Des livres adaptés à l’écran
17 novembre 2022
À compter du 23 novembre, ICI ARTV rediffusera la deuxième saison du populaire téléroman La petite patrie les mercredis à 19 h et à 19 h 30. Cette fiction raconte les péripéties d’une famille montréalaise typique habitant le quartier Villeray au cours des années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle replonge le public à une époque où la religion joue encore un rôle important dans la société québécoise, une quinzaine d’années avant le début de la Révolution tranquille.
L’émission, produite dans les années 1970, est basée sur le roman du même nom écrit par Claude Jasmin et publié en 1972. D’ailleurs, c’est ce dernier qui a adapté le récit de son livre pour la télévision en écrivant les scénarios des 75 épisodes du téléroman.
L’adaptation de ce récit littéraire pour un autre média nous a donné l’idée de recenser quelques autres occasions où des histoires d’ici ayant connu un vif succès à l’écrit ont ensuite été transposées à l’écran.
Les voici!
Un homme et son péché
Publié en 1933, le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon est l’un des livres les plus connus de l’histoire de la littérature québécoise. Son histoire relate le quotidien des gens habitant la municipalité de Sainte-Adèle, dans les Laurentides, au temps de sa colonisation. Séraphin Poudrier, le personnage central du récit, est un homme riche et sans scrupules qui règne sur la région et sur les personnes qui s’y sont installées en les exploitant jusqu’à la moelle pour faire un profit. Gravitent autour de lui un lot de personnages subissant fréquemment ses foudres, dont sa femme, Donalda, la seule personne qui semble vraiment compter pour lui.
Cette œuvre a été à ce point marquante qu’elle a été adaptée pour de nombreux médias et formes d’art, dont la radio, la télévision, le théâtre, le cinéma et même la bande dessinée. Parmi ces déclinaisons, le téléroman Les belles histoires des pays d’en haut est certainement l’une de celles qui ont fait le plus jaser. L’émission, qui compte un impressionnant total de 495 épisodes, a joué de 1956 à 1970 à Radio-Canada. Fait intéressant à noter : les tournages de la production sont passés du noir et blanc aux couleurs à partir de la dixième saison. D’ailleurs, avant la saison 1967-1968, les enregistrements des émissions n’étaient pas systématiquement conservés pour que celles-ci soient rediffusées ultérieurement.
Plus tard, l’œuvre de Claude-Henri Grignon a été adaptée au cinéma, ce qui a donné naissance au film Séraphin : un homme et son péché, réalisé par Charles Binamé et mettant en vedette Pierre Lebeau (Séraphin Poudrier), Karine Vanasse (Donalda Laloge) et Roy Dupuis (Alexis Labranche). Plus récemment, entre 2016 et 2021, la série Les pays d’en haut, signée Gilles Desjardins, a également redonné vie à l’univers imaginé par l’auteur du roman Un homme et son péché.
La déesse des mouches à feu
L’autrice, chroniqueuse et animatrice Geneviève Pettersen, que nous avons récemment interviewée dans le cadre de la série Rencontre littéraire Pour emporter, n’avait pas d’attente particulière lorsqu’elle a publié son premier roman La déesse des mouches à feu, en 2014. En fait, elle l’avait d’abord et avant tout écrit pour son propre plaisir, croyant qu’une poignée de personnes le lirait. Or, ce livre – qui raconte de façon directe et crue l’histoire de Catherine, une jeune de 14 ans en pleine crise d’adolescence vivant à Chicoutimi-Nord – a été accueilli avec grand enthousiasme, autant par le lectorat que par la critique. Il est par ailleurs rapidement devenu un succès de librairie, en plus d’être ajouté au programme scolaire de certaines classes du secondaire et du cégep.
crédit photo : Entract Films
À la suite de ce succès littéraire d’envergure, les textes de l’œuvre ont été adaptés pour le grand écran par la scénariste Catherine Léger. C’est Anaïs Barbeau-Lavalette, l’instigatrice du projet d’adaptation, qui a réalisé le film mettant en vedette Kelly Depeault dans le rôle principal. Au grand malheur des gens de la production et du public, la pandémie de COVID-19 frappait la planète entière au moment même où le long métrage devait être diffusé dans les salles de cinéma du Québec, quelques semaines à peine après qu’il eut été présenté en première mondiale à la Berlinale de 2020.
En 2021, le film, qui peut être loué en ligne, a remporté sept prix au Gala Québec Cinéma, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation.
