10 choses à savoir sur Armand Vaillancourt
Claire-Marine Beha
20 juillet 2023
Artiste visuel québécois incontournable qui s’est surtout exprimé à travers la sculpture, Armand Vaillancourt est né le 3 septembre 1929 à Black Lake, au Québec. Il s’est notamment démarqué par la conception d'œuvres géantes et par le symbolisme social de son travail. Voici 10 choses à savoir sur le sculpteur.
1. Il a désiré se rapprocher du public.
C’est en 1951 qu’Armand Vaillancourt entre à l'École des beaux-arts de Montréal et qu’il tombe amoureux de la sculpture, en expérimentant avec la glaise. Après ses études, il décide de sortir son art dans la rue afin de s’affranchir des codes et des contraintes du domaine académique. Durant sa carrière, il a conçu de nombreuses œuvres pour l'espace public.
2. Sa première sculpture, in situ, a été très remarquée.
Entre 1953 et 1956, il crée une première œuvre notoire :L'arbre de la rue Durocher, désormais conservée par le Musée national des beaux-arts du Québec. Pour cette œuvre à mi-chemin entre la sculpture et la performance publique, l’artiste a sculpté, durant plusieurs mois, un arbre de la rue Durocher, à Montréal, sous le regard curieux des passants et des passantes. Symbolisant la relation entre la nature et l’art, cette pièce colossale porte en elle des considérations écologiques et est considérée comme pionnière en matière de sculpture contemporaine québécoise.
3. Il touche à différentes disciplines et à une pluralité de matériaux.
L’ensemble de l’œuvre d’Armand Vaillancourt est éclectique, et autant le bois, le béton, l’acier ou le bronze que les objets récupérés ont inspiré l’artiste. S’il est une figure majeure de la sculpture, discipline dans laquelle il a beaucoup innové à partir des années 1950, Armand Vaillancourt pratique aussi la peinture, dans le style de l’expressionnisme abstrait, et son corpus d'œuvres comprend également des estampes et des esquisses.
4. Il a participé à la création d’un lieu montréalais incontournable.
Saviez-vous que la Place des arts de Montréal a vu le jour en 1947? C’est grâce à un groupe d’artistes qui gravitait autour du sculpteur Robert Roussil, et dont Armand Vaillancourt faisait partie, que ce lieu de travail, de discussions et d’expérimentation artistique s’est organisé. À l’époque, on est bien loin du complexe culturel effervescent qui existe aujourd’hui; il s’agit essentiellement d’un atelier se déployant dans des locaux précaires. Y sont exposées des œuvres refusées par les grandes institutions muséales, comme celles de Marcelle Ferron et de Marcel Barbeau.
5. Ses sculptures géantes ne passent pas inaperçues.
Ce sont surtout ses sculptures monumentales qui ont marqué les esprits : on en compte une cinquantaine au total. L’une des plus emblématiques est sans doute Québec libre!. En 1971, l’artiste réalise cette œuvre de très grande taille, plus connue sous le nom de « Fontaine Vaillancourt ». Celle-ci, située sur la Plaza Embarcadero de San Francisco, prend la forme d’une immense fontaine brutaliste et mesure 61 mètres de long, 43 mètres de large et 11 mètres de haut.
6. Son art traduit son engagement pour la justice sociale.
Armand Vaillancourt a toujours milité en faveur de la liberté et de l’égalité, en mettant à profit son travail afin de soutenir les causes qui lui sont chères. C’est le cas lorsqu’il crée, en 1980, pour le palais de justice de Québec, Justice, une sculpture de 30 tonnes fabriquée en plaques d’acier faisant écho à l’apartheid, en Afrique du Sud, qu’il dénonce. Déjà dans les années 1950, il manifestait son soutien aux peuples autochtones opprimés à travers une œuvre dont la forme rappelle celle d’un totem. En 1993, il est aussi nommé Artiste pour la Paix.
7. Il a mené plusieurs luttes politiques.
L’artiste a pris position contre les effets du capitalisme, notamment la mondialisation et la dégradation de l’environnement, à plusieurs reprises. « Plus j'ai manifesté dans la vie, plus on m'a poussé de côté pour m'empêcher de continuer », mentionne-t-il sur les ondes de Radio-Canada en 2001. Le sculpteur, qui a multiplié les prises de position publiques tout au long de sa vie, s’est taillé la réputation d’un homme qui n’a pas la langue dans sa poche, étalant ses idées politiques et ses mécontentements au grand jour.
8. Il a développé une technique novatrice.
Afin de donner vie à certaines de ses structures abstraites dont la texture s’apparente à celle d’un minerai brut, Armand Vaillancourt a mis au point une technique : le coulage de fonte d’après des moules en polystyrène. Ce processus a d’ailleurs été utilisé pour La force, réalisée en 1964 à l’occasion du Symposium international de sculpture de Montréal.
9. Son apport a été souligné maintes fois.
De nombreuses distinctions honorifiques ont été accordées au sculpteur désormais nonagénaire afin de souligner sa pratique audacieuse. En 1993, il reçoit le prestigieux prix Paul-Émile-Borduas, qui couronne l’ensemble de sa production artistique. En 2004, il est nommé chevalier de l’Ordre national du Québec.
10. Il transmet son amour des arts visuels.
Son fils, Alexis Vaillancourt, est également artiste visuel. Les deux hommes ont d’ailleurs présenté une exposition conjointe au Centre d'art Diane-Dufresne de Repentigny en 2021-2022, intitulée Deux cœurs, deux têtes : entre rêve et réalité. Bien que leurs démarches artistiques soient distinctes, tous deux s’inspirent des objets du quotidien et de leur militantisme dans leur travail. Armand Vaillancourt désire également transmettre son héritage culturel et a donc offert plusieurs ateliers créatifs dans les écoles de la province. Il déplore que la musique et les arts visuels soient de moins en moins enseignés aux enfants.
Pour en savoir plus sur le parcours et la vision de l’artiste, ne manquez pas le documentaire Vaillancourt : regarde si c'est beau, lundi 24 juillet à 20 h, sur ICI ARTV.