Pierre Richard, le discret
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Pierre Richard, le discret
Est-il, comme on le croit, le double réel de François Perrin, personnage culte qu'il inventa pour son premier film et dont il endossa souvent et avec succès le costume et les maladresses ? Peut-on le résumer au héro malchanceux de La Chèvre ou du Grand Blond ? Au-delà du souvenir amusé des comédies triomphantes des années 70 et 80, mais éreintées à l'époque par la presse cinéphile, n'y a-t-il rien d'autre à retenir du comédien que sa popularité et son art de la chute ? N'y a-t-il rien à entendre sur ce qu'avait à dire un artiste complet qui fut aussi, on l'a oublié, danseur (Maurice Béjart le voulait dans sa troupe), chanteur, producteur (d'Alain Cavalier ou d'Alain Resnais notamment) et surtout scénariste et réalisateur de six films personnels, créatifs et engagés, qui témoignent d'un homme qui, comme il le dit lui-même, « a besoin d'être indigné » ?
Pierre Richard, en réalité, en dernier grand représentant du burlesque, après Tati, Etaix ou Jerry Lewis, subit la malédiction du genre qui l'a fait roi. Celle d'un univers comique exigeant mais incompris, populaire mais méprisé par la critique, réduit à son sens du gag même quand il se fait satire féroce des moeurs de son temps.
Mettant en son centre le Pierre Richard « auteur », facette méconnue ou mésestimée du comédien, ce film fait le portrait d'un poète discret, dont la complexité, les envies artistiques et les engagements ont disparu derrière l'immensité du succès.