Mafia inc. : grandeur et misère du clan sicilien au Québec
En 2011, les journalistes André Cédilot et André Noël ont frappé un grand coup avec la publication de leur essai Mafia inc. : grandeur et misère du clan sicilien au Québec, qui porte sur l’empire du crime organisé construit par Nicolo et Vito Rizzuto sur une période de 30 ans à partir de Montréal. Grâce à une recherche excessivement fouillée, le livre se penche sur certains des événements qui ont façonné la mafia montréalaise depuis la fin des années 1970 et qui ont contribué à ce que ses dirigeants deviennent de plus en plus puissants, notamment dans les milieux des affaires et de la politique québécois.
crédit photo : Les films Séville
Quelques années plus tard, le cinéaste Daniel Grou, mieux connu sous son surnom de Podz, a réalisé le film du même nom, qui n’est pas une adaptation dans la définition la plus stricte du terme, mais dont les intrigues – imaginées par le scénariste Sylvain Guy – sont inspirées du livre des deux journalistes. Le long métrage de fiction met en vedette Marc-André Grondin dans le rôle d’un jeune criminel travaillant pour la mafia doté de grandes ambitions. Ses aspirations le mèneront à y aller d’un grand coup pour impressionner le parrain, mais cette tentative se retournera rapidement contre lui et ses proches.
En 2020, l’œuvre cinématographique a été récompensée au Gala Québec Cinéma alors que l’équipe de production a mis la main sur plusieurs statuettes, dont celles du meilleur film et du meilleur acteur (Marc-André Grondin).
Le survenant
Autre classique de la littérature québécoise, Le survenant est un roman écrit par Germaine Guèvremont qui relate l’arrivée d’un étranger au sein d’une petite communauté tissée serrée de la région de Sorel. Ce travailleur nomade n’est pas particulièrement bien accueilli par les enfants de la famille chez qui il trouve refuge, en raison de ses mœurs et du changement qu’il cause par sa simple présence en leur demeure. Apprécié par Didace Beauchemin (qui voit en lui le fils qu’il aurait toujours souhaité avoir) et aimé d’Angélina (vieille fille et voisine des Beauchemin), le survenant est rejeté du reste de la communauté et décide finalement de repartir au gré du vent afin de retrouver sa liberté, si précieuse pour lui.
Un peu comme cela a été le cas pour Un homme et son péché, le roman Le survenant a été consacré l’une des œuvres les plus importantes dans son genre, à tel point qu’il a été adapté de différentes façons à la suite de sa publication. Un radioroman, un téléroman ainsi qu’un film, sorti en 2005 et réalisé par Érik Canuel, ont été produits à partir du récit littéraire publié en 1945. Parmi ces adaptations, le téléroman de quatre saisons (diffusées entre 1954 et 1960) a particulièrement marqué les esprits, comme il s’agissait d’une des premières émissions d’envergure de l’histoire de la télé québécoise.
C’est pas moi, je le jure!
Cela n’a pas pris beaucoup de temps pour que le premier roman de Bruno Hébert, C’est pas moi, je le jure!, fasse grand bruit après sa publication, en 1997, puisqu’un an plus tard, le livre récoltait les prestigieux Prix littéraire France-Québec et celui des libraires du Québec. L’histoire, placée à l’été 1968, raconte l’enfance tumultueuse de Léon Doré, un garçon de 10 ans aux tendances délinquantes qui trouve toutes sortes de moyens pour se désennuyer. Quand la famille voisine délaisse sa maison le temps des vacances, Léon réussit à infiltrer la demeure, avant de la saccager afin d’évacuer sa rage causée par l’abandon de sa mère.
C’est le cinéaste Philippe Falardeau qui a scénarisé et réalisé l’adaptation du roman pour le cinéma en 2008. La version cinématographique du récit comprenait aussi les intrigues d’Alice court avec René, la suite littéraire de C’est pas moi, je le jure!. Bien que le film n’ait pas connu le succès escompté dans les salles de cinéma du Québec, il a été grandement apprécié par la critique internationale, comme le prouvent les nombreux prix qu’il a récoltés dans différents festivals.
Voilà qui met fin à notre recensement de quelques œuvres littéraires ayant été adaptées avec brio à l’écran!
Ne manquez pas la deuxième saison du téléroman La petite patrie les mercredis à 19 h et à 19 h 30 à compter du 23 novembre sur ICI ARTV!