Hélène Florent de retour dans Eaux turbulentes
Philippine de Tinguy
7 février 2023
Hélène Florent incarne de nouveau la sergente-détective Marianne Desbiens dans la série policière Eaux turbulentes. Elle nous en dit plus sur la deuxième saison et sur les nombreux projets auxquels elle a participé dans les derniers mois.
Vous avez retrouvé Marianne Desbiens, trois ans plus tard. Comment avez-vous abordé le rôle?
C'est agréable de retrouver un personnage que l’on connaît en partie. Je sais qui elle est, comment elle bouge, je connais son passé, mais avec une deuxième saison on découvre de nouvelles choses, on rajoute des couches de sous-texte. On en apprend un peu plus sur la disparition mystérieuse de son père, sur la mort de sa mère, son fils veut s’affranchir, elle a un nouvel amoureux… C'est comme remettre ses vieilles pantoufles en rajoutant des couches de vêtements au personnage!
Quand on tourne une deuxième saison, on a une longueur d'avance qui nous permet d’aller plus loin. On est un peu en terrain connu quand on retrouve des partenaires de jeu, mais en même temps une nouvelle enquête amène une nouvelle intrigue et de nouveaux personnages, parce qu'on ne peut pas faire revenir ceux qui étaient en prison l'année passée! Jouer avec de nouveaux acteurs — j'appelle ça de la visite (rires) — apporte aussi de nouvelles couleurs.
Il y a eu des changements à l’écriture, puisque Michelle Allen a remplacé Marie-Thé Morin.
Oui il y a de nouveaux mots, mais Michelle Allen est parvenue à rester collée au personnage de Marianne. Surtout, ce n'est pas juste un personnage de blonde, de femme, de mère de. Marianne Desbiens est un personnage à part entière, de mon âge, et je me sens vraiment choyée. Je trouve qu’il y a des beaux rôles de femmes dans la série, des personnages forts autant du côté des victimes que des suspects. Il y a des beaux rôles d’hommes aussi, mais je regarde toujours un peu ce qu’il se passe pour les filles! On pense aux personnages joués par Ève Ringuette et Katia Rock, qui avait d'ailleurs mentionné qu’elle était heureuse de jouer un personnage de femme autochtone plus vaste que juste une victime ou une « pas fine ».
Vous avez développé une grande complicité avec Ève Ringuette, qui joue une policière autochtone.
Rubina Duquette est vraiment un bel ajout à l'équipe de la police de Queensbury. Dès le premier regard, on sent que ça va cliquer entre elle et Marianne. Elles ont d’ailleurs énormément de points communs, notamment cette quête de vérité entourant les femmes autochtones assassinées et disparues. C'est un personnage fort et qui a des convictions. On va finir par découvrir ce qu’elle porte, ce qui pourrait être intéressant pour une autre saison, je lance ça dans les airs (rires). On s'est très bien entendu aussi, ça a été une belle rencontre.
crédit photo : Productions BLIKTV
La saison 2 contient six épisodes, contre quatre pour la précédente. Qu’est-ce que ça a changé?
J’avoue que j'aime bien le format six épisodes, ça s'écoute bien! Ça permet aussi d’avoir une intrigue plus touffue et complexe. On se retrouve avec deux enquêtes, voire trois, en plus de la principale. Ce que j'aime beaucoup dans l'écriture cette année, c’est qu’on en apprend plus sur le père de Marianne, qu’on savait policier. Elle renoue avec son ancien partenaire et se retrouve au cœur de sa dernière affaire avant qu’il ne disparaisse. C’est aussi pour retrouver ces personnages que l’on se souhaite une troisième saison. Je suis consciente qu’il y a beaucoup de séries d’enquêtes, mais les gens embarquent; on aime ça être à la place de l'enquêteuse et essayer de trouver des indices avec elle.
Il y a plus d’action aussi! Comment vous y êtes-vous préparée?
On a travaillé avec un nouveau réalisateur, Jim Donovan, qui aime beaucoup l'action, donc on est allé plus loin aussi à ce niveau-là. La veille du tournage, Antoine Nicolas (qui incarne Ian Petrenko) et moi avons travaillé avec des cascadeurs sur une chorégraphie qui devait durer une minute et qui a été dessinée selon ce que j’étais capable de faire ou non. Il faut savoir comment se placer pour que personne ne se blesse, et comment tricher pour que ça paraisse plus à l’écran. J'aime ça quand le corps est impliqué, quand c'est un peu plus physique et que c'est encadré, j'aurais pu faire plus! Et je trouve que ça sort bien, c’est bien monté! J’ai beaucoup aimé travailler avec Antoine, mais en regardant la série, j'ai réalisé qu’il n’était en fait pas beaucoup à l'écran, même si j’ai passé beaucoup de temps à répéter avec lui.
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Y a-t-il des défis particuliers à jouer dans une série policière?
Comme on tourne les scènes dans le désordre, c'est parfois complexe de s’y retrouver entre ce que l’on a découvert et ce que l’on ne sait pas encore. Avant chaque scène, je vérifiais où on était rendu, j’imagine que chacun fait ça avec son personnage. Le sous-texte peut aussi donner des indications sur ce que le personnage sait déjà ou pas. Dans une enquête, chaque indice est un morceau important et il ne faut pas en échapper en cours de route. D’ailleurs, le tableau des indices est un casse-tête énorme pour l’accessoiriste! On était plusieurs à tenir le fort, surtout la scripte, et je pense que l’on s'en est bien sorti.
Êtes-vous satisfaite du résultat?
J'ai regardé la série en rafale et, évidemment, je ne suis pas du tout objective – Là je dis ça trop vite, on va-tu comprendre? J'essaie de lâcher prise et de ne pas me taper sur la tête pour une scène qui a déjà été diffusée de toute façon! J’ai été capable d'embarquer dans l’histoire et de me laisser aller à l’émotion, par exemple avec le personnage de Nellie (Michèle Duquet). J’arrive à me déconnecter un peu, à ne pas juste regarder mon personnage. Je suis toujours curieuse de voir ce que ça donne. J’aime savoir comment c'est découpé et monté, découvrir la musique… Il y avait aussi beaucoup de choses que je n’avais pas vues, comme les éléments liés aux traditions anishinabeg; le canot, le mariage, qui est la scène d’ouverture, et la barricade. C'est le fun de découvrir ce que les autres ont fait.
crédit photo : Albert Camicioli
On vous verra également dans la série Je voudrais qu’on m’efface 2 (dès le 3 mars sur ICI TOU.TV). Comment vous êtes-vous préparé?
J’ai adoré la première saison, mais je n'étais pas capable de regarder deux épisodes à la suite tellement je trouvais ça dur! C’est rare qu’on m’offre un rôle, je passe des auditions en général, je n’en revenais pas et c’est un honneur. J'étais tellement stressée la première journée de tournage, j'avais peur de ne pas être à la hauteur. Je voulais accoter ce que j’avais vu et surtout ne pas gâcher la série!
Pouvez-vous nous en dire plus sur le film de Bernard Émond dans lequel on vous verra cet été?
Une femme respectable est l’adaptation d’une nouvelle de Luigi Pirandello Toute la vie, le cœur en peine, un titre magnifique qui doit être encore plus beau en italien (Pena di vivere cosi), mais je ne suis pas capable de vous le dire (rires). Cela se passe dans les années trente. Je joue une femme dont le mari (Martin Dubreuil) l’a quittée pour une autre et qui va refaire surface à la mort de celle-ci avec ses trois filles. À l’époque, iI y avait tellement de non-dits et les sentiments étaient si ambigus qu’on ne sait plus pour qui prendre par moment. Bernard Émond s'amuse d'ailleurs à dire que c'est un film pour adulte tant l’humain est complexe! Lire la nouvelle m’a donné beaucoup d'informations et d'indices pour construire le personnage, mais Bernard Émond est assez clair dans son écriture et il dirige magnifiquement. C’est un cinéaste que j’adore et ça a été une rencontre formidable.
Quels sont vos projets pour cette année?
J'ai quelques jours de tournage cet été sur une belle série. Je ne peux pas en dire plus pour le moment, mais je vais m'amuser, je pense!
Eaux turbulentes 2, les jeudis à 19 h sur ICI ARTV.