The Bridge VS Bron/Broen

7 mars 2014

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Saviez-vous que la série Homeland était inspirée d'une série d’origine israélienne ? The Killing d’une série danoise ? In treatment de la série israélienne Be Tipul ?

L’acquisition de «formats» pour le divertissement que ce soit sous forme de jeux (Le banquier, Génial!, La guerre des clans, Un souper presque parfait) ou d’émissions de variétés (Tout le monde en parle, Les enfants de la télé) est un fait connu et plutôt commun depuis bien longtemps…

Sans être un phénomène nouveau, l’acquisition de « format » ou de concept de fiction s’est multipliée depuis quelques années. Pour les producteurs, un concept déjà éprouvé a beaucoup plus de chance de succès qu’un nouveau scénario imaginé de A à Z.

Par contre, un scénario créé au Danemark ou en Israël porté à l’écran tel quel à Boston ou Washington avec des acteurs américains ne suffit pas à recréer le succès obtenu dans son pays d'origine. Au-delà de la bonne idée, de l’intrigue tordue ou des personnages originaux, les références aux moeurs du pays «d’accueil», son humour, sa morale, et autres subtilités propres à chacun des pays doivent être pris en compte et intégrés intelligemment aux scénarios. Une recette complexe qui donne parfois des résultats douteux...ou excellents! Certaines adaptations dépassant même la version originale.

Je me suis amusée à comparer certaines adaptations. Dans ce premier billet d'une longue série, je me suis attardée sur les séries The Bridge et Bron/Broen.

La série suédo-danoise Bron/Broen sera présentée sur les ondes d'ICI ARTV à compter du 22 mai prochain, en version française.

Diffusée depuis janvier à Télé-Québec, la série The Bridge est une adaptation américaine de la série scandinave.

Je vous rassure, aucun élément de l'intrigue ne sera révélé dans les prochaines lignes...Je suis la première à vous encourager à regarder l'une ou l'autre des versions.

Corps
The Bridge                                                                                 Bron/Broen

Les prémisses: un corps est retrouvé sur une frontière, les jambes d’un côté et le torse de l’autre. Il s’agit du premier meurtre d’une série perpétrée par un tueur aux revendications socio-politiques. Deux policiers représentant chacun des pays devront travailler ensemble pour retrouver le tueur.

Le premier épisode de la version américaine ressemble étrangement à la version suédo-danoise. Plan par plan, dialogue, rythme...On se dit que la réflexion de l’adaptation n’a pas été poussée très loin. Pourtant, quand on s’y attarde, les petites différences apparaissent ici et là. Et alors que la série avance, c'est fascinant d’analyser les différences et les libertés scénaristiques.

Les personnages
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Sonya l'américaine                                                                    Saga la suédoise

La force de la série (quelle que soit la production) est le contraste entre les deux personnages principaux. Martin le danois/Marco le mexicain, un policier conciliateur, patient et séducteur, et Saga la suédoise/Sonya l’américaine, une policière atteinte du syndrome d'Asperger à l’esprit analytique surdéveloppé. L’interprète suédoise de Sofia Helin donne froid dans le dos avec son regard vide et son énergie nerveuse. Légèrement plus émotive, l'interprétation de Diane Kruger dans la version américaine n'en demeure pas moins convaincante. L’alter ego mexicain de Martin est aussi très ressemblant.

Contexte socio-politique

Bron/Broen met en lumière les différences plutôt subtiles entre les Danois et les Suédois (l'accent, les façons de travailler et autres petits détails liés aux moeurs…) dans un contexte socio-politique en apparence stable mais qui craque: hypocrisie par rapport au traitement des sans-abris, de la prostitution, etc.  Alors que The Bridge met en lumière les grandes disparités entre les sociétés mexicaine et américaine. La série présente la ville mexicaine de Juarez sous l’emprise de cartels puissants, possédant un service de police corrompu au prise avec des centaines de meurtres par année et des enjeux liés à l'émigration clandestine. De son côté, la ville américaine d'El Paso possède un taux de criminalité beaucoup plus bas, un meilleur système de santé, etc. L'adaptation américaine n'arrive pas toujours à éviter le piège de la représentation de la supériorité des américains. C'est bien connu, les américains sont plus beaux, plus fins et plus intelligents! ;-)

Réalisation

Images léchées, musique planante…À première vue, la réalisation parait très similaire de part et d’autre. Pourtant, le développement de l’intrigue avance à pas de tortue dans la production suédo-danoise pour le plus grand bonheur de certains (comme moi) et le malheur d’autres…qui seront ravis par la version américaine. Cette dernière est clairement plus accrocheuse dans sa facture, son rythme et sa façon de présenter le déroulement de l’intrigue. À l’américaine quoi !

Couple

Certains diront qu’une adaptation plus proche de la version suédo-danoise aurait dû se situer sur la frontière canado-américaine...Des pays en apparence si semblables et en réalité si différents. Peut-être leur répondrais-je...Mais une adaptation trop identique ne perdrait-elle pas un peu de son intérêt?

PS: Toute comparaison avec le film Bon cop, bad cop est interdite. Les seuls points de contact entre le film d’Éric Canuel et les séries Bron/Broen et The Bridge sont les mots meurtre et frontière.