Sur les traces d’Anachnid – Entretien avec l’animatrice

Sur les traces d’Anachnid – Entretien avec l’animatrice

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Le vendredi 30 septembre prochain, à 20 h, à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, ICI ARTV diffusera Sur les traces d’Anachnid. Dans ce documentaire, l’artiste multidisciplinaire oji-crie Anachnid propose au public de découvrir les talents musicaux de quatre de ses collègues venant de plusieurs communautés autochtones – Kanen, Ivan Boivin-Flamand, Eadsé et Scott-Pien Picard – en la suivant à bord de son autobus rose à travers le Québec qui s’arrête ici et là aux abords du fleuve Saint-Laurent.

Avant la diffusion du documentaire, nous avons eu le privilège de poser quelques questions à Anachnid sur le contenu du long métrage ainsi que sur son expérience personnelle au cours du tournage.

Voici ce qu’elle avait à nous dire.

 

Qu’as-tu retenu de l’expérience de tournage du documentaire?

Je suis habituée à travailler sur mes projets personnels, comme ma musique, et de contrôler mon image. Là, il fallait que je donne la parole aux autres, ce qui ne m’était vraiment pas familier. J’ai découvert de nouvelles facettes de ma personnalité pendant le tournage. J’ai dû apprendre à faire confiance à une équipe qui a très bien su me guider durant le projet. Ça m’a permis de découvrir comment se réalisait un projet télé, moi qui n’avais pas vraiment d’expérience là-dedans. J’ai appris à jouer le rôle d’une animatrice, alors que je connaissais mieux celui d’artiste. Le défi, c’était d’abord de sortir de ma coquille, parce que je suis plutôt introvertie. Je devais aussi chercher à faire rejaillir la lumière émanant des autres artistes et à les mettre à l’aise devant la caméra. Le projet m’a demandé beaucoup d’adaptation, mais m’a aussi permis de découvrir mon identité artistique en tant qu’Anachnid en fréquentant d’autres personnes du milieu de la musique. Je sais qui je suis dans ma vie personnelle avec mes amis, ma famille et tout, mais en tant qu’Anachnid, pas complètement.

Ivan Boivin-FlamandIvan Boivin-Flamand

 

De quoi es-tu la plus fière après avoir participé au documentaire?

Que les gens puissent voir des artistes autochtones à leur plein potentiel devant la caméra. Ça me rend fière d’être autochtone. Quand je suis sur la scène, je ne sais pas ce que je dégage, mais le fait de voir d’autres artistes performer m’a épaté. Je pense que le documentaire sera une source d’inspiration pour les membres de la communauté autochtone, autant pour les plus jeunes que pour les plus vieux qui voudraient sortir de leur coquille pour lancer un nouveau projet. C’est un projet qui se veut rassembleur et qui vise à piquer la curiosité des allochtones qui ne connaissent peut-être pas la musique autochtone pour qu’ils découvrent le talent des artistes émergents.

EadséEadsé

 

Comment as-tu apprécié ton rôle d’animatrice?

J’ai beaucoup aimé l’expérience, comme j’aime le travail d’équipe. Aussi, ça me permettait d’occuper un rôle un peu moins frontal qu’avec Anachnid, dans lequel je prends les décisions artistiques avec ma voix, la façon dont je chante, la composition de la musique... Je suis aussi à l’aise dans un rôle plus secondaire, même si c’est moi qui animais le documentaire. J’ai trouvé ça très intéressant comme travail et je serais prête à en répéter l’expérience, mais avant de le faire, j’aimerais suivre des cours pour peaufiner quelques trucs. Ça m’a donné un peu d’expérience, mais j’aimerais avoir une certaine formation pour être plus confiante en mes moyens la prochaine fois que j’animerai une émission. J’ai aussi beaucoup apprécié les soupers en groupe après les longues journées de travail. Disons que ça aidait à décompresser! Sauf que, le lendemain, il fallait recommencer! (rires)

Scott-Pien PicardScott-Pien Picard

 

Est-ce qu’il y a un moment qui t’a particulièrement émue durant le tournage?

Il y en a eu plein! Je savais que ma famille venait de la région de L’Isle-Verte, mais cette année, j’ai su que je venais du lac Témiscouata. On dirait que mes ancêtres me ramènent de plus en plus vers mes origines. Mon travail m’amène à faire des tournées au Québec, mais j’ai vraiment aimé remonter le fleuve vers mes racines dans mon autobus rose. On dirait que mes ancêtres m’appellent vers la maison, moi qui ai grandi comme une nomade dans plein de différents milieux après être née en Ontario. Après avoir déménagé à plusieurs reprises, ma famille et moi nous sommes installées à Wakefield. C’est là où j’ai grandi et où je suis allée au primaire. Je me suis promenée pas mal en faisant des voyages, mais je n’ai jamais eu de point d’ancrage. Mon père vient du Manitoba; disons que c’est un peu loin pour que je m’y rende souvent! J’ai l’impression que la vie m’incite à suivre les traces du côté de ma mère, de retrouver la nature d’ici. C’est en se rendant un peu partout qu’on se rend compte à quel point c’est beau et grand, le Québec! Des fois, quand on est trop longtemps en ville, on l’oublie un peu, parce qu’on a le nez dans nos affaires. Ça fait un bien énorme de retourner réellement à nos racines. Je comprends pourquoi les Européens voulaient rester ici : c’est vraiment beau et il y a plein de ressources! (rires) Je suis fière de mon côté québécois, malgré tous les problèmes qui subsistent entre les communautés autochtones et allochtones. J’ai appris à guérir en m’attardant à la lumière qui rejaillit de tout ça.

Anachnid

 

Est-ce qu’il y a quelque chose en particulier que tu aimerais que les gens retiennent du documentaire?

D’écouter la musique des artistes autochtones, d’aller voir leurs concerts. J’aimerais que les gens gardent l’esprit et les yeux grands ouverts, parce qu’on n’a pas fini de vous en mettre plein la vue! Ça ne fait que commencer, et je ne parle pas juste de moi. Des artistes autochtones, il y en a des bons qui vont trouver leur place dans le milieu d’ici. Le grand solstice, spectacle auquel j’ai participé en juin dernier, a démontré qu’on est une belle gang qui veut vraiment prendre plus de place afin de s’exprimer totalement. Il y a tellement de talent dans les communautés autochtones que je n’ai pas encore eu la chance de découvrir, mais ça s’en vient! Après la colonisation, les pensionnats et tout le reste, il y a eu une sorte de retour en arrière avec les arts, dont la musique, parce qu’il fallait prendre le temps de guérir et qu’on continue de le faire chaque jour. Là, j’ai l’impression qu’on commence à s’épanouir. On est en train de travailler sur les racines, de déterminer ce qui est important pour nous en tant que communauté autochtone. Ce qui est important, c’est de grandir, et je pense qu’on le fait surtout grâce à l’art : faire de la musique, conter des histoires... Très bientôt, de nouveaux contes vont se créer.

Anachnid

 

Anachnid, merci beaucoup!
Ne manquez pas le documentaire Sur les traces d’Anachnid le vendredi 30 septembre à 20 h sur ICI ARTV.