C'est l'histoire d'un succès fulgurant, celui de quatre antillais et d'un guyanais propulsés en haut des charts au début des années 1980, avec une chanson devenue culte : C'est Bon pour le Moral. Après 40 ans de carrière, le public danse toujours au rythme de la Compagnie Créole qui a vendu plus de 60 millions de disques. Mais c'est aussi le récit d'un rendez-vous manqué, car ce groupe qui porte le nom « La Compagnie Créole » s'attire les foudres d'une partie des communautés antillaises et guyanaises. Trop formatés, trop clichés, avec des textes en français peu représentatifs de leur culture : on leur reproche de n'être qu'un produit qui instrumentalise la créolité à des fins mercantiles. Tandis qu'en métropole, on exulte et on danse sur Ma première biguine Party ou Ça fait rire les oiseaux, bien loin des réelles préoccupations sociales, politiques et culturelles d'outremer. Une double réception, de part et d'autre de l'Atlantique, et des protagonistes qui, pour la première fois, reviennent sur leur histoire, leur ressenti, l'incompréhension, la déception, mais surtout le succès grisant, et la certitude d'avoir, quelque part, ouvert la voie à d'autres artistes, d'autres musiques du monde. A travers les témoignages des membres de la Compagnie, de leur producteur et de leur auteur, mais aussi de sociologues, historiens, et d'autres artistes antillais, nous allons dévoiler et interroger cette fracture pour mieux la comprendre, et savoir si elle est toujours d'actualité.