Théâtre régional : le besoin de monter sur scène

Théâtre régional : le besoin de monter sur scène

14 avril 2022

De nombreux spectacles devant se produire en 2020 ou 2021 ont dû être ajournés du fait de la COVID-19, et sont désormais présentés ou sur le point de l’être. Deux têtes dirigeantes de théâtre nous racontent comment elles ont fait face à la crise et comment elles envisagent la suite.

Le théâtre en salle ne peut pas être remplacé par les écrans

Selon Vicky Côté, fondatrice du Théâtre à Bout Portant, à La Baie, le public revient petit à petit, mais la reprise est encore frileuse.

Après 2 ans de régime télévisuel, la motivation de certains doit être plus poussée. Ils doivent retrouver l’envie de sortir du confort dans lequel on les a contraints pendant deux ans. Heureusement, il y a aussi les spectateurs qui ont hâte de revenir en salle. 

Vicky Côté, metteuse en scène du spectacle La migration des peuples

Marc-André Coallier, directeur du Théâtre La Marjolaine, compare ses chiffres avec une légère appréhension. « Les personnes qui ont gardé leur billet d’avant la COVID vont revenir, mais pour vendre de nouveaux billets, c’est plus difficile. En ce moment, je remplis 70 % de mes salles, quand, avant le COVID, j’étais à 96 %. » 

Pourtant, à l’unanimité, après la pause forcée, le besoin de jouer paraît aussi évident qu’essentiel.

Le théâtre est une des plus anciennes formes d’art, car c’est un moment de communion. Le public, en en ayant étant privé, a hâte de le retrouver autant que les acteurs ressentent le besoin de monter sur scène. 

Vicky Côté, metteuse en scène du spectacle La migration des peuples

La migration des peuples. Crédit photo: Sophie Gagnon-Bergeron

« Le théâtre contrairement à d’autres arts performatifs, ne peut pas être substitué. Un concert, par exemple, on peut l’écouter, idem pour le conte. L’art vivant, lui, implique une émotion à partager avec le public. C’est un vrai acte de foi d’être sur scène et d’avoir un échange. Un spectacle vu sur un écran, aussi géniale soit la captation, cela ne rend pas le fait de vivre collectivement des émotions. » – Vicky Côté

Une résilience exemplaire, mais un besoin de reconnaissance

Les lieux de spectacles vivants, souvent les premiers à fermer et les derniers à rouvrir, ont fait preuve d’une résilience exemplaire. Pourtant, la valse des fermetures et des reprises, jumelée à l’incongruité de certaines mesures, a fait planer un vent d’inconfort au sein des organismes culturels. Selon Vicky Côté, des engagements doivent être pris pour le futur.

Les arts vivants ont besoin d’une campagne de valorisation au niveau national, pour que la population soit au courant de leur valeur autant individuelle que collective. C’est l’essence d’une collectivité que de se retrouver dans des œuvres, et ce, sur tout le territoire. 

Heureusement, la pause forcée, si elle a obligé une pause de diffusion, n’a pas entamé le talent de création des artistes, bien au contraire. 

Pendant les périodes de confinement, Marc-André Coallier, producteur de la comédie Kilimandjaro, présentée cet été, a soutenu la création de la première pièce de Mario Jean. Il a aussi écrit son propre spectacle, intitulé Le tour du propriétaire, le récit de l’avènement de la Marjolaine, le plus vieux théâtre d’été encore debout au Québec et qui héberge le piano de Claude Léveillée. 

Répétition de Kilimandjaro avec Jacques L'Heureux et Samuel Décary. Crédit photo: Anne-Marie Coallier 

 

Pour sa part, Vicky Côté a créé un parcours théâtral intitulé10 huis clos et plus, une initiative commune avec plusieurs compagnies et artistes de la région du Saguenay.

« Le spectateur parcourait l’édifice complet du théâtre (coulisses, scène, etc.). Cela permettait d’avoir un spectacle dans les règles de distanciation et de découvrir tout un éventail de nouvelles formes d’art : théâtre de manipulation d’objet, théâtre gestuel, danse théâtre, théâtre à texte, texte classique. Cela a permis aux professionnels de rester actifs, tout en gardant un lien avec les spectateurs, privés de spectacle depuis mars. » – Vicky Côté

Elle a également mis en place le solo Pour la vie, dont une version longue sera présentée en première en juillet 2023, au Festival international des arts de la marionnette à Saguenay.