Des romans étrangers qui ont marqué 2022
Carmen Bourque
12 décembre 2022
À la recherche de bons romans? Cette courte sélection vous fera voyager de la France aux États-Unis en passant par le Japon et l’Espagne. Il y est question de hasards, de liens, d’espoir et de doutes, de remises en question et d’humanité. Bonne lecture!
Paris-Briançon, de Philippe Besson
Un train roule dans la nuit. À son bord : un couple à la retraite accablé d’une épreuve, une bande d’étudiants et d’étudiantes, deux hommes qui se révéleront davantage qu’ils auraient pu l’imaginer, une femme qui cache un passé douloureux et un représentant de commerce aux manières lourdaudes. À la levée du jour, quelques personnes auront trouvé la mort.
L’auteur de ce roman choral réussit très rapidement à souligner l’essence de chaque personnage. Les fragilités et les secrets de chacun et chacune apparaissent au détour d’une phrase et nous plongent dans leur vie. Cette lecture prenante nous laisse le cœur gros tellement on aurait voulu que toutes et tous soient épargnés d’une fin prématurée.
Les affinités sélectives, de J. Courtney Sullivan
Elisabeth, journaliste et autrice, quitte sa vie trépidante à New York pour s’installer dans une petite ville des États-Unis. Ce changement de vie radical la laisse désorientée. La jeune femme se liera d’amitié avec Sam, la nouvelle gardienne de son fils, ce qui ne manquera pas de mettre en évidence leurs deux mondes parallèles.
Ce roman aborde une foule de sujets plus intéressants les uns que les autres : les privilèges, la pression de la maternité imposée aux femmes, le mirage du rêve américain, le couple, etc. L’amitié, au cœur du roman, est l’occasion de remettre en question quelques certitudes et de se demander jusqu’où il est possible d’intervenir dans la vie des autres au nom de ce sentiment.
Cher connard, de Virginie Despentes
Une correspondance s’installe entre Rebecca, une actrice qui a connu ses heures de gloire, et Oscar, un auteur dénoncé pour son comportement abusif. S’ajoute à leur voix celle de Zoé, une jeune blogueuse féministe qui raconte le harcèlement qu’Oscar lui a fait subir. Ce roman de l’après #moiaussi en est aussi un sur les tenants et les aboutissants de la dépendance.
Il y a dans ce livre tant de pages magnifiques. Les réflexions de l’autrice sur l’amour et le désir, sur les doubles standards quant à la beauté, sur la banalisation des féminicides et sur tout ce qu’on interdit aux femmes nous montrent encore une fois combien sa pensée est précieuse et à quel point sa voix est essentielle.
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, de Maria Larrea
Entre son père gardien de théâtre et sa mère qui fait des ménages, Maria a toujours eu l’impression de ne pas être à sa place. Une tireuse de tarot confirme ce qu’elle a toujours soupçonné : un mystère plane sur ses origines. Obsédée par la partie cachée de son histoire, notre héroïne se rend au Pays basque, là où tout a commencé.
L’écriture vive et dynamique de Maria Larrea nous entraîne dès les premières phrases. Son style très imagé nous fait voyager à ses côtés. Le récit de son enfance et de celle de ses parents est particulièrement captivant et réussi. Il s’agit du premier roman d’une autrice dont on attend les autres livres avec impatience.
Bonne nuit Tôkyô, de Yoshida Atsuhiro
Que se passe-t-il la nuit à Tôkyô? Une partie de la réponse nous est donnée par l’entremise de Mitsuki, qui parcourt la ville à la recherche d’objets rares; de Kanako, qui répond aux demandes les plus diverses dans un centre d’assistance; de Shuro, un magicien recyclé en détective privé; d’Ayano, qui a laissé filer l’amour de sa vie; et de Matsui, un chauffeur de taxi qui fait le pont entre toutes ces personnes.
Malgré sa simplicité apparente, ce livre dévoile toute sa richesse. Les lectrices et les lecteurs découvriront avec plaisir et intérêt les quêtes des personnages et ce qui les habite. Les liens entre les êtres sont décrits dans toute leur diversité : les liens qu’on tisse spontanément ou avec beaucoup de prudence, ceux qui s’avèrent à sens unique, les tributaires des caprices du hasard ou ceux qui n’existeront jamais…