Les personnages féminins : quantité ne signifie pas qualité!

Les personnages féminins : quantité ne signifie pas qualité!

1 mars 2023

Si vous pensez avoir remarqué une certaine surreprésentation des protagonistes masculins au petit écran, sachez que vous n’êtes pas complètement dingues. Figurez-vous qu’un test arrive au même résultat que vous. Rassurant, n’est-ce pas? Il s’agit du test de Bechdel.

 

Qu’est-ce que c’est, le test de Bechdel? C’est une notion que vous pourrez aisément glisser dans vos discussions mondaines, alors prenez des notes. Ce test a pour but de démontrer la dominance de protagonistes masculins dans les œuvres de fiction et ipso facto (ça aussi, à glisser dans ces mêmes discussions mondaines) la sous-représentation de protagonistes féminins. 

Pour réussir le test de Bechdel, une œuvre doit répondre à trois critères :

  • Au moins deux personnages féminins sont nommés;
  • Ces personnages féminins discutent ensemble;
  • Leurs discussions tournent autour d’autre chose que d’un personnage masculin.

 

Ça semble assez simple, mais quand on l’applique à nos séries préférées, surtout les moins récentes, c’est loin d’être gagné.

 

Les limites du test de Bechdel

Attention, réussir le test de Bechdel, ce n’est pas non plus obtenir l’étiquette « œuvre certifiée féministe ». Une série qui passe le test n’est pas nécessairement favorable à l’égalité des genres. Une scène dans laquelle on trouverait deux personnages féminins qui jasent de souliers serait suffisante pour Bechdel. Vous me suivez? Ce n’est pas la panacée non plus, on s’entend. 

Le résultat au test demeure somme toute un bon indice pour comprendre si les personnages masculins sont majoritaires et si les femmes sont uniquement des faire-valoir pour ces messieurs. 

On ose joindre l’utile à l’agréable en vous proposant quelques suggestions de séries télé qui passent le test de Bechdel ET qui sont féministes, donc qui comportent des dialogues entre femmes qui ne sont pas insipides et qui font avancer l’intrigue.

 

M’entends-tu?

Image issue de la série M'entends-tu?
Crédit photo : IMDB.

On commence avec une série qui déborde de thèmes scrutés à travers la loupe féministe : la maternité, la pauvreté, la sororité, la violence conjugale, la santé mentale, etc. M’entends-tu?, c’est le titre, mais c’est aussi une certaine critique du manque d’écoute et de considération envers plusieurs groupes de personnes marginalisées, que la société préfère invisibiliser. La série suit de près trois protagonistes, des femmes précaires qui tentent de se faire entendre. Elles sont incroyablement attachantes et interprétées avec brio. C’est sans parler des personnages secondaires qui sont de véritables bijoux.

À dévorer, parce que c’est un petit délice à la fois drôle, triste et éclairant. On gage que vous vous coucherez en ayant une plus grande conscientisation.

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C’est comme ça que je t’aime

Une photo issue de la série C'est comme ça que je t'aime.
Crédit photo : IMDB.

La deuxième saison se déroule en 1975, « l’année de la femme »! On arrête là; c’est assez pour la qualifier de série féministe! Non... Une chose que l’on apprécie particulièrement de C’est comme ça que je t’aime, c’est la subversion des fameux rôles où les genres sont stéréotypés. La série nous fait le cadeau de mettre de l’avant des femmes indépendantes et féroces, et des hommes beaucoup plus vulnérables que ceux qu’on voit habituellement à l’écran. Un peu comme dans les autres séries de François Létourneau, les personnages masculins sont souvent plus des antihéros que des héros. Remarquez que les personnages féminins aussi, mais au moins, elles ne sont pas seules là-dedans!

C’est un joyau de notre télé d’ici, une fierté, un trésor national (pour vrai, on ne pense même pas que c’est exagéré de dire ça).

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Broad City

Une photo issue de la série Broad City.
Crédit photo : IMDB.

« Yas, queen! » On ne pouvait pas se passer de suggérer cette véritable célébration de l’amitié entre femmes. Broad City est féministe à de nombreux égards, notamment pour sa représentation décomplexée et réaliste de la sexualité. Ça fait franchement du bien de voir que le sexe, ce n’est pas splendide et immaculé comme on le voit souvent dans certaines fictions.

Un autre bon point pour la série, c’est la façon dont elle a évolué avec le temps, reflétant de nouveaux enjeux, de nouvelles sensibilités ainsi que le monde dans lequel on vit : on approuve. À découvrir ou à revoir, parce que c’est beau, c’est vrai et c’est vraiment drôle!

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Maid

Une photo issue de la série Maid.
Crédit photo : IMDB.

Cette minisérie en vaut la peine. On y dresse un portrait honnête, mais qui peut être difficile à regarder, d’une jeune mère survivante de violence conjugale. On la suit dans sa route sinueuse vers la reconstruction, tant sur le plan socioéconomique que psychologique. Ce chemin est compliqué entre autres à cause des nombreux obstacles systémiques qui se dressent, comme le manque de ressources financières, légales et sociales. Maid, c’est la représentation d’une dure réalité que trop de personnes vivent au quotidien, mais que l’on connaît trop peu. 

On la recommande, parce que c’est de la télé pertinente, même nécessaire, comme il devrait s’en faire beaucoup plus.

Offerte sur Netflix.

 

Tout sur moi

Une photo issue de la série Tout sur moi.
Crédit photo : IMDB.

Cette série d’ici ne cesse d’être louangée par ses adeptes. Le fait que Tout sur moi soit inspirée de la vie des trois interprètes permet de révéler au public certains problèmes autour de l’industrie du spectacle qui sont, croyez-le ou non, en adéquation avec plusieurs revendications et enjeux féministes, comme les exigences irréalistes envers le corps des femmes et le manque de diversité à la télé.

À écouter et à réécouter, parce que c’est une série audacieuse (surtout pour son « époque »… Ouf, ça ne nous rajeunit pas de déclarer ça), hilarante et touchante.

 

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