-François Rivest
« Pour moi, le violon symbolise tous les instruments. C’est intemporel. C’est une vieille affaire! Ça n’a pas changé depuis 1700. J’ai un autre violon qui est très vieux qui date de 1680, qui a des réparations partout, mais qui sont vieilles de 200 ans. On n’a aucune idée par les mains de qui il est passé. »
- Jean-François Rivest
La tasse en porcelaine anglaise d’Évelyne Ferron
« Ce sont des étudiantes qui m’ont offert ce cadeau parce que j’aime bien mettre des images de thé sur Instagram. Elles savaient quelle marque de porcelaine anglaise je voulais, car je leur avais enseigné comment on distingue la belle porcelaine de la fausse. Alors je leur ai appris comment on voit au travers de la vraie porcelaine, qui contient de la poudre d’os. »
- Évelyne Ferron