5 faits marquants sur Maya Angelou
Philippine de Tinguy
24 juillet 2023
Poète, écrivaine, chanteuse, danseuse, scénariste : Maya Angelou est un symbole de la lutte contre les discriminations. Voici cinq faits marquants sur cette icône féministe et militante des droits civiques américaine.
Une enfance meurtrie
Marguerite Johnson naît le 4 avril 1928 dans le Missouri. À l’âge de 3 ans, à la suite du divorce de ses parents, elle est envoyée en Arkansas avec son frère aîné chez leur grand-mère paternelle. Très active dans la communauté afro-américaine, celle-ci sera un pilier pour sa petite-fille, à qui elle transmet la confiance en soi. Durant ces années, Marguerite assiste aux offices religieux et découvre la musicalité des mots ainsi que l’art oratoire.
Un drame vient toutefois marquer son enfance, lorsque le compagnon de sa mère la viole. Elle n’a que 7 ans. Elle dénonce son agresseur, qui sera battu à mort quelques jours plus tard par des membres de la famille. Cet événement plonge la fillette dans le mutisme, persuadée que c’est le fait d’avoir prononcé son nom qui l’a tué. Pendant six années, elle ne parle qu’à son frère et trouve refuge dans la lecture. Elle sort de son silence grâce à une amie de sa grand-mère qui l’initie à la poésie et qui lui fait comprendre qu’un poème doit être déclamé pour révéler tout son sens.
À 15 ans, elle retourne vivre chez sa mère avec son frère, et la famille s’installe à San Francisco. Bonne élève, elle décroche son diplôme d’études secondaires tout en travaillant comme conductrice de tramway, un emploi qui, à l'époque, était réservé aux hommes, blancs de surcroît. Elle tombe enceinte à 17 ans et accouche d’un petit garçon, Clyde, qu’elle élève seule.
La naissance de Maya Angelou
Véritable touche-à-tout, Marguerite Johnson occupe plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de son fils. C’est toutefois celui de danseuse et de chanteuse de calypso qui va la révéler dans les années 1950. Elle devient alors Maya, surnom affectueusement donné par son frère, Angelou, du nom de son mari de l’époque, Tosh Angelos.
Dans les années qui vont suivre, la jeune femme découvre les comédies musicales de George Gershwin, dont l’opéra Porgy and Bess. Elle intègre la troupe et part en tournée en Europe et en URSS de 1954 à 1955, où la ségrégation n’existe pas. De retour en Californie, Maya Angelou se sépare de Tosh Angelos. Elle poursuit sa carrière de chanteuse, enregistrant même un premier album, Miss Calypso, et commence à se produire au théâtre. En parallèle, son intérêt pour l’écriture refait surface et, encouragée par l’écrivain John Oliver Killens, elle s’installe à New York en 1959 pour se faire connaître. Elle adhère à l’association Harlem Writers Guild, qui lui permet de côtoyer d’autres artistes afro-américains et afro-américaines.
Une quête identitaire
Au début des années 1960, Maya Angelou assiste à une conférence donnée par Martin Luther King. Cette rencontre déterminante marque le début de son engagement dans le mouvement américain des droits civiques. Durant la même période, elle tombe amoureuse de Vusumzi « Vus » Make, compagnon de lutte de Nelson Mandela, qu’elle rejoint plus tard en Égypte pour lutter contre l’apartheid. Elle met fin à leur relation quand elle comprend que le combat de Vus tient davantage à libérer l’homme noir, sans considération pour la femme.
Maya Angelou prend la direction du Ghana avec son fils pour poursuivre sa quête identitaire. C’est à Accra qu’elle se lie d’amitié avec Malcom X, qui devient son mentor. Alors qu’elle réalise que sa place n'est pas en Afrique, le prédicateur lui propose un poste au sein de l’Organisation de l'unité afro-américaine (OAAU). Il est toutefois assassiné peu de temps après le retour de Maya Angelou en sol américain. Dévastée, elle s’engage avec ferveur auprès de Martin Luther King, jusqu’à ce qu’il soit lui aussi tué, le 4 avril 1968, le jour du quarantième anniversaire de l’écrivaine. Ces événements tragiques marquent un tournant dans sa carrière.
Le pouvoir des mots
Dès lors, Maya Angelou met sa plume au service de la lutte pour les droits civiques. Elle signe notamment le scénario de Blacks, Blues, Black!, une série télévisée de 10 épisodes sur la culture afro-américaine, puis s'attelle à l'écriture de son autobiographie, qui comptera sept volumes. Le premier volet, I Know Why the Caged Bird Sings, publié en 1969, relate son enfance et son adolescence, jusqu’à son départ du nid familial avec son jeune fils.
Bien plus qu’une autobiographie, l’ouvrage témoigne des défis et du quotidien vécus par la communauté afro-américaine. Dotée d’un sens du rythme hors du commun, Maya Angelou invente un tout nouveau genre en combinant poésie et narration. Le roman connaît un succès immédiat et l’autrice est sollicitée de toute part pour parler de son expérience littéraire. Outre son autobiographie, elle publie de nombreux essais, des livres pour enfants et des recueils de poésie, dont And Still I Rise, symbole de la lutte de la communauté afro-américaine. Aujourd’hui, plusieurs de ses ouvrages figurent au programme dans les écoles aux États-Unis.
Une icône féministe
Fervente militante de la lutte des droits civiques, Maya Angelou est également un symbole féministe. Celle qui a dû dès sa plus tendre enfance composer avec les discriminations est parvenue, dans l’ensemble de son œuvre, à se raconter en tant que femme noire, sans complaisance ni jugement. Elle s’est efforcée toute sa vie durant de transmettre un message de résilience et de courage face à l’adversité. Maya Angelou s’est éteinte le 28 mai 2014, à l’âge de 86 ans